À cœurs dissimulés

Chapitre 45 - Tristan

Je n'ai jamais eu besoin d'attendre ou de marchander pour avoir ce que je veux sauf avec Karim. C'est le seul qui me résiste, mais ça ne fait que le rendre plus unique et plus intéressant.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

J'ai trouvé sur Airbnb un appartement dont les fenêtres donnent sur le bâtiment où habite Yaël, parfait pour le surveiller.

J'ai quitté Paris après mon dernier rendez-vous vendredi après-midi, j'ai foncé à toute allure jusqu'à Rennes et depuis que je suis arrivé, je surveille l'entrée du bâtiment. Malheureusement, pour l'instant, il n'y a pas la moindre trace de Yaël ou de Karim et l'attente commence à me taper sur le système.

Le fait de régulièrement penser à la possibilité que les deux hommes que je traque puissent être en couple n'aide pas vraiment à calmer mon humeur.

J'aimai l'idée de pouvoir être le premier de Karim, celui qui lui apprendrait comment les choses doivent se faire, quoi dire, comment bouger son corps pour me faire plaisir.

À l'époque du lycée, j'ai cru plusieurs fois pouvoir réussir à l'embrasser, mais chaque fois il détournait le regard sans même paraître comprendre ce que j'avais en tête.

Je déteste qu'un autre ait eu droit de partager sa première fois. Que quelqu'un d'autre ait été le premier à l'embrasser, le premier à le pénétrer, le premier à jouir en lui. Ça aurait dû être moi !

Je dois malheureusement me faire une raison ! Je ne doute pas que Yaël a probablement manipulé Karim pour obtenir ce qu'il voulait de lui. Karim est décidément très influençable, c'est par moment un grand atout, mais également parfois un défaut quand d'autres l'utilisent pour arriver à leur fin.

Déjà à l'époque du lycée, Yaël avait cherché à monopoliser Karim et à lui emplir la tête de mensonge à mon égard. Nul doute qu'il a profité du fait que je ne sois pas dans les parages pour reprendre là où il s'était arrêté.

Cette idée me met en rage. Mes poings sont serrés et mes ongles s'enfoncent dans la chair de ma paume. Lorsque je m'en rends compte, je me force à rouvrir les mains et je remarque de petites traces rouges sur ma peau, là où mes ongles étaient pressés.

Décidément il n'y a que Karim pour me mettre dans cet état. Il faut dire qu'il est le seul à s'être jamais refusé à moi.

Il est maintenant évident que je ne serai pas son premier, mais je serai son dernier à partir de maintenant. Et quand bien même Yaël l'a débourrée, je pourrai toujours le dresser comme je le désire. J'ai tout le temps pour le modeler comme je le souhaite.

Cette idée me réconforte et je me mets à sourire tout en gardant le regard rivé sur le bâtiment devant moi.

La porte de l'autre côté de la place se met finalement à bouger. Je m'efforce de maîtriser mon excitation, il se peut que ce soit juste un voisin de Yaël, ou bien même ce dernier qui sorte sans Karim.

Quand j'aperçois le visage de Karim dans l'encadrement de la porte, mes doutes disparaissent aussitôt. J'attrape les clefs de la location, mon téléphone et je file dehors pour le retrouver.

Le temps que je traverse la place, je réalise que malheureusement Karim n'est pas tout seul.

Bien que déçu de le voir aux côtés de Yaël, c'est là une parfaite opportunité pour confronter ce dernier.

C'est Yaël qui m'aperçoit en premier. Le regard figé dans ma direction, il pose une main sur le bras de Karim qui le regarde un instant avec étonnement avant de se tourner à son tour vers moi.