À cœurs dissimulés

Chapitre 34 - Yaël

Est-ce une bonne chose de reparler du passé ?

Quand bien même, j'ai été blessé, j'ai réussi à avancer.

Ressasser le passé ne risque-t-il pas de le faire remonter à la surface, et avec lui toute la douleur et les erreurs que l'on a pu faire ?

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Il est bientôt midi et je réalise qu'on a passé toute notre matinée dans la chambre. Je ne vais pas m'en plaindre, mais ce n'est pas comme ça que les travaux de cette maison vont avancer.

Karim est endormi à côté de moi. Je ne sais pas s'il manquait de sommeil, ou si ses nerfs ont joué sur sa fatigue après la révélation qu'il m'a faite, mais il dort comme un bébé.

J'observe son corps nu et je vois d'un nouvel œil les différentes cicatrices qui parcourent ses membres.

Elles sont la preuve d'anciennes blessures, de douleur que Karim n'a pas pu ressentir. Des blessures qu'il s'est potentiellement fait par mégarde, mais d'autres qu'on lui a infligées.

J'ai besoin de m'assurer que plus personne ne pourra le blesser de cette manière.

Je ne vois personne dans l'entourage actuel de Karim qui pourrait chercher à lui faire le moindre mal. Il faut dire qu'il ne côtoie pratiquement personne. Cependant, il y a un nom qui me vient en tête. Une personne qui ne se priverait pas pour lui faire mal, d'autant qu'il l'a déjà fait.

Certes, Tristan n'est plus dans les parages pour le moment, mais je préfère être prêt au cas où sa route recroiserait par hasard celle de Karim.

Je récupère le pc de Karim sous le lit et rentre son mot de passe. Oui, c'est vrai, dans un premier temps, j'ai eu connaissance de ce mot de passe en l'espionnant du coin de l'œil, mais non, je ne m'en suis jamais servi tant qu'il ne me l'a pas lui-même donné.

J'ouvre un navigateur en mode navigation privé. Je n'ai pas envie que mes recherches apparaissent dans l'historique du pc.

La recherche "Tristan De Launay" donne automatiquement des résultats. Je ne pense pas que Tristan soit le seul à s'appeler ainsi, mais il semble que ce soit le plus référencé de tous ses homonymes.

D'après LinkedIn, il est devenu directeur commercial. Je dois dire que ça lui va plutôt bien. Sa profession me paraît tout aussi antipathique que lui.

Ok, je suis peut-être de mauvaise foi en pensant que tous les commerciaux sont des connards arrogants qui n'auraient aucun remord à vendre des choses inutiles et atrocement chères à de pauvres personnes, mais il est vrai que c'est très souvent le cas. Ils sont à peu près au même niveau que les banquiers, qui a bien y réfléchir son en un sens des commerciaux également.

LinkedIn ne semble pas vouloir me montrer les infos importantes du profil de Tristan. Aux grands maux les grands remèdes, je me créait un compte bidon et en quelques minutes, j'ai accès aux données qui m'intéressent.

Il travaille actuellement pour une société basée sur Paris. Tout son parcours professionnel semble avoir d'ailleurs été effectué au sein de la capitale.

Il est diplômé en tant qu'ingénieur commercial, il en est maintenant à son troisième poste et semble briguer une position plus importante à chaque changement de société.

Je reconnais quelques visages dans la liste de ses connaissances, notamment Xavier et je ne peux pas m'empêcher de lever les yeux au ciel.

Je quitte son compte LinkedIn et je clique sur le lien vers son potentiel profil Instagram. C'est en effet bien le sien. Sa photo de profil est on ne peut plus cliché. On l'y voit, petit pull bleu sur les épaules, un polo blanc cassé sur le dos, souriant de toutes ses dents, une coupe de champagne à la main.