Chapitre 57 :

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PDV T/p: 

Les yeux perçants de Kisaki m'avaient sondée dès que j'étais entrée dans la pièce, comme si il avait déjà deviné ce que j'avais fait. Avec son aigreur habituelle, sans même un 'bonjour' il attaqua :

- Ce soir, c'est le grand soir.

Je m'assis dans un coin de la pièce, à l'autre bout, pour éviter Hanma un maximum. 

- Et toi, T/p, j'imagine que t'as pas oublié ton rôle dans cette histoire ?

- Non, en effet. 

- Génial.

Si il avait des émotions et était un peu moins aigri, il aurait sûrement sauté de joie. 

Sarcasme.

- Alors, revoyons le plan en détail. Taiju est seul dans l'église. On continue de faire comme si on était dans la team des couillons...

- Les Hanma, corrigea Hanma.

- C'est claqué, comme nom, lâche ça..., soufflai-je.

Hanma leva les yeux au ciel, puis continua d'écouter Kisaki.

- Alors, continua ce dernier, on les laisse tomber au moment où ils se retrouvent face à Taiju. C'est un putain de monstre, jamais ils réussiront à empêcher Hakkai de le tuer. J'suis même sûr qu'il tuera Hakkai...

- Mais c'est pas Yuzuha qui doit tuer Taiju ? demanda Hanma.

- C'est Yuzuha qui doit tuer Taiju ??? m'exclamai-je d'un coup. Quoi ?? 

- Oui, c'est elle qui doit le tuer, mais je parle de ça du point de vue d'Hanagaki... 

Je fronçai les sourcils. 

- Tu fais une vraie fixette sur Takemicheton, toi... 

- Je t'ai demandé de l'ouvrir ? 

Je mimai une fermeture éclair qui se refermait sur mes lèvres, puis détournai le regard. 

- Bref... suivez mon plan, et tout ira bien. Croyez-moi, tant que vous faites ce que je dis, tout va bien se passer. 


~Ellipse~


Le soir-même, j'enfilai mon ensemble du Black Dragons. Je regardai tristement le miroir. 

Seishu me regardait depuis la porte.

- T'as dit à Kisaki ce que le Black Dragons a prévu ce soir ? 

- Non. 

- Est-ce que tu penses qu'il t'en voudra ? 

- À mort. 

- Force. 

Je ne bougeai pas. Est-ce que je vais au moins réussir à sauver Taiju ? Je ferais pas ça toute seule, c'est évident, mais est-ce que Kisaki me pardonnera ? 

Peut-être, qui sait, l'avenir est plein de surprise... 

- Tu vas nous trahir ? demanda Seishu.

- Non... 

- Tu vas trahir Kisaki ? 

- Non... 

- Alors y'en a bien un de nous que tu vas devoir laisser tomber. Tu vois, T/p, c'est ça, ton problème ! Tu sais pas comment faire un choix, alors tu fais le mauvais, parce que t'es têtue comme une mule ! 

- Alors te dire que Taiju allait mourir, et poucave tout ce que Kisaki allait faire, c'était un mauvais choix ??? 

- Non, enfin, je veux dire...! 

Il rumina, puis se retourna simplement. 

- Mets pas ton uniforme, c'est pas la peine, continua-t-il. Si tu veux faire autre chose que ce qu'on a prévu de faire avec le gang, ce soir, alors on t'oblige à rien. On n'est pas ton gang fixe. T'es que de passage, pas vrai ? T'es comme un coup de vent, T/p. Tu apparais, tu fous la merde, et tu repars aussi vite que tu es arrivée. Je me trompe ? 

- ...

Il leva les yeux au ciel, et sortit simplement de la chambre. Je rivai les yeux vers lui. Ce "Je me trompe ?" suspendu dans les airs était probablement la dernière chose qu'il me prononça. 

Je soupirai. Au bout de quelques secondes, je déboutonnai l'uniforme, puis le laissai traîner par terre. J'enfilai un sweat, et mis mes mains dans mes poches, sans prendre la peine d'enlever la capuche. Je regardai simplement mon reflet, avec des yeux qui n'étaient pas les miens. Qu'en treize ans de ma vie, je n'avais jamais vus. 

C'était un regard plein de tristesse. De dégoût. 

Et qui se changea en pitié quand je me rendait compte que je regardait une personne qui se détestait. 

Je déteste ça. 

Je tombai à genoux, et fixai le sol, le regard vide. 

Je déteste ma vie. 

Je n'étais pas assez forte pour pleurer. Pas assez forte pour montrer cette tristesse qui m'envahissait petit à petit. Pas assez forte pour sangloter ou pour faire le tri dans mes émotions. 

En fait, si seulement Hanma était là, si seulement il...

La réalisation me frappa de plein fouet.

Je suis pas assez forte pour me débrouiller sans Hanma. Il était plus âgé, plus protecteur, plus attentionné... la vérité, c'est qu'au final, je suis juste une gamine qui a essayé de se rebeller pour rien. 

Une gamine qui peut pas se débrouiller sans son petit copain, parce qu'il était là pour la couvrir. Et une fois qu'elle se retrouve seule, elle peut plus rien faire. 

Je me déteste. 

En repensant à ce que Kisaki disait — "Suivez mon plan, suivez-moi, et tout ira bien" — et au fait que je n'étais qu'un objet dans son plan et rien d'autre, ça me foutait les poumons en l'air. 

Il n'y avait plus personne dans la maison, tout le monde était parti. Je lâchai un petit cri de douleur, au début, pour ravaler mes larmes, puis un autre, plus fort. Mes sanglots étaient totalement audibles. Je voulais simplement hurler, encore, encore et encore, pour oublier que je ne suis qu'une petite conne sans intérêt, et que j'ai réussi à me faire avoir, juste par amour. 

Je déteste, tout simplement, celle que je suis devenue.


Fin du chapitre. 

Liés pour toujours... Malheureusement ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant