Chapitre 1

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Le crépitement du feu de cheminée ajoutait une note chaleureuse au salon de Baker Street, mais l'ambiance entre Sherlock et John était loin d'être aussi sereine. Assis dans son fauteuil favori, Sherlock tripotait nerveusement les pans de sa robe de chambre, les yeux fixés sur le plafond comme si les réponses y étaient inscrites. John, lui, faisait les cent pas, le visage marqué par l'inquiétude et l'exaspération.

— Tu veux bien m'expliquer, Sherlock ? lança John, sa voix teintée d'impatience. Qui est cette Émilie, et pourquoi diable est-elle ici ?

Sherlock ne répondit pas immédiatement, son regard suivant les volutes de fumée s'élevant de sa cigarette. Après un long moment de silence, il parla enfin, sa voix calme et contrôlée.
—Émilie est un atout indispensable. Sa compréhension des dynamiques philosophiques et légales dépasse de loin ce que nous avons rencontré jusqu'à présent.

— Indispensable ? Pour toi, peut-être, répliqua John, les bras croisés sur sa poitrine. Mais tu sais que nous ne pouvons pas faire confiance à n'importe qui. Surtout quelqu'un qui débarque de nulle part avec des compétences aussi... spéciales.

Sherlock se redressa dans son fauteuil, posant un regard perçant sur son ami.
— Tu penses que je ne l'ai pas déjà évaluée ? Elle a anticipé des choses que même moi, j'avais négligées. C'est une alliée, John.

John secoua la tête, incrédule.
— Ce n'est pas seulement une question de compétences, Sherlock. C'est une question de confiance. Tu ne peux pas simplement ramener quelqu'un ici parce qu'elle a réussi à te surprendre. Et si elle avait des intentions cachées ?

— Et si elle n'en avait pas ? rétorqua Sherlock, sa voix montant d'un cran. Nous avons besoin de toutes les ressources possibles pour battre Moriarty et ses semblables. Émilie est une ressource précieuse.

John soupira, sentant la frustration monter en lui.
— Tu es trop confiant, Sherlock. Trop souvent, tu penses que tout le monde fonctionne selon tes règles, tes logiques. Les gens ne sont pas des pions sur un échiquier.

— Peut-être, concéda Sherlock, un rare aveu d'incertitude dans sa voix. Mais nous devons prendre des risques calculés. Et elle en vaut la peine.

Un silence tendu s'installa entre les deux hommes, chacun plongé dans ses pensées. John finit par rompre le silence, d'un ton plus posé.
— D'accord, mais je garde un œil sur elle. Et si je sens le moindre danger, la moindre trahison...

Sherlock hocha la tête.
— Je compte sur toi pour ça, John.

Ils restèrent ainsi, deux amis unis malgré leurs désaccords, prêts à affronter les énigmes que Londres allait encore leur lancer.

La porte du salon s'ouvrit doucement, et Émilie entra avec une assurance tranquille. Elle s'installa sur le canapé, un livre de philosophie dans les mains. Elle leva les yeux vers Sherlock et John, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres.

— Alors, quelles conclusions hâtives avez-vous tirées à mon sujet ? demanda-t-elle, sa voix calme mais perçante.

Sherlock esquissa un sourire.
— Émilie, John a des réserves quant à votre présence ici. Il a besoin de preuves tangibles de votre loyauté.

Émilie posa le livre sur la table basse, croisant les jambes.
— Je comprends. La loyauté n'est pas une vertu que l'on accorde à la légère. Mais peut-être puis-je vous convaincre autrement.

John se tourna vers elle, les bras toujours croisés, la méfiance évidente dans son regard. — Je vous écoute.

Émilie prit une profonde inspiration.
— Très bien. Prenons le dernier cas auquel vous avez travaillé. Le meurtre de Monsieur Brown. Vous avez déduit que le poison utilisé était un alcaloïde rare, dérivé de la belladone. Correct ?

Une colocataire improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant