Une colocataire improbable

Chapitre 12

Un Duo Improbable

Les jours avaient filé depuis la rencontre fortuite de Sherlock et Émilie dans les rues de Londres. Une nouvelle affaire avait atterri sur le bureau de Sherlock, une énigme complexe et intrigante, l'appelant à plonger dans l'obscurité des bas-fonds de la ville. Cette fois-ci, il avait pris une décision inhabituelle : il n'avait pas informé John.

***

Sherlock avait contacté Émilie directement. Il lui avait envoyé un message cryptique, un simple : « Rendez-vous à 8h. Apportez vos compétences. » Il savait qu'elle comprendrait immédiatement l'importance de ce nouveau défi.

À l'heure convenue, ils se retrouvèrent devant un immeuble abandonné dans l'Est de Londres, un lieu qui respirait le mystère. Sherlock avait choisi ce moment de la journée exprès, lorsque la ville commençait à s'endormir, mais que les ténèbres n'avaient pas encore complètement envahi les rues.

— Ce lieu est... intrigant, commença Émilie en observant l'architecture délabrée et les graffitis qui recouvraient les murs.

— Une scène de crime potentielle, mais encore plus, une fenêtre ouverte sur un esprit dérangé, répondit Sherlock, ses yeux scrutant chaque détail. C'est pourquoi j'avais besoin de votre point de vue, Émilie. Il y a des choses ici qui demandent plus qu'une simple déduction, elles nécessitent une compréhension... plus profonde.

Émilie acquiesça, ses yeux pétillants de curiosité. Elle savait que Sherlock ne la choisirait pas comme partenaire de cette enquête à moins qu'il ne considère sa contribution comme essentielle. Cela la flattait autant que cela l'inquiétait.

Ils entrèrent dans le bâtiment, traversant des couloirs sombres et sinueux. Chaque pièce semblait raconter une histoire, une histoire que seul un œil averti pouvait déchiffrer. Ensemble, ils parcoururent les indices, les reliant à des motifs psychologiques et philosophiques complexes. Leurs esprits fonctionnaient en parfaite synchronisation, chaque observation d'Émilie complétant les déductions de Sherlock, et vice versa.

— Regardez ça, dit Émilie en pointant du doigt une série de symboles peints sur le mur. Ils ne sont pas là par hasard. Ils sont des fragments d'une idée plus vaste, un code peut-être, ou une déclaration philosophique déguisée.

Sherlock sourit légèrement, appréciant sa capacité à voir au-delà de l'évidence.
— Vous avez raison. Ce sont des marques de possession, des expressions de contrôle. Notre coupable ne cherche pas seulement à détruire, mais à imposer une forme de logique tordue sur son environnement.

Au fur et à mesure de leur progression, Sherlock ne pouvait s'empêcher de remarquer la manière dont Émilie se fondait dans l'investigation, avec une intensité et une concentration qui rivalisaient avec les siennes. Il ressentait une étrange alchimie intellectuelle, une sorte de connexion qui allait au-delà du simple travail collaboratif. Mais derrière cette fascination, l'intrigue de ses faiblesses persistait toujours en lui.

Ils finirent par découvrir des preuves cruciales, qui orientèrent l'enquête vers un dénouement imminent. En sortant du bâtiment, l'excitation de la résolution à portée de main était palpable, et Sherlock sentit une étrange forme d'appréciation grandir pour Émilie, non seulement pour ses compétences, mais pour la façon dont elle le comprenait sans qu'il ait à expliquer.

***

Le lendemain, alors que Sherlock analysait leurs découvertes dans son appartement du 221B, John entra, l'air sombre. Il avait visiblement appris que Sherlock et Émilie avaient mené une enquête ensemble, sans lui.

— Sherlock, pourquoi ne m'as-tu pas appelé pour cette affaire ? demanda John, sa voix trahissant un mélange de frustration et de tristesse. Je suis ton partenaire, ou du moins je pensais l'être.

Sherlock leva à peine les yeux de ses notes.
— C'était une enquête qui nécessitait une expertise particulière, John. Émilie a des compétences spécifiques que je devais exploiter pour résoudre ce cas.

John fronça les sourcils, essayant de contenir sa déception.
— Et moi ? Je suis relégué au second plan maintenant ? Tu as trouvé quelqu'un de mieux pour remplacer ton vieux partenaire, c'est ça ?

Sherlock le regarda enfin, ses yeux révélant une lueur de compréhension mais aussi de froide rationalité.
— John, ce n'est pas une question de remplacement. Émilie apporte quelque chose de différent, un angle d'analyse que je ne possède pas, ni toi. Cela ne diminue en rien ton importance.

John secoua la tête, luttant contre le sentiment d'être mis à l'écart.
— Ça fait des années qu'on travaille ensemble, Sherlock. Je sais que tu as besoin de compétences spécifiques parfois, mais... c'est la première fois que je me sens exclu.

Sherlock sentit la tension dans la voix de John et soupira. Il n'avait jamais été doué pour gérer les émotions des autres, et encore moins lorsqu'il s'agissait d'amitié.
— Je n'ai pas voulu te faire sentir ça, John. C'était une décision pratique, rien de plus. Mais si tu te sens... jaloux, c'est quelque chose que nous devons aborder.

John haussa les épaules, un sourire amer sur les lèvres.
— Jalousie ? Peut-être. Peut-être que c'est simplement le fait que pour la première fois, je vois que quelqu'un d'autre pourrait combler ce vide que tu as toujours gardé fermé.

Sherlock ne répondit pas immédiatement. Au fond, il savait que John avait raison. Émilie représentait quelque chose de nouveau, un élément qui perturbait la dynamique habituelle entre lui et John. Mais il savait aussi que l'intégration de cette nouvelle variable dans leur équation ne devait pas signifier l'exclusion de son fidèle ami.

— John, finit-il par dire, tu es irremplaçable. Ce que tu apportes à nos enquêtes va bien au-delà des compétences techniques. Tu es le lien qui humanise tout cela. Émilie a ses propres qualités, mais elle ne change pas notre partenariat. Elle le complète.

John soupira et acquiesça lentement, laissant la tension s'atténuer.
— D'accord, Sherlock. Mais la prochaine fois, n'oublie pas de m'informer, même si tu penses que c'est une affaire pour les experts. Je suis ton ami avant tout, pas seulement ton associé.

Sherlock hocha la tête, reconnaissant la sagesse dans les paroles de John. Leur amitié avait traversé bien des épreuves, et ce défi supplémentaire, aussi dérangeant soit-il, ne ferait que renforcer leur lien. Mais au fond de lui, Sherlock savait que l'équilibre serait désormais plus délicat à maintenir, surtout avec Émilie maintenant solidement ancrée dans leur monde.