Chapitre 23

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L'ombre du doute

L'aube se levait à peine sur Londres, une fine bruine couvrant la ville d'un voile grisâtre. Sherlock se réveilla plus tôt que d'habitude, son esprit déjà en ébullition. Les événements de la veille l'avaient laissé avec plus de questions que de réponses, et ce matin, il savait qu'il devait pousser plus loin ses déductions pour percer les mystères qui l'entouraient.

Il se leva, enfila son costume sans prêter attention à l'heure, et descendit dans le salon de Baker Street. Là, il trouva Émilie déjà assise, une tasse de thé à la main, plongée dans des documents qu'elle avait manifestement passés la nuit à étudier. Leurs regards se croisèrent brièvement, un échange silencieux où chacun évaluait l'état d'esprit de l'autre.

— Vous êtes matinale, dit Sherlock en s'approchant d'elle.

Émilie haussa légèrement les épaules sans quitter des yeux les pages qu'elle lisait.
— J'ai réfléchi à votre plan. Irene Adler... c'est un défi intéressant, mais elle n'est pas l'ennemie principale. Moriarty reste notre priorité.

Sherlock acquiesça, attrapant une tasse et se servant du thé.
— Irene est plus qu'une simple alliée pour Moriarty. C'est une distraction, certes, mais peut-être aussi une clé pour comprendre ses intentions.

Émilie hocha la tête, mais ses yeux trahissaient une légère inquiétude.
— Vous avez souvent utilisé les gens comme des pièces d'échecs, Sherlock. Mais Irene... elle est différente. Son jeu est aussi complexe que le vôtre, et il se pourrait que cette fois-ci, vous soyez la pièce sur son échiquier.

Sherlock sourit légèrement, un sourire qui ne manquait jamais de rappeler à quel point il était conscient de ses propres capacités.
— Je sais ce que je fais. Irene Adler n'est pas aussi imprévisible qu'elle le croit. Mais elle est un pont vers Moriarty, et c'est pour cette raison qu'elle m'intéresse.

Émilie le regarda attentivement, scrutant les moindres détails de son expression.
— Et si vous vous trompiez ? Si elle devenait plus qu'un simple pont dans votre esprit ? Vous avez déjà été manipulé par des émotions par le passé, Sherlock. Ce serait un mensonge de dire que vous êtes totalement insensible.

Cette remarque fit naître une étincelle d'agacement chez Sherlock.
— Mon jugement n'est pas affecté par des émotions. Je suis guidé par la raison, l'analyse. Tout le reste n'est que distractions inutiles.

Un silence s'installa entre eux, chargé de tension. Sherlock savait qu'Émilie n'avait pas tort, mais il ne pouvait pas admettre que ses propres émotions, aussi minimes soient-elles, puissent interférer avec sa capacité à résoudre une affaire. C'était tout simplement inacceptable.

John, qui entra dans la pièce à cet instant précis, brisant l'intensité du moment, remarqua immédiatement l'atmosphère.
— Qu'est-ce qui se passe ? Vous avez l'air tendus, tous les deux.

Sherlock se détourna brusquement, ne souhaitant pas poursuivre la conversation.
— Rien d'important. Nous devons partir. Irene Adler nous attend.

John regarda Émilie avec curiosité, mais elle évita son regard, replongeant dans ses documents. Quelque chose clochait, c'était évident, mais ni Sherlock ni Émilie n'étaient disposés à en parler.

Ils se mirent en route peu après, laissant Émilie à ses recherches. En marchant dans les rues de Londres, John sentit l'envie d'éclaircir les choses.
— Sherlock, que se passe-t-il avec Émilie ? Je sais qu'elle est brillante, mais il y a quelque chose de plus... Je le sens.

Sherlock, les mains dans les poches de son manteau, gardait les yeux fixés droit devant lui.
— Émilie est une alliée précieuse, mais elle commence à poser trop de questions, à trop analyser.

Une colocataire improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant