Une Énigme qui Persiste
Le départ d'Émilie laissait Sherlock sur le banc, le regard fixé sur l'endroit où elle avait disparu. Une part de lui voulait la suivre, continuer ce jeu de cache-cache intellectuel qui éveillait chez lui une excitation rare. Mais une autre part, plus profonde, savait que pour comprendre vraiment Émilie, il devait la laisser partir pour l'instant, lui donner l'espace nécessaire pour révéler, peut-être malgré elle, les vérités qu'elle cachait.
***
Quelques heures plus tard, Sherlock revint au 221B Baker Street. Le crépitement du feu dans la cheminée remplissait la pièce d'une chaleur réconfortante, contrastant avec le froid de la rue. John Watson était là, plongé dans un journal, mais il leva les yeux lorsqu'il entendit Sherlock entrer.
— Alors, tu étais où ? demanda John, sa voix dénuée de reproches cette fois, mais avec une curiosité mal dissimulée.
Sherlock, encore perdu dans ses pensées, répondit distraitement.
— J'ai suivi Émilie.John fronça les sourcils, son intérêt piqué.
— Suivi ? Pour quelle raison ?Sherlock posa son manteau sur la chaise et s'assit en face de la cheminée, ses mains jointes devant lui.
— Pour comprendre.John plia son journal, sentant que cette conversation allait être plus profonde que leurs discussions habituelles.
— Comprendre quoi, exactement ?Sherlock leva les yeux, croisant le regard de John.
— Émilie est une énigme, John. Elle est brillante, mais elle dissimule quelque chose. Il y a une part d'elle-même qu'elle garde volontairement cachée. Ce qui me fascine, c'est cette capacité à me tromper, à masquer ses failles même quand je suis sûr qu'elles existent.John, après avoir passé tant de temps aux côtés de Sherlock, comprenait cette obsession qu'il avait pour les mystères, mais il voyait aussi ce que Sherlock semblait ne pas saisir.
— Et si c'était simplement... de la pudeur, Sherlock ? Une volonté de ne pas s'exposer, comme la plupart des gens normaux ?Sherlock secoua la tête, refusant d'accepter une explication aussi simple.
— Non, ce n'est pas ça. Ce n'est pas une question de normalité ou de pudeur. C'est plus profond. Quelque chose qui la ronge, qui l'affecte, mais qu'elle parvient à camoufler derrière une façade d'intellect.John se renfrogna légèrement.
— Tu sais, Sherlock, parfois il faut accepter que tout ne peut pas être décodé comme une énigme. Peut-être qu'Émilie est simplement... complexe. Comme toi, d'ailleurs.Sherlock resta silencieux, absorbé par ses propres pensées. John n'avait pas tort. Lui-même n'était pas toujours transparent, même avec John. Mais la différence était que Sherlock savait qu'il se cachait derrière un masque. Avec Émilie, il n'était pas sûr de ce qu'elle cachait, ni pourquoi.
***
Pendant ce temps, Émilie arpentait les rues de Londres, son esprit tourbillonnant avec une multitude de pensées. Elle savait que Sherlock l'avait suivie. En vérité, elle avait senti sa présence bien avant qu'il ne se montre. Elle avait appris à reconnaître ses manières, ses habitudes. Sherlock Holmes n'était pas un homme facile à ignorer, même quand il essayait de passer inaperçu.
Émilie repensa à leur échange dans le parc, se demandant si elle avait trop révélé. Elle était consciente du danger qu'il y avait à se laisser approcher par quelqu'un comme Sherlock, qui voyait les faiblesses comme des indices dans une enquête. Pourtant, il y avait quelque chose d'attirant dans sa perspicacité, quelque chose qui la poussait à vouloir tester ses limites, à voir jusqu'où il pourrait aller pour la comprendre.
Mais Émilie avait aussi ses propres zones d'ombre, des souvenirs et des blessures qu'elle n'était pas prête à partager. Elle savait que son passé était un labyrinthe que même Sherlock aurait du mal à démêler. Et c'était précisément ce qui la protégeait. Mais pour combien de temps encore ?
En retournant chez elle, Émilie ne put s'empêcher de sourire en pensant à Sherlock. Elle le trouvait divertissant à sa manière, mais aussi dangereusement perspicace. Elle savait qu'il ne lâcherait pas prise, qu'il chercherait à percer ses mystères jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien à découvrir. C'était une course contre la montre, un jeu d'intellects où l'enjeu était peut-être plus grand qu'elle ne l'avait initialement pensé.
De son côté, Sherlock, bien qu'hésitant à l'admettre, se rendait compte qu'Émilie représentait plus qu'un simple puzzle pour lui. Il y avait un attrait, une fascination qui allait au-delà de sa curiosité naturelle. Et cela le perturbait.
Sherlock savait qu'il devait agir avec prudence. Chaque mouvement, chaque question posée à Émilie pourrait soit l'amener à découvrir la vérité, soit la pousser à se retirer complètement. Et pour une fois, il n'était pas certain de vouloir la démasquer aussi vite.
Leur jeu du chat et de la souris venait à peine de commencer, mais il était clair pour les deux qu'il ne serait pas sans conséquences. Sherlock ne pouvait se résoudre à arrêter, et Émilie, malgré sa volonté de se protéger, ne pouvait s'empêcher de jouer.
L'éventualité que ce jeu pourrait conduire à des révélations inattendues planait au-dessus d'eux comme une menace voilée, mais aucune des deux parties ne semblait prête à s'arrêter. Pour l'instant, le mystère restait intact, et l'énigme d'Émilie demeurait un défi irrésistible pour l'esprit de Sherlock.
VOUS LISEZ
Une colocataire improbable
FanficDans les ruelles sombres de Londres, où chaque ombre cache un secret, Sherlock Holmes se trouve face à un ennemi à la hauteur de son intellect : le redoutable Moriarty. Alors que les complots se multiplient et que les preuves se retournent contre lu...