Chapitre 13

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Le Jeu du Chat et de la Souris

Le soleil de Londres baignait la ville d'une lumière douce, créant des jeux d'ombres et de lumières sur les bâtiments historiques. Émilie, perdue dans ses pensées, avançait à un rythme tranquille, ses pas résonnant sur le pavé humide. Elle était sortie sans but précis, cherchant peut-être une échappatoire temporaire à l'intensité des dernières semaines.

Mais ce qu'Émilie ignorait, c'était qu'elle n'était pas seule. Sherlock Holmes, avec sa curiosité insatiable, la suivait à distance, dissimulé parmi la foule londonienne. Pour lui, observer Émilie était devenu une sorte de passe-temps, une énigme vivante qu'il se plaisait à décrypter.

***

Sherlock se fondait dans le décor comme un fantôme, ses pas silencieux, ses mouvements calculés. Il avait perfectionné l'art du suivi discret au fil des années, mais cette fois-ci, ce n'était pas un suspect qu'il traquait, c'était une alliée... une personne qui éveillait en lui une curiosité presque enfantine.

Émilie s'arrêta devant une librairie, attirée par une vitrine qui exhibait une collection d'ouvrages rares. Sherlock, s'accoudant à un lampadaire non loin, observa ses gestes minutieux. Elle tourna une page d'un livre qu'elle venait de sortir, son visage illuminé par une expression de concentration intense.

Sherlock prit mentalement note de chaque détail. La manière dont Émilie inclinait légèrement la tête en lisant, signe de son intérêt profond, mais aussi de sa légère myopie qu'elle n'avait jamais mentionnée. Les légers mouvements de ses doigts, comme si elle caressait les mots, trahissant une certaine sensibilité tactile qu'elle gardait habituellement sous contrôle. Chaque détail était pour lui une pièce du puzzle de sa personnalité.

Mais ce qui intriguait le plus Sherlock, c'était l'impression de dissimulation qu'il percevait en elle. Il savait qu'Émilie cachait quelque chose, mais il n'avait pas encore identifié de quoi il s'agissait. Cette opacité, cette capacité à dissimuler ses pensées et ses émotions derrière une façade de calme parfait, était pour Sherlock à la fois frustrante et fascinante.

Alors qu'Émilie poursuivait sa balade, Sherlock décida de tester les limites de sa discrétion. Il se rapprocha lentement, prenant des chemins plus directs, sachant qu'il courait le risque de se faire repérer. Cela faisait partie du jeu. Il voulait voir si Émilie se rendrait compte de sa présence. Et s'il la mettait au défi, comment réagirait-elle ?

À un moment donné, il se positionna de façon à être dans son champ de vision périphérique, juste assez près pour éveiller une suspicion. Il remarqua une infime réaction dans le regard d'Émilie, une prise de conscience subtile. Pourtant, elle ne se retourna pas, ne chercha pas à l'identifier. Elle continua son chemin, comme si de rien n'était, mais Sherlock savait qu'elle l'avait remarqué.

Le jeu devint alors plus complexe. Émilie, tout en continuant sa promenade, modifia légèrement son parcours, comme pour tester la détermination de son suiveur. Elle emprunta des ruelles plus étroites, fit des arrêts imprévus, mais chaque fois, Sherlock s'adaptait. Il aimait ce défi tacite, cette danse silencieuse où les deux participants étaient parfaitement conscients de l'autre, mais choisissaient de ne pas rompre le silence.

Finalement, Émilie se dirigea vers un petit parc caché au cœur de Londres, un lieu de verdure et de tranquillité. Elle s'assit sur un banc, feignant de se plonger dans un nouveau livre. Sherlock, dissimulé derrière un arbre, l'observait toujours, mais il savait que ce jeu devait prendre fin. Il décida de la rejoindre, curieux de voir comment elle réagirait à cette confrontation.

Il apparut soudainement à ses côtés, comme s'il avait toujours été là.
— Belle journée pour une promenade, n'est-ce pas ? dit-il, un sourire en coin.

Émilie leva les yeux de son livre, un sourire malicieux aux lèvres.
— Je me demandais combien de temps cela prendrait avant que vous ne décidiez de vous montrer, Sherlock.

Sherlock haussa un sourcil, intrigué.
— Vous saviez donc que je vous suivais ?

— Dès le moment où vous avez ralenti près de la librairie, répondit-elle calmement. Vous êtes peut-être le plus grand détective du monde, mais vous oubliez parfois que certains peuvent vous sentir, même sans vous voir.

Sherlock resta silencieux un instant, analysant cette nouvelle information. Émilie avait non seulement remarqué sa présence, mais avait choisi de jouer son jeu. Elle avait accepté le défi et l'avait relevé avec une grâce naturelle qui le déconcertait légèrement.

— Vous êtes plus imprévisible que je ne l'avais imaginé, admit-il finalement. C'est rare que quelqu'un réussisse à me surprendre.

Émilie sourit, mais il y avait une nuance dans son expression, une ombre qui passait fugitivement.
— Il y a beaucoup de choses en moi que vous ne pourrez jamais prédire, Sherlock. C'est peut-être ce qui rend notre collaboration... divertissante pour vous.

Sherlock la regarda attentivement, cherchant cette faille, ce point faible qu'il savait présent mais qui lui échappait encore. Ce jeu du chat et de la souris venait de prendre une nouvelle dimension. Il n'était plus seulement question d'observer, mais de comprendre, de percer à jour cette énigme humaine qu'était Émilie. Et pour la première fois depuis longtemps, Sherlock sentit que résoudre ce mystère ne serait pas une simple question d'intellect. Cela impliquerait aussi de comprendre des émotions et des choix qui dépassaient le simple raisonnement logique.

Émilie referma doucement son livre et se leva, jetant un dernier regard à Sherlock.
— Vous aimez les énigmes, Sherlock. Mais rappelez-vous que certaines sont destinées à rester sans réponse.

Elle s'éloigna alors, laissant Sherlock seul sur le banc, perdu dans ses pensées. Il sourit pour lui-même, sachant pertinemment qu'il ne renoncerait pas à cette énigme. Le jeu venait juste de commencer.

Une colocataire improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant