L'Érosion de la Confiance
L'aube pointait à peine, peignant les ruelles de Londres d'une pâle lumière grise, tandis que Sherlock Holmes se tenait devant la fenêtre du 221B Baker Street, observant les gouttes de pluie qui dessinaient des sillons sur la vitre. Dehors, le monde semblait se rétrécir, comme si la ville entière retenait son souffle en attendant un coup qui tardait à venir. Mais Sherlock savait que ce n'était qu'une illusion. Le coup était déjà là, dissimulé sous la surface, prêt à faire s'effondrer ce qu'il avait mis tant de temps à construire.
L'érosion de sa réputation avait commencé insidieusement. Ce n'étaient d'abord que des murmures, des insinuations que les médias colportaient avec une avidité malsaine. Puis les rumeurs avaient enflé, gagnant en ampleur, jusqu'à devenir des vérités alternatives que la foule croyait sans question. Les articles de journaux titraient avec sensationnalisme sur « Le Détective Déchu » ou « Sherlock Holmes : Héros ou Charlatan ? ». Chaque nouvelle attaque médiatique était une éraflure sur l'armure de sa crédibilité.
Ce matin-là, la situation avait atteint un point de non-retour. Une convocation au Yard l'attendait, une humiliation publique de plus. John Watson était sorti pour prendre des provisions, laissant Sherlock à ses pensées sombres. Seule Émilie, silencieuse et pensive, restait dans l'appartement.
Sherlock se retourna brusquement, ses traits crispés par la frustration.
— Ils cherchent à me briser, dit-il d'une voix basse, presque pour lui-même. C'est une opération de sape, minutieusement orchestrée.Émilie, assise près de la cheminée avec un carnet ouvert sur ses genoux, leva les yeux vers lui. Son regard était attentif, mais empreint d'une gravité nouvelle. Elle savait que chaque mot comptait, que dans ces moments où tout semblait sur le point de s'effondrer, Sherlock s'accrochait désespérément aux faits, à la logique. Pourtant, elle sentait également le doute s'insinuer dans les recoins les plus sombres de son esprit. Moriarty était un adversaire redoutable, bien au-delà des criminels qu'ils avaient affrontés jusqu'à présent.
— C'est précisément le but de Moriarty, murmura Émilie, ses doigts effleurant la couverture de son carnet. Le pouvoir qu'il exerce sur vous n'est pas seulement physique, Sherlock. Il s'attaque à vos convictions, à votre identité même. Il veut que vous vous perdiez dans vos propres doutes.
Sherlock plissa les yeux, la mâchoire serrée.
— Je ne doute pas. Je ne peux pas me permettre de douter.Émilie soutint son regard avec une douceur mêlée de fermeté.
— Même le plus grand des esprits peut vaciller face à une manipulation aussi perverse. Ne sous-estimez pas l'impact que cela peut avoir sur vous.Le silence s'étira entre eux, lourd et tendu. Sherlock détestait cette vulnérabilité qu'il sentait monter en lui, cette sensation d'être piégé dans un filet invisible que Moriarty tissait autour de lui. Il détourna le regard, essayant de refouler ces émotions dérangeantes.
— Vous réfléchissez trop, Émilie. Sa voix, bien que calme, portait en elle une pointe d'agacement. Moriarty est un criminel comme les autres. Il finira par faire une erreur, et c'est là que je l'attraperai.
Émilie ne répondit pas tout de suite. Elle baissa les yeux sur son carnet, les doigts jouant distraitement avec un coin de la page. Elle comprenait le besoin de Sherlock de se montrer invincible, mais elle voyait également ce qu'il essayait de dissimuler : la peur, enfouie sous une couche d'arrogance et de certitudes.
— Peut-être que... Elle s'arrêta, hésitante. Peut-être que ce n'est pas lui qui fera une erreur, mais nous.
Sherlock la fixa avec intensité, ses yeux se rétrécissant légèrement.
— Expliquez-vous.
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Une colocataire improbable
FanfikceDans les ruelles sombres de Londres, où chaque ombre cache un secret, Sherlock Holmes se trouve face à un ennemi à la hauteur de son intellect : le redoutable Moriarty. Alors que les complots se multiplient et que les preuves se retournent contre lu...