Une colocataire improbable

Chapitre 2

Sherlock se tenait à la fenêtre de l'appartement de Baker Street, regardant les rues de Londres animées sous la lumière des réverbères. Les mots d'Émilie résonnaient encore dans son esprit, défiant sa perception habituelle de lui-même. La nuit s'annonçait longue, mais le détective aimait l'idée d'un esprit aussi aiguisé que le sien dans son équipe.

John, assis dans le fauteuil en face, brisa le silence.
— Tu penses vraiment qu'on peut lui faire confiance ?

Sherlock se retourna, le regard pensif.
— Elle a vu des aspects de moi que peu de gens comprennent. Cela la rend dangereuse, certes, mais aussi extrêmement précieuse. Elle possède une compréhension rare de l'humanité.

John soupira, passant une main dans ses cheveux.
— Je suis toujours sceptique. Moriarty est un maître du jeu, et cette fille pourrait très bien être une pièce de son échiquier.

Sherlock secoua la tête.
— Elle a apporté des informations que nous n'avions pas. Sa logique et sa capacité à lire entre les lignes dépassent ce que j'attendais. Et elle partage notre objectif : défaire Moriarty.

John se leva, les mains dans les poches, marchant lentement vers la fenêtre.
— Très bien, mais je garde un œil sur elle. Il ne faudrait pas qu'on soit pris au dépourvu.

Sherlock sourit.
— Toujours le médecin, cher ami, prudent et méthodique. Mais ne sous-estimes pas la valeur d'un allié qui voit au-delà des apparences.

***

Le lendemain matin, Sherlock, John, et Émilie se retrouvèrent autour de la table de la cuisine, éparpillant les dossiers de leur enquête en cours. La boutique d'homéopathie à Soho était leur prochaine piste, et Émilie avait des idées bien arrêtées sur la façon de procéder.

— Nous devrions approcher de manière détournée, suggéra-t-elle, feuilletant une carte de Londres avec une concentration intense. S'ils sentent qu'ils sont surveillés, ils vont dissimuler toute preuve. Je peux y aller seule, en cliente intéressée par leurs remèdes rares.

John fronça les sourcils.
— C'est risqué. Ils pourraient reconnaître votre vraie motivation.

Sherlock leva la main pour faire taire John.
— Non, elle a raison. Une approche directe de notre part alerterait nos suspects. Émilie, vous avez l'air d'une cliente potentielle, surtout avec votre connaissance des médecines alternatives.

Émilie acquiesça, un éclat de détermination dans les yeux.
— Je vais recueillir des informations et voir si je peux identifier des indices. En attendant, vous pouvez continuer à creuser sur Lord Davenport. Il doit y avoir un lien caché quelque part.

Sherlock regarda Émilie avec admiration.
— Faites attention, Émilie. Moriarty ne recule devant rien pour protéger ses intérêts.

Elle sourit, un mélange de défi et de confiance dans son expression.
— Ne vous inquiétez pas pour moi, Sherlock. Je sais comment naviguer dans l'ombre.

***

Émilie entra dans la boutique d'homéopathie l'après-midi même, ses sens en alerte. La boutique était petite mais bien achalandée, des étagères remplies de flacons colorés et de livres anciens. L'odeur des herbes séchées et des huiles essentielles emplissait l'air.

Elle s'approcha du comptoir où un homme d'âge moyen, aux cheveux grisonnants et aux yeux perçants, la salua avec un sourire professionnel.
— Puis-je vous aider, mademoiselle ?

Émilie adopta un ton léger, feignant l'intérêt d'une cliente curieuse.
— Je suis fascinée par les remèdes naturels et j'aimerais explorer vos offres. Avez-vous quelque chose d'unique, de rare peut-être ?

L'homme hocha la tête, sortant quelques flacons d'une étagère derrière lui.
— Nous avons quelques trésors ici. Des mélanges que vous ne trouverez nulle part ailleurs.

Tout en écoutant l'homme, Émilie observait discrètement son environnement, cherchant tout signe d'activité suspecte. Son intuition lui disait qu'elle était au bon endroit, mais elle devait rester prudente.

***

Pendant ce temps, à Baker Street, Sherlock et John poursuivaient leurs recherches. Sherlock était plongé dans ses dossiers, cherchant des connexions potentielles entre Lord Davenport et la boutique d'homéopathie.

— Il y a quelque chose ici, John. Je le sens, murmura Sherlock, les yeux fixés sur une ligne de texte. Nous devons creuser plus profondément dans les affaires de Monsieur Brown. Peut-être qu'il était impliqué dans des activités illicites liées à ces remèdes.

John acquiesça, prenant des notes.
— Nous devrions vérifier ses finances. Si cette boutique était une façade, il pourrait y avoir des transferts d'argent suspects.

Sherlock se leva brusquement.
— Exactement. Nous devons agir vite. Émilie a peut-être déjà mis la main sur quelque chose d'important.

Alors que la nuit tombait à nouveau sur Londres, l'enquête prenait une nouvelle tournure, et les trois alliés se préparaient à affronter les secrets que la ville cachait si jalousement. L'ombre de Moriarty planait toujours, mais Sherlock savait qu'avec John et Émilie à ses côtés, il avait une chance de le vaincre.