L'Ascension de Moriarty
L'atmosphère pesante du 221B Baker Street contrastait cruellement avec l'animation habituelle des rues londoniennes. À l'extérieur, la vie suivait son cours, indifférente aux machinations qui se jouaient dans l'ombre. À l'intérieur, cependant, une tension palpable envahissait chaque recoin, suspendue dans l'air comme une menace invisible. Sherlock, Émilie et John se trouvaient tous les trois dans le salon, chacun absorbé par ses propres pensées, mais reliés par une seule et même inquiétude : Moriarty.
Sherlock était assis dans son fauteuil, les jambes croisées, les mains jointes sous son menton. Son regard perçant fixait un point abstrait devant lui, comme s'il tentait de déchiffrer un code complexe caché dans les motifs du papier peint. L'ombre de Moriarty s'étendait sur lui, une ombre qu'il tentait de disséquer avec la froideur clinique qui le caractérisait, mais quelque chose en lui semblait vaciller. Une légère ride barrait son front, trahissant l'intensité de sa réflexion.
Émilie, de son côté, était penchée sur la table basse, feuilletant des documents, des coupures de journaux et des notes griffonnées à la hâte. Elle analysait chaque mot, chaque image, chaque indice laissé par Moriarty, cherchant à comprendre le véritable sens caché derrière ces provocations. Mais au-delà de l'analyse purement intellectuelle, un malaise plus profond commençait à poindre en elle. Moriarty n'était pas qu'un simple criminel brillant, il incarnait une forme de nihilisme qu'elle trouvait profondément perturbante. Sa philosophie du chaos, du pouvoir pour le plaisir de détruire, ébranlait certaines de ses certitudes les plus intimes. Ce qui, jusqu'à présent, était resté théorique dans son esprit, prenait maintenant une forme concrète et terrifiante.
John, quant à lui, restait en retrait, observant ses deux amis avec une inquiétude croissante. Il avait déjà vu Sherlock confronté à des adversaires redoutables, mais jamais il n'avait ressenti une telle menace. Moriarty ne cherchait pas seulement à défier Sherlock intellectuellement, il voulait le briser, le détruire de l'intérieur. Et John ne pouvait s'empêcher de craindre pour l'équilibre mental de son ami. Il se demandait aussi ce que cette tension croissante faisait à Émilie, une jeune femme d'une intelligence rare, mais aussi d'une sensibilité qui la rendait vulnérable à l'obscurité qu'ils combattaient.
— Il est évident que Moriarty cherche à me pousser à bout, déclara soudain Sherlock, brisant le silence. Sa voix, bien que calme, résonnait d'une détermination farouche. Ce vol des joyaux de la couronne n'est qu'un prétexte. Il ne cherche pas le gain, il cherche la confrontation. Chaque indice qu'il laisse, chaque mouvement qu'il fait, est conçu pour me narguer, pour me forcer à jouer selon ses règles.
— Mais pourquoi maintenant ? demanda John en s'asseyant sur l'accoudoir du canapé. Pourquoi s'attaquer à toi de cette manière alors qu'il pourrait faire tant d'autres choses ?
— Parce qu'il a compris que pour me détruire, il ne suffit pas de m'affronter physiquement ou intellectuellement, répondit Sherlock, sans détourner les yeux du point imaginaire qu'il scrutait. Il doit saper la fondation même de mon existence. Et pour cela, il doit détruire ce qui fait ma réputation, ce qui me permet de me définir en tant que détective.
Émilie releva la tête, son regard se posant sur Sherlock.
— Il veut vous priver de votre identité, murmura-t-elle, comme si elle réalisait soudain l'ampleur du plan de Moriarty. Et en faisant cela, il veut vous forcer à vous questionner, à vous demander qui vous êtes vraiment sans votre statut de détective.Sherlock tourna son regard vers elle, intrigué. — Exactement. Il veut me pousser à douter de ma propre réalité, de ma propre logique. Il veut que je me perçoive comme un imposteur, que je commence à remettre en question tout ce que je suis.
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Une colocataire improbable
FanfictionDans les ruelles sombres de Londres, où chaque ombre cache un secret, Sherlock Holmes se trouve face à un ennemi à la hauteur de son intellect : le redoutable Moriarty. Alors que les complots se multiplient et que les preuves se retournent contre lu...