Chapitre 35

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La Chute

Le ciel de Londres était chargé de lourds nuages gris, comme si la ville entière anticipait le drame qui allait se jouer. Le vent soufflait avec une force inhabituelle, balayant les rues désertes, emportant avec lui un parfum de désespoir et de fin inéluctable. Les pavés, humides et glissants, résonnaient du pas précipité de Sherlock Holmes, qui se dirigeait vers son ultime confrontation.

Depuis des jours, Moriarty jouait avec leurs vies comme un marionnettiste sadique, tirant les ficelles avec une précision diabolique. Sherlock avait toujours été en avance sur les autres, capable de démêler les énigmes les plus complexes, mais cette fois-ci, il sentait le piège se refermer sur lui. Un piège qu'il avait vu venir, mais qu'il ne pouvait éviter.

Dans l'appartement de Baker Street, Émilie était assise sur le canapé, ses mains tremblantes autour d'une tasse de thé maintenant froide. Son esprit bouillonnait, incapable de se fixer sur une pensée claire. La tension dans l'air était palpable, lourde de la connaissance de ce qui allait se passer. Sherlock n'avait rien dit explicitement, mais elle le connaissait assez pour savoir que cette fois, il jouait une partie dont les enjeux dépassaient de loin tout ce qu'ils avaient affronté jusque-là.

Elle n'avait pas réussi à trouver de solution, et cela la rongeait de l'intérieur. Moriarty avait tissé sa toile avec une telle perfection qu'elle se sentait impuissante, prise au piège dans un jeu macabre dont elle ne comprenait pas toutes les règles. Chaque indice qu'elle avait examiné semblait mener à une conclusion inévitable : Sherlock était destiné à tomber.

Les souvenirs de ses propres parents, morts dans l'ombre d'une vie secrète, vinrent subitement la hanter. Ce sacrifice silencieux, cette vie de mensonge et de danger, elle avait grandi avec sans jamais en comprendre la portée. Aujourd'hui, face à la possibilité de perdre Sherlock, une figure qu'elle respectait et admirait profondément, elle se retrouvait à revivre ces mêmes tourments. Était-elle destinée à toujours perdre ceux qui comptaient pour elle dans des jeux de pouvoir qui la dépassaient ?

Un message arriva sur son téléphone, brisant le silence oppressant de l'appartement. Les mots de Moriarty, d'une simplicité glaciale, apparurent à l'écran : « Rooftop. Now. » Une invitation, ou plutôt une injonction, à assister à la scène finale. Émilie savait qu'elle n'avait pas le choix. Son cœur battait à tout rompre, mais elle enfila rapidement son manteau et sortit en courant.

Le taxi la conduisit à toute allure vers St. Bart's, mais chaque seconde lui semblait une éternité. Elle avait le sentiment d'être piégée dans un cauchemar où tout se déroulait au ralenti, impuissante face à ce qui allait arriver. Les mots de Moriarty résonnaient dans sa tête : « Tout le monde doit tomber ». Qu'avait-il voulu dire par là ? Pourquoi cet acharnement à détruire non seulement Sherlock, mais aussi tous ceux qui lui étaient proches ?

Arrivée sur place, elle gravit les escaliers à toute vitesse, chaque pas résonnant lourdement dans l'escalier étroit. Lorsqu'elle atteignit enfin le toit, la scène qui se déroulait devant elle lui coupa le souffle.

Sherlock et Moriarty se faisaient face, comme deux forces opposées, deux intelligences hors du commun, destinées à se heurter jusqu'à la fin. Le vent fouettait violemment leurs vêtements, mais ils ne semblaient pas s'en soucier. Moriarty, un sourire sadique aux lèvres, savourait chaque instant, tandis que Sherlock affichait une expression impénétrable, une détermination froide dans le regard.

Émilie sentit son cœur se serrer. Elle voulait crier, intervenir, mais ses jambes semblaient clouées au sol. La peur et l'incertitude l'enserraient comme un étau. Sherlock, ce génie qu'elle admirait, était sur le point de faire un choix terrible. Et elle, malgré tout son savoir, toutes ses tentatives pour comprendre et anticiper, n'avait pu empêcher ce moment.

Une colocataire improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant