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Les jours passent, et je me retrouve de plus en plus isolée dans cette maison qui me semble étrangère. Zayd a sombré davantage dans sa douleur, et chaque jour, il devient plus distant, plus sombre. Il passe ses journées à fumer et à boire, ses yeux se perdant dans un vide que je ne peux plus atteindre. Parfois, il me regarde, mais ce n'est plus le même regard qu'avant. Il n'y a plus rien de doux ou de protecteur, seulement une froide indifférence mêlée de colère.

Je passe mes journées à attendre, enfermée dans cette chambre, comptant les heures jusqu'à ce qu'il revienne, redoutant ce qu'il pourrait faire. Chaque jour se ressemble, une répétition sans fin de solitude, de peur et d'espoir brisé.

Un matin, Zayd se prépare à partir. Il met sa veste, sa démarche plus hésitante que d'habitude, probablement à cause de l'alcool qu'il a consommé la veille. Il se tourne vers moi, son regard vide, comme s'il ne me voyait plus.

Zayd : Je vais au travail. Ne fais pas de conneries pendant que je ne suis pas là.

Je hoche simplement la tête, sachant que toute réponse serait inutile. Il me lance un dernier regard, puis sort de la chambre en claquant la porte. Le bruit résonne dans toute la maison, suivi du silence oppressant que je connais trop bien.

Les minutes passent, puis les heures. Je me lève et me dirige vers la porte, comme je le fais chaque jour pour vérifier si elle est verrouillée. Mais cette fois, à ma grande surprise, la poignée tourne. La porte s'ouvre devant moi.

Je reste figée sur le seuil, mon cœur battant à tout rompre. Est-ce possible ? A-t-il vraiment oublié de m'enfermer ? Je sens la panique monter en moi, mêlée d'une pointe d'espoir que je n'osais plus ressentir. C'est ma chance. Peut-être ma seule chance.

Je marche lentement dans le couloir, chaque pas me rapprochant de la sortie. Mon esprit est en proie à une bataille intérieure. Est-ce que je devrais vraiment fuir ? Et si Zayd le découvrait ? Mais une voix plus forte, celle de ma survie, me pousse à continuer. Je ne peux pas rester ici, enfermée dans cette cage.

J'arrive enfin devant le portail, le cœur battant à tout rompre. Mes mains tremblent tandis que je saisis la poignée pour l'ouvrir. C'est maintenant ou jamais. Mais au moment où je pousse le portail, mes yeux s'agrandissent d'horreur.

Là, juste devant la maison, je vois Zayd. Il est entouré de plusieurs hommes, tous aux regards durs, à l'air menaçant. Mon cœur s'arrête en le voyant. Ils sont en pleine discussion animée, des bouteilles d'alcool à la main. Zayd, les yeux cernés, le visage marqué par la fatigue et l’alcool, semble être au centre de leur attention.

Avant que je puisse faire demi-tour, l'un des hommes me repère.

Homme 1 :Hé, Zayd ! Ta meuf essaie de se barrer !

Zayd tourne lentement la tête vers moi, ses yeux se rétrécissant sous l’effet de l’alcool. Son expression passe de la surprise à une colère glaciale. Il jette sa bouteille par terre, le verre éclatant en mille morceaux.

Zayd : Qu'est-ce que tu fous là, Ibti ?

Je reste figée, incapable de bouger ou de parler. La peur m’envahit totalement.

Moi :Je... je...

Avant que je ne puisse terminer ma phrase, Zayd s'avance vers moi, ses poings serrés. Les autres hommes le suivent, ricanant entre eux. Leurs regards sur moi sont lourds, cruels, comme si ma peur les amusait.

Homme 2 : Elle croyait vraiment pouvoir s’échapper, la pauvre conne
.

Zayd atteint enfin ma hauteur. Il me fixe avec une intensité qui me glace le sang.

Zayd :Je t’avais dit de ne pas faire de conneries, Ibti.

D’un geste brutal, il me saisit par le bras et me tire vers les autres hommes. Je me débats, mais sa poigne est trop forte.

Moi :Zayd, non… s’il te plaît…

Mais mes supplications tombent dans l’oreille d’un sourd. Zayd me pousse violemment vers l'un des hommes, et avant que je ne puisse réagir, je sens un coup brutal sur ma joue. La douleur éclate dans ma tête, et je m'effondre au sol.

Les coups pleuvent, un mélange de coups de pied et de poing. Je tente de me protéger comme je peux, mais ils sont trop nombreux, trop forts. Chaque impact résonne dans mon corps, chaque coup m’enfonce un peu plus dans l'obscurité.

À travers ma douleur, j'entends Zayd crier sur eux, leur ordonnant de s'arrêter. Il finit par les éloigner de moi, mais il est trop tard. Mon corps est meurtri, ma vision floue, et la dernière chose que je vois avant de sombrer dans l'inconscience, c'est le visage de Zayd, tordu de rage et de regret.

Je me réveille dans une pièce sombre et inconnue, la douleur omniprésente dans chaque fibre de mon être. Mes mouvements sont limités par des contusions et des éraflures, et je me sens engourdie. Les souvenirs des coups que j'ai reçus me reviennent en mémoire, me faisant frissonner de terreur.

Moi: Je suis où ?

Je tente de bouger, mais chaque mouvement est une épreuve de douleur. Je réalise que je suis à l'intérieur de la maison, mais dans une pièce que je ne reconnais pas. Les murs sont nus, et la lumière pâle qui filtre à travers une petite fenêtre éclaire à peine la pièce. Mon cœur se serre en pensant à ce que Zayd pourrait faire maintenant.

La porte s’ouvre brusquement, et Zayd entre, le visage marqué par la fatigue et l'alcool. Il semble plus épuisé que jamais, ses traits tirés et ses yeux cernés.

Zayd : Comment te sens-tu ?

Moi : Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça ?

Il s’avance lentement, son regard vacillant entre colère et remords. Il s’assoit sur une chaise en face de moi, les mains tremblantes.

Zayd : Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Je t’ai perdue dans ce chaos, et maintenant… maintenant, je ne sais plus quoi faire.

Moi : Tu m'as laissée à leurs mains, Zayd ! Tu m'as trahie ! Pourquoi m’as-tu enfermée ici ?

Zayd :Tu ne comprends rien du tout hein ? … je voulais que tu restes en sécurité, mais j’ai perdu le contrôle. Tout ce que je fais, je le fais pour éviter ce que j’ai vécu. Mais j’ai échoué. J'ai laissé la situation échapper à tout contrôle.

Il se passe une main sur le visage, visiblement abattu. La culpabilité et la douleur transparaissent dans ses yeux.

Zayd : (d'une voix brisée) Je ne sais pas ce que je fais. Chaque jour est une épreuve . Je croyais que te garder ici était la meilleure chose à faire, mais je vois maintenant que j’ai créé un enfer pour toi. Je m’en veux.

Moi : Tu me fait vivre un enfer, Zayd ! Tu ne peux pas réparer ce que tu as fait. Je ne peux pas oublier ça.

Zayd :Je sais. Je le sais. Je suis désolé, Ibti. Je suis désolé pour tout. J’ai juste peur. J’ai peur de ce que l’amour peut faire, peur de ce que je pourrais perdre. Et au lieu de te protéger, je t’ai détruite.

Il se lève lentement, se dirigeant vers la porte, l’air brisé. Sa douleur est palpable, mais elle ne suffit pas à apaiser la mienne.

Zayd : Je ne sais pas comment réparer ça. Peut-être que je ne peux pas. Peut-être que je suis condamné à vivre avec cette culpabilité j'ai salis un cœur pur.

Il ferme doucement la porte derrière lui, me laissant seule avec mes pensées et ma douleur. Je suis épuisée, tant physiquement que mentalement. Chaque respiration est un effort, chaque pensée est chargée de tristesse et de déception.

Je reste allongée sur le sol, mon esprit tourmenté par la trahison et le désespoir. L’ombre de ce que Zayd est devenu plane sur moi, et je me demande si je pourrai un jour échapper à cette cage dorée devenue mon enfer.

Ibtissam : Mon amour Tragique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant