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. Les jours s'étalaient, les semaines, les mois, et Zayd n'était pas là. Il était parti, ce qui voulait dire que je ne mangeais pas du tout. Je n'avais accès qu'à l'eau du robinet de notre salle de bain. Les premiers jours sans nourriture m'ont paru une éternité ; moi qui aime manger, je me tordais de douleur tellement j'avais faim. Je me griffais le ventre tellement j'avais mal, jusqu'à en faire rentrer mes ongles. Puis, après, plus rien. Je n'avais plus vraiment faim...

J'étais tranquillement allongée sur le lit avec un vieux magazine que j'avais trouvé sous le lit. Je venais de me doucher. Tout d'un coup, j'entends du brouhaha vers la porte d'entrée, à laquelle je n'avais pas accès. J'entends de gros coups dans la porte, et d'un coup, j'entends la serrure céder. J'ai cru que mon cœur allait s'arrêter tellement le bruit était sourd. Ensuite, j'entends une voix hurler mon prénom.

? : Ibti ? Ibtissam ?

Je reconnais sa voix. C'est lui. J'hallucine ?

Imran : Ibti !???

Moi : Imran ?

Ni une, ni deux, il casse la serrure avec d'autres gens et je sors. En me voyant, il me regarde, il avait l'air choqué. Il recule d'un pas, puis m'enlace tellement fort. Ça m'a fait du bien de le voir. J'ai pris quelques vêtements et sous-vêtements dans mon sac à dos. Il me prend, puis on a quitté le bâtiment de Zayd. Il m'a conduit loin du quartier et de la ville en voiture, puis on s'est mis à parler de tout et de rien jusqu'à ce que...

Moi : Imran, on est quel jour ? Et ça fait combien de temps que tu ne m'as pas vue ?

Imran : Ça fait 6 mois. On est un jeudi.

Moi : Quoi ?!

Imran : Oui.

Je voyais qu'il fuyait mon regard.

Moi : Pourquoi tu ne me regardes pas dans les yeux ?

Imran : T'as changé.

Moi : ...

Imran : T'es plus la Ibti que je connaissais. T'es juste méconnaissable. La seule chose qui me fait ressentir que t'es ma Ibti, c'est ta voix et ton sourire.

Moi : Y a quoi qui a changé ?

Imran : Tes cheveux, ton regard, et t'as maigri de fou. Tu veux qu'on fasse un tour à l'hôpital ?

Ça m'a vexée.

Moi : Non, c'est bon. On va où ? On va pas voir ma famille ?

Imran : Non, Ibti. Ils vont s'inquiéter en me voyant revenir avec toi.

Moi : Et si on ne retourne pas, on va se faire décapiter ? Ma mère et Mayar vont s'inquiéter.

Imran : Mayar, je l'ai mise au courant. T'inquiète pas, elle est déjà au lieu. On va à Cannes dans un Airbnb.

Moi : Ah, ok. Y a qui d'autre ?

Imran : Selma et une autre cousine du bled qui est venue. Elle s'appelle Safaa.

Moi : Ok.

Après ça, on est arrivés et directement, j'ai vu Mayar. Je suis partie lui faire un câlin et plein de bisous. Elle m'a manqué, ma vie d'amour. Elle a pleuré de larmes de joie tellement elle était contente. Puis Selma est venue, elle m'a fait la bise. Elle a dit qu'elle s'était quand même inquiétée pour moi, du coup je lui ai fait un câlin. Et là, j'ai vu Safaa. Elle me regardait de haut en bas, elle ne me connaissait pas, donc en soi c'est "normal". Je lui ai fait la bise, puis ensuite on m'a montré ma chambre. C'était héla.

Ils sont arrivés à la plage en fin d’après-midi, la lumière du soleil déclinant doucement et teintant le ciel d’orange et de rose. L'air était frais, la brise légère, et l’odeur salée de la mer remplissait l’atmosphère. Ibti, enroulée dans une serviette, observait les vagues en silence, perdue dans ses pensées. Imran, toujours attentif, avait remarqué son manque d’appétit depuis leur départ.

Assis sur le sable, une pizza partagée entre eux, Imran brisa le silence en posant doucement sa main sur la cuisse d’Ibti.

Imran : Tranquille, t’as pas besoin de tout manger si t’as pas faim.

Moi : Je lui souris faiblement, touchée par son attention. Mais c’est à ce moment que Safaa intervient, son ton un peu moqueur.

Safaa : Déjà, t’as la peau sur les os, et en plus tu manges pas ? C’est pas comme ça que tu vas reprendre des forces.

Je baisse les yeux, gênée par son commentaire. Je me sens mal à l’aise, surtout en sachant que j’ai énormément maigri.

Plus tard, ils décident tous d’aller se baigner. Je me retrouve en maillot de bain, et je sens tous les regards sur moi. J’étais gênée, très mal à l’aise, surtout avec mon corps maintenant si différent.

Imran, comme s’il avait senti mon malaise, s'approche de moi après un moment.

Moi : Imran, je te veux… Je veux dire, je te veux vraiment dans ma vie. Pas juste comme un ami ou un protecteur, mais plus. T’es la seule personne qui a été là pour moi, même quand je pensais que tout était fini.

Imran : Il me regarde, les yeux brillants d’émotion, mais avant qu’il puisse répondre, Safaa crie de l’autre côté.

Safaa : Imran ! Viens me porter et jette-moi dans l’eau !

Il hésite un instant, ses yeux toujours fixés sur moi, mais il finit par se lever et rejoindre Safaa. Je reste là, le cœur lourd, le regard suivant Imran qui s'éloigne. Je ne comprends pas pourquoi, mais quelque chose dans le comportement de Safaa me met mal à l’aise. Peut-être que je me fais des idées, mais une petite voix au fond de moi me dit qu'elle n'aime pas me voir proche d'Imran. Pourtant, je n'arrive pas à en être certaine, alors je garde tout ça pour moi, pour le moment.

On passe encore un moment sur la plage, à rire et à jouer, mais je sens une tension sous-jacente, comme si quelque chose de non-dit planait entre nous tous.

Après que Safaa ait demandé à Imran de la jeter dans l'eau, je l'ai regardé s'éloigner, un étrange sentiment me nouant l'estomac. Quelque chose dans son attitude m'a semblé... différent. Il a esquivé mon regard, comme s'il fuyait quelque chose. Depuis qu'on est arrivés, je l'ai trouvé un peu bizarre, comme s'il y avait une distance nouvelle entre nous.

Je n'ai pas voulu trop y penser sur le moment, mais ça m'a perturbée. J’ai essayé de me détendre en allant marcher le long de la plage, les pieds dans l’eau froide. La brise était agréable, mais je ne pouvais pas m’empêcher de ressasser ce qui venait de se passer.

Un peu plus tard, on s’est tous rassemblé  et tout le monde semblait détendu, sauf moi. Je ne pouvais m'empêcher de remarquer qu’Imran ne me parlait plus vraiment. Il discutait avec les autres, surtout avec Safaa, et ça me laissait un goût amer. Du coup j'ai décidé de partir au Airbnb avec Mayar

Ibtissam : Mon amour Tragique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant