Le lendemain matin, je me réveillai avec un mal de tête , les bleus de la veille cachés sous mon sweat. Tout ce qui s’était passé avec Safaa me semblait encore irréel. J’avais pris une douche froide, comme pour effacer cette nuit de folie, mais rien n’y faisait. Et maintenant, il était temps d’en parler à quelqu’un, à celle qui avait toujours été là pour moi : Mayar.
Quand je suis arrivée chez elle, elle m’attendait déjà avec deux tasses de café sur la table, ses yeux pleins d’inquiétude.
Mayar : Alors ? Dis-moi tout. Qu’est-ce qui s’est passé hier ?
Je pris une profonde inspiration avant de tout lui raconter, chaque détail, de la confrontation avec Safaa à l’arrivée d’Imran juste avant qu’elle ne me tue. Ses yeux s’agrandissaient à mesure que je parlais, mais elle resta silencieuse jusqu’à la fin.
Moi : Je t’assure, Mayar… Elle était hors d’elle. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi enragé.
Mayar fronça les sourcils, jouant avec une mèche de cheveux, signe qu’elle réfléchissait.
Mayar : Je comprends que Safaa soit dans un sale état, mais… Imran dans tout ça ? Il t’a protégée, non ?
Je la regardai, un peu surprise qu’elle essaie de comprendre la situation du point de vue d’Imran. Mais après tout, elle essayait d’être objective, même si c’était difficile pour elle.
Moi : Oui, il est intervenu, mais… tout ça, c’est de sa faute en quelque sorte. Il n’aurait jamais dû me rappeler dans sa vie. Tout ce chaos, ça me dépasse.
Mayar : Ouais, je vois. Mais je connais Imran, tu sais qu’il ne ferait jamais de mal . Tu le connais mieux que moi, Ibti.
Je soupirai, partagée entre la colère que je ressentais et cette part de moi qui savait qu’Imran avait essayé de faire les choses bien.
Plus tard dans l’après-midi, je m’apprêtais à sortir de chez moi, mais c’était sans compter sur Yahya, mon frère, qui avait compris que quelque chose clochait. Je m’étais débrouillée pour cacher mes bleus en mettant une écharpe et un col roulé, mais ce garçon était trop curieux.
Yahya : Attends un peu… Qu’est-ce que t’as sur le cou ?
Moi : Rien, t’inquiète. Je vais juste voir une amie.
Mais il ne lâchait rien. Son regard perçant s’attardait sur ma peau marquée, et je savais qu’il ne me croirait pas.
Yahya : Ibti, t’as des bleus. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? C’est qui le connard qui t'a fait sa c'est Zayd tes partie le voir depuis ?
Il se rapprocha de moi, l’air déterminé à ne pas me laisser sortir.
Yahya : Tu vas nulle part.
Moi : Yahya, je t’assure, ça va ! Je gère la situation.D'ailleurs à propos de Zayd je dois te parler plus tard.
Il secoua la tête, furieux, mais je savais que rester là ne ferait qu'empirer les choses. D’un geste rapide, je pris mon sac et sortis avant qu’il ne puisse me retenir. Je l’entendis encore râler derrière moi, mais je me faufilai dehors, laissant sa colère derrière moi.
Imran m’attendait devant la salle de boxe, un endroit qu’on avait fréquenté ensemble autrefois. C’était notre refuge à une époque où tout allait bien. Il semblait nerveux, les mains dans les poches, comme s’il savait que le terrain était encore fragile entre nous. J’entrai sans un mot, me dirigeant vers le vestiaire pour me changer. L’odeur familière de cuir et de sueur me ramenait à une autre époque, quand les choses étaient plus simples.
Quand je ressortis, Imran était déjà en train de s’échauffer, et je le rejoignis en silence. On s’échauffa chacun de notre côté, dans un calme tendu, mais apaisant à la fois. Le bruit sourd de nos gants frappant les sacs rythmait l’espace, mais une tension palpable restait dans l’air.
Imran : Tu te sens prête pour un vrai combat ?
Je levai les yeux vers lui, une lueur de défi dans le regard.
Moi : Je suis prête. Et je vais te montrer que je n’ai pas besoin de toi pour me défendre.
Il sourit, mais je voyais qu’il était légèrement tendu. On se mit en garde, et dès les premières secondes, je pris l’avantage. Mes coups étaient précis, bien placés, et il n’arrivait pas à suivre.
Moi : Alors, c’est tout ce que t’as, Imran ?
Il esquissa un sourire crispé, essayant de riposter, mais je bloquai facilement ses tentatives. Après quelques minutes, je l’avais complètement dominé. Un dernier coup bien placé le fit reculer, légèrement essoufflé.
Imran : Ok, ok… Tu m’as eu cette fois. Mais regarde ça.
Il se dirigea vers le sac de frappe, visiblement décidé à me montrer qu’il avait encore du ressort. Avec une grande détermination, il tenta un coup de pied spectaculaire… mais son pied glissa sur le sol humide, et il s’écrasa de tout son long. La scène était tellement ridicule que je ne pus m’empêcher d’éclater de rire.
Moi : C’était quoi, ça ?! T’as essayé de me prouver quoi exactement ?
Imran, encore au sol, riait aussi, même s’il semblait un peu gêné.
Imran : C’est ça, moque-toi. Je voulais juste te montrer que je pouvais encore impressionner.
Moi : Eh bien, mission échouée.
On resta là à rire pendant plusieurs minutes, comme si, pendant un instant, toute la tension entre nous s’était évaporée. C’était agréable, presque nostalgique, mais je savais que ça ne suffirait pas à tout effacer.
Après la salle de boxe, on s’arrêta dans une petite échoppe de kebab. Assis l’un en face de l’autre, on se chamaillait gentiment pour savoir qui avait eu le meilleur score à l’entraînement. Entre deux bouchées, je remarquai qu’Imran avait du mal à tenir son kebab correctement, ses doigts encore engourdis après sa chute spectaculaire.
Moi : T’aurais peut-être dû t’en tenir aux coups de poing.
Imran : Tu dis ça parce que t’as gagné, mais je te rappelle que c’est pas la première fois que je te bats.
Moi : Ah ouais ? La dernière fois, c’était quand, en 2016 ?
Il me lança un regard amusé, secouant la tête.
Imran : Ouais, ouais, profite. Mais la prochaine fois, je te met au tapis.
Je souris en réponse, mais je savais qu’il ne parlait pas que de boxe. La question restait de savoir si j’étais prête à rouvrir la porte à ce passé que je croyais avoir laissé derrière moi.
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Ibtissam : Mon amour Tragique
Aksiyon.. souffrance et rien que souffrance quand est ce que j'aurai droit au bonheur ?