16 heures 20. Sleepy Hollow, État-Unis
...Swan...
Je trébuche en arrière, effrayée par cette ombre qui s'approche lentement de moi. Mon premier instinct est de crier, d'appeler Leo à l'aide, mais je me retiens. Une étrange logique s'impose : je préfère rester enfermée dans cette chambre, à affronter cette ombre, plutôt que d'affronter la réalité effrayante qui m'attend de l'autre côté de la porte.
Je cherche désespérément quelque chose pour me défendre, mes mains fouillant frénétiquement l'étagère à côté de moi. Mes doigts se referment enfin sur un objet familier, un livre. Sans réfléchir, je le saisis et le lance de toutes mes forces vers l'ombre. Le livre fend l'air, tournoyant avant de heurter l'homme avec un bruit sourd, mais il ne fait que l'arrêter momentanément.
Une amère pensée traverse mon esprit.
Et dire qu'on m'a appris à me battre...
La situation semble presque absurde, un contraste entre les compétences que j'avais autrefois et la panique irrationnelle qui me paralyse maintenant. Cet entraînement, toutes ces heures passées à devenir une arme... et me voilà réduite à lancer des livres, enfermée dans une chambre, contre un ennemi que je ne peux même pas voire clairement.
L'ombre s'arrête, puis continue d'avancer, imperturbable, comme si mon acte désespéré n'avait été qu'un léger contretemps. Mon cœur bat si fort dans ma poitrine que j'ai l'impression qu'il va exploser.
J'essaye de reculer davantage, mais je me retrouve coincée contre la commode. Mes yeux cherchent frénétiquement une autre sortie, une échappatoire, mais la pièce semble se refermer sur moi. Je suis piégée, à la merci de cette ombre qui avance inexorablement.
- Je vois que tes leçons ne t'ont toujours servi à rien, murmure l'ombre, sa voix perçant le silence de la pièce.
À cet instant, c'est comme si tout mon corps venait de lâcher prise, comme si je perdais pied dans un abîme sans fond. Un poids écrasant se déploie en moi, m'entraînant dans une spirale de sentiments contradictoires, entre délivrance et oppression. Cette voix... Mon esprit la reconnaît instantanément, mais mon corps refuse de réagir. Je suis pétrifiée, incapable de déterminer si c'est la peur ou la joie qui me paralyse ainsi. Les larmes menacent de jaillir, mais je les retiens avec une force presque surhumaine. Ce n'est pas possible... ce n'est pas réel.
L'ombre s'approche lentement, et tout en moi se tend. Une partie de moi souhaite disparaître, se fondre dans les ténèbres pour échapper à cette confrontation. Mais une autre, plus profonde, ne sait même plus ce qu'elle veut, tiraillée entre l'espoir fou et la terreur pure.
- Mon ange... c'est moi, dit-il doucement en laissant sa main glisser contre mon visage, sa chaleur contraste avec le froid glacial qui m'envahit.
Je repousse sa main avec brusquement ce qui le fait reculer instinctivement. Le souffle court, je passe mes mains dans mes cheveux, les tirant presque douloureusement, cherchant désespérément à m'ancrer dans la réalité.
Tout ça... tout ça est réel, cette journée absurde et cruelle est bien réelle.
Mes joues se mouillent de larmes silencieuses, mais je refuse de céder. Je ne veux pas lui montrer à quel point il m'a brisée. Pourtant, je ne peux m'empêcher de sentir son regard pesant sur moi depuis l'autre côté de la pièce. Autrefois, ce regard me rassurait, me donnait l'impression d'être en sécurité malgré tout. Mais maintenant, il ne fait que me pétrifier, me remplissant d'une peur sourde. Pourquoi est-il là ? Pourquoi maintenant ? Est-ce que c'est enfin le moment où il va m'utiliser pour compléter son plan tordu ? Est-ce qu'il est venu pour me tuer ?

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NightHawk T1&T2
Romance« J'aime la façon dont tu prononces mon nom, mais c'est vulgaire venant d'une bouche aussi pure. » « Ne me sous-estime pas. » « Oh, je n'oserais pas, princesse. » « Je suis un ange, pas une princesse. » Elle s'était juré de mettre un terme à son pas...