9/Un choix

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L'amitié double les joies et réduit de moitié les peines.
Francis Bacon

Giulian

Le groupe avançait prudemment, leurs pas résonnant doucement sur le sol couvert de feuilles mortes. Les ombres de la forêt semblaient les suivre, comme des témoins silencieux de leur marche. Le souvenir de la créature noire hantait encore Giulian, chaque craquement de branche ou souffle de vent le faisant sursauter. Mais il savait qu'ils ne pouvaient pas se permettre de s'arrêter.

Le ciel, à peine visible à travers le dense feuillage, continuait de s'assombrir. La lumière faiblissait, et avec elle, l'espoir d'une nuit tranquille. Giulian jeta un coup d'œil à Zia, qui marchait en tête, le regard fixé droit devant elle. Malgré la fatigue, elle restait concentrée, déterminée à atteindre leur destination.

- Zia, murmura-t-il, brisant le silence lourd. Penses-tu que la Cité des Étoiles Perdues existe vraiment ?

Zia ralentit légèrement, surprise par la question. Elle tourna la tête vers lui, cherchant ses mots.

- Je ne sais pas, admit-elle finalement. Mais c'est notre seule chance. Nous devons y croire.

Giulian hocha la tête, même s'il sentait le doute gronder en lui. Il avait grandi avec des histoires sur la Cité des Étoiles Perdues, un lieu mythique où tous les souhaits pouvaient être exaucés. Mais en réalité, personne qu'il connaissait n'avait jamais atteint cette cité, et nombreux étaient ceux qui avaient perdu la vie en tentant de la trouver.

Iris, qui suivait en silence, finit par ajouter doucement :

- Parfois, ce ne sont pas les réponses qui comptent, mais les questions qu'on se pose en chemin.

Giulian sourit à la sagesse inattendue de la jeune fille. Elle avait raison. Le voyage qu'ils entreprenaient allait bien au-delà de la simple recherche d'une cité légendaire. C'était un chemin de découverte de soi, de leur propre force et de leurs limites.

Le trio poursuivit sa marche en silence pendant encore quelques heures, la forêt se refermant de plus en plus autour d'eux. La tension était palpable, chaque mouvement des branches étant interprété comme un signe de danger. Giulian sentait son esprit vaciller sous la fatigue, mais il n'osait pas proposer une pause, pas après ce qu'ils avaient déjà traversé.

Soudain, un cri perça l'obscurité, strident et effrayant. Giulian se figea, son cœur battant à tout rompre. C'était le même cri que celui qu'avait poussé la créature la nuit précédente. Zia se tourna vers lui, le visage blême, puis vers Iris qui était tout aussi effrayée.

- Elle est là, murmura Iris, sa voix tremblante.

- Pas cette fois, répliqua Giulian avec détermination. Nous devons être prêts.

Zia hocha la tête, serrant son bâton de fortune. Giulian chercha autour de lui, son esprit en alerte, et c'est alors qu'il vit un éclat de lumière plus loin dans les bois, comme un reflet sur quelque chose de métallique.

- Là-bas, il y a quelque chose ! cria-t-il en pointant la direction.

Zia plissa les yeux, cherchant à percer l'obscurité. Le cri se fit entendre à nouveau, plus proche cette fois, résonnant entre les arbres comme un écho sinistre. Giulian sentit une poussée d'adrénaline parcourir son corps.

Sans réfléchir davantage, il se précipita vers la source de la lumière, ses compagnons sur ses talons. Ils couraient à travers les sous-bois, les branches griffant leurs visages, leurs pieds heurtant des racines cachées dans l'obscurité. L'éclat de lumière se rapprochait, et avec lui l'espoir que cette course effrénée mènerait à une issue autre que la mort.

Mais alors qu'ils atteignaient enfin l'endroit d'où provenait la lumière, Giulian s'arrêta brusquement, ses yeux s'écarquillant de surprise. Devant eux, au milieu de la forêt, se trouvait un objet étrange, une sorte de sphère en métal poli, brillant d'une lueur bleutée. Elle semblait plantée dans le sol, émanant une énergie étrange.

- C'est quoi ça... murmura Zia, s'approchant avec précaution.

Giulian n'en croyait pas ses yeux. Cet objet, quelle qu'en soit la nature, ne ressemblait à rien de ce qu'il avait vu auparavant. Il irradiait une chaleur agréable, contrastant avec l'air froid de la forêt. Mais avant qu'ils puissent l'examiner de plus près, un mouvement à la lisière de leur vision attira leur attention.

La créature noire, celle qu'ils pensaient avoir laissée derrière eux, se matérialisa lentement dans l'ombre des arbres. Cette fois, elle semblait plus grande, plus menaçante, ses yeux bleus brillant d'une lueur plus intense.

- Reculez ! ordonna Zia, essayant de garder son calme. On ne peut pas la combattre comme ça.

Mais Giulian, les yeux fixés sur la sphère lumineuse, eut une idée. Une idée folle, mais c'était peut-être leur seule chance.

- Zia, Iris... commença-t-il, sa voix tendue. Je vais l'attirer vers cette chose. Peut-être que... peut-être que ça pourra nous aider.

Zia le regarda, l'inquiétude peinte sur son visage.

- C'est trop risqué... répondit-elle, incertaine.

- C'est notre seule option, insista Giulian. Faites-moi confiance.

Sans attendre leur réponse, Giulian s'élança vers la sphère. La créature, comme si elle avait compris son intention, poussa un rugissement sourd et se lança à sa poursuite. Giulian sentait son cœur battre à tout rompre, l'adrénaline faisant pulser son sang dans ses veines. Il n'avait pas le droit à l'erreur.

Lorsqu'il atteignit la sphère, Giulian s'arrêta net, levant les bras pour attirer l'attention de la créature. Elle chargea vers lui, rapide comme l'éclair. Au dernier moment, Giulian plongea sur le côté, espérant que la créature poursuivrait son élan.

Le plan fonctionna. La créature percuta la sphère avec une force violente, et instantanément, une lumière intense jaillit de l'objet. La créature poussa un hurlement, un cri si perçant qu'il fit vibrer les arbres autour d'eux. Giulian se couvrit les yeux pour se protéger de l'éclat aveuglant.

Lorsque la lumière s'éteignit enfin, un silence assourdissant s'abattit sur la forêt. Giulian, les mains tremblantes, ouvrit lentement les yeux. La créature avait disparu, laissant derrière elle une traînée de fumée noire qui se dissipait dans l'air.

- Giulian ! cria Zia en se précipitant vers lui.

Il se retourna pour la voir, soulagé qu'elle et Iris soient indemnes. Zia le serra dans ses bras avec force, comme pour s'assurer qu'il était bien réel.

- Tu l'as fait... murmura-t-elle, incrédule. Tu l'as vraiment fait.

Giulian hocha la tête, encore sous le choc de ce qui venait de se passer.

- On a réussi, dit-il faiblement, ses jambes menaçant de céder sous lui. Mais on doit continuer. Ce n'est que le début.

Zia acquiesça, ses yeux pleins de gratitude et de respect. Ils étaient encore en vie, et c'était tout ce qui comptait pour l'instant.

Le groupe se remit en route, laissant derrière eux la sphère maintenant éteinte. Giulian savait que leur route serait encore longue et semée d'embûches, mais pour la première fois depuis longtemps, il sentait une lueur d'espoir. Ils avaient survécu à cette nuit, et tant qu'ils resteraient ensemble, ils avaient une chance d'atteindre la Cité des Étoiles Perdues.

Et peut-être, juste peut-être, de réaliser leurs souhaits les plus chers.

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Coucou, j'espère que j'aurai le temps après la rentrée ! A bientôt !!

La Cité des Étoiles PerduesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant