𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐕𝐈𝐈𝐈

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Le matin de la rentrée, Colm se leva avec une excitation mêlée d'anxiété. Il n'avait pas refait de cauchemar depuis la dernière fois et s'était réconforté avec les paroles de sa mère. Après ces trois jours passés à s'installer dans leur nouvelle maison et à explorer le village, le moment tant attendu était enfin arrivé. Il se regarda dans le miroir, ajustant son tee-shirt propre et son short, puis il attrapa son sac à dos, le cœur battant à l'idée de découvrir sa nouvelle école et de revoir la mystérieuse Josie.

Le trajet vers le collège lui parut plus long que la dernière fois. Les paysages défilant par la fenêtre de la voiture, les montagnes majestueuses et les champs verdoyants, étaient désormais familiers, mais son esprit était ailleurs. Il se remémorait leur dernière conversation, comment ils avaient ri ensemble et partagé leurs passions pour la lecture. Il espérait que leur amitié se renforcerait durant cette année.

Une fois garée, Addison lui souhaita bonne chance et l'embrassa sur la joue. Colm sortit de la voiture et prit une profonde inspiration, s'efforçant de chasser les papillons dans son ventre. En entrant dans le bâtiment, il ressentit déjà l'effervescence de la rentrée. Les couloirs étaient remplis d'élèves qui discutaient, riaient et cherchaient leur classe. L'atmosphère était électrique.

Colm se dirigea vers sa salle de classe, le rythme de son cœur s'accélérant à mesure qu'il approchait de la porte. Il entra et balaya la pièce du regard. Son cœur se mit à battre un peu plus vite lorsqu'il aperçut Josie, assise au fond de la classe, seule. Elle était penchée sur son livre, ses cheveux noirs tombant en cascade autour de son visage. À cet instant, Colm ressentit une vague de solidarité pour elle. Il savait que son amitié était précieuse dans ce nouvel environnement.

Il chercha un endroit où s'asseoir et choisit une place à proximité de Josie. Bien qu'il n'ait encore aucun amis ici, il se sentait attiré par elle, comme si leur lien était déjà établi. En s'installant, il lui lança un sourire chaleureux. Josie leva les yeux de son livre et lui sourit timidement, mais son regard trahissait une certaine tristesse. Elle semblait un peu en retrait, entourée d'une aura d'isolement.

Les élèves commençaient à remplir la classe, les rires et les exclamations résonnant autour d'eux. Colm remarqua que personne n'adressait la parole à Josie, qui restait silencieuse, immergée dans sa lecture. Cela lui brisa un peu le cœur ; il savait à quel point il pouvait être difficile d'être ignoré.

La professeur entra alors, et le brouhaha s'éteignit lentement.

« Bonjour à tous, je suis Mme Lefevre, votre enseignante principale pour cette année. Je suis ravie de vous retrouver après les vacances ! »

Sa voix était joyeuse, mais Colm ne pouvait s'empêcher de regarder Josie, qui avait déjà replongé dans son livre, comme si elle cherchait à échapper à la réalité qui l'entourait.

Au fil des heures de cours, Colm essayait d'interagir avec ses camarades, mais il gardait un œil sur Josie. Il souhaitait qu'elle puisse se sentir incluse, mais il ne savait pas comment l'y aider. La cloche de la récréation retentit, et il se leva rapidement, déterminé à aller lui parler.

« Hey, Josie ! » l'appela-t-il en traversant la classe.

Elle leva les yeux, surprise, et il s'assit à ses côtés.

« Comment ça va depuis la dernière fois ? »

Elle hésita un instant, puis répondit doucement.

« Ça va... J'ai fini mon livre. »

Colm sourit, heureux d'entendre qu'elle continuait à se plonger dans son univers littéraire.

« C'est super ! »

Juste à ce moment-là, un groupe de garçons entra dans la classe, riant et discutant à voix haute. Au milieu de ce groupe se tenait Jimmy, un garçon à la stature imposante, connu pour son attitude condescendante et son penchant pour le harcèlement. Colm ne l'aimait déjà pas, et il sentait que Jimmy était le genre à se moquer des autres sans hésitation.

« Eh, regardez qui est là ! s'exclama Jimmy en apercevant Colm et Josie.

— Le petit nouveau ! »

Le rire de ses amis résonna dans la classe, et Colm sentit son cœur se serrer. Il avait espéré que Josie pourrait être protégée du jugement, mais il savait que les choses allaient devenir difficiles.

« Pourquoi tu parles tout seul, Colm ? continua Jimmy, s'avançant vers lui avec un sourire moqueur. Tu as peur des autres ? 

— Où alors se sont les autres qui ont peur de toi ! » renchérit un autre.

Il avait totalement ignoré la jeune fille qui se renfrogna dans son coin. Colm, piégé entre le désir de défendre Josie et la peur de se heurter à Jimmy, se contenta de le regarder avec défi.

« Ça ne te regarde pas, Jimmy. Et je ne parle pas tout seul je parle avec mon amie.

— Amie ? répondit-il en ricanant. Je ne savais pas que tu aimais les amis invisibles. »

Les autres garçons riaient à tue-tête, et Colm sentit une colère sourde monter en lui. Il n'allait pas laisser Jimmy l'atteindre, ni laisser Josie en pâtir.

« Arrête de te moquer d'elle. Elle n'a rien fait pour mériter ça, » dit-il, sa voix plus forte que ce qu'il avait prévu.

La réaction de Jimmy fut immédiate.

« Qu'est-ce que tu vas faire, petit ? T'attaquer à moi parce que tu penses que tu es le héros de l'histoire ? Tu devrais juste rester à ta place ! »

Les mots de Jimmy résonnèrent comme des coups de marteau dans l'esprit de Colm. Josie, de son côté, était devenue silencieuse, ses mains serrées autour de son livre, le regard baissé. Cela lui brisa le cœur de la voir ainsi, à nouveau isolée.

« Tu ne sais rien d'elle, Jimmy, répliqua Colm, sa voix tremblante mais déterminée. Elle est plus intelligente que toi et bien plus gentille que tu ne l'aies jamais été. »

Jimmy se mit à rire, un rire amer qui ne laissait rien présager de bon.

« T'es mignon, Colm. Je vais te dire un truc : tu ferais mieux de rester à l'écart si tu ne veux pas devenir la cible de la bande. »

Colm sentit une bouffée de colère et de frustration, mais il devait garder son calme. Il ne pouvait pas se laisser intimider.

« Je ne vais pas laisser des gens comme toi décider avec qui je peux être ami. »

Jimmy le fixa, un sourire moqueur sur le visage, alors que ses amis l'entouraient, haussant les épaules. Finalement, il se détourna, un dernier regard méprisant sur Colm et Josie.

« T'as intérêt à y penser, petit. »

Alors que le groupe s'éloignait, la récréation reprit son cours normal, mais Colm se sentait mal. Il se tourna vers Josie, qui était toujours en retrait.

« Je suis désolé, Josie. Je ne voulais pas qu'ils te fassent du mal. »

Elle leva les yeux vers lui, une lueur d'admiration et de tristesse dans son regard.

« Merci, Colm. Je... je n'ai pas l'habitude que quelqu'un me défende. Je t'avais prévenu qu'on m'ignorait tout le temps...

— Tu ne devrais pas avoir à subir ça, dit-il, déterminé. Je suis là pour toi, et je ne vais pas laisser Jimmy et sa bande te harceler. On va se soutenir, d'accord ? »

Une petite étincelle apparut dans le regard de Josie.

« D'accord. Je n'ai jamais vraiment eu d'ami. C'est bien de savoir que quelqu'un est de mon côté. »

Colm se sentit réchauffé par sa réponse. Même si la route devant eux pourrait être semée d'embûches, il savait qu'ils pouvaient affronter ensemble les défis qui les attendaient. Leurs chemins étaient désormais liés, et il était déterminé à protéger cette amitié fragile, quoi qu'il arrive.

JosieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant