𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐕𝐈𝐈

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Colm errait dans les rues du quartier, les paroles moqueuses de ses camarades résonnant encore dans son esprit. Colmonstre ! L'insulte, lancée avec un rire cruel, s'accrochait à lui comme une seconde peau. Il avait toujours été un enfant plutôt discret, mais ces derniers temps, les mauvais rêves et les angoisses l'avaient rendu encore plus vulnérable. Sa solitude était pesante, et l'idée de rentrer chez lui après une journée aussi humiliante ne lui semblait pas envisageable.

Il se dirigea vers le parc de la ville, un endroit qu'il avait visité plusieurs fois depuis son arrivée. Les arbres s'étendaient majestueusement, leurs feuilles vibrantes sous le souffle léger du vent. Pour un instant, il espérait que ce lieu puisse lui offrir un répit, un refuge contre la méchanceté des autres.

Colm se dirigea vers une balançoire, s'y installant avec un soupir de désespoir. Il poussa légèrement avec ses pieds, se balançant lentement, observant le sol qui défilait sous ses yeux. Les rires des enfants qui jouaient au loin lui parvenaient, joyeux et insouciants, un contraste frappant avec son propre état d'esprit. Il se demanda ce qu'il avait fait pour mériter ces moqueries. Les images de sa rencontre avec Josie et de son cauchemar le hantèrent.

Tout à coup, il entendit des voix familières s'élever derrière lui. Sa poitrine se serra alors qu'il reconnaissait Jimmy et son groupe de camarades. Colm se figea, son cœur battant la chamade, alors qu'il réalisait qu'il n'était pas seul dans ce parc.

« Regardez qui est là ! s'exclama Jimmy, un sourire moqueur sur le visage. Le Colmonstre en personne ! Qu'est-ce que tu fais, hein ? Tu t'ennuies à pleurer sur ta balançoire ? »

Les autres garçons éclatèrent de rire, se moquant de lui avec une cruauté qui lui était familière. Colm se leva, une vague de colère montant en lui. Il était fatigué d'être le punching-ball de leurs blagues, fatigué de se sentir aussi insignifiant.

« Allez, lâchez-moi ! cria-t-il, la voix tremblante d'émotion, mais il ne pouvait plus contenir sa frustration. Vous êtes juste des idiots, vous ne savez même pas de quoi vous parlez ! »

Jimmy s'approcha, s'adossant à la balançoire, un air faussement désinvolte sur le visage.

« Oh, regarde-le ! Il a même pas de courage pour nous dire ce qu'il pense ! »

Il se pencha en avant, feignant l'intimité.

« Dis-moi, Colmonstre, tes cauchemars sont plus amusants que la vraie vie ? Peut-être que tu devrais t'enfermer chez toi plutôt que de venir ici. »

Colm sentit la colère bouillir en lui, comme un volcan prêt à entrer en éruption. Il ne voulait pas être ce qu'ils disaient. Il ne voulait pas être ce monstre qu'ils avaient inventé.

« Pourquoi vous faites ça ? s'écria-t-il, la voix tremblante d'une rage contenue. Vous n'avez vraiment rien de mieux à faire que de vous moquer d'un gamin qui a des problèmes ?

— Oh, ça y est, il se défend maintenant ! répliqua un autre garçon, imitant une voix de moquerie. Tu devrais vraiment te réveiller, Colm. Personne ne s'intéresse à tes cauchemars !

— Assez ! hurla Colm, horrifié par sa propre réaction, mais incapable de se contrôler. Vous êtes tous des lâches ! Vous vous sentez forts en vous moquant des autres, mais au fond, vous n'êtes rien ! »

Le silence tomba un instant, surpris par l'intensité de sa colère. Les rires cessèrent, et Colm sentit un frisson d'adrénaline parcourir son corps. Il n'avait jamais osé parler ainsi auparavant. C'était comme si quelque chose en lui s'était brisé, une barrière qu'il avait mise en place pour se protéger.

Jimmy cligna des yeux, visiblement déstabilisé par la réponse de Colm.

« Quoi ? Tu veux te prendre une raclée une nouvelle fois ou quoi ? » demanda-t-il, reprenant rapidement contenance.

Son ton provocateur ne laissait rien transparaître de sa surprise.

« Si tu penses que je vais me laisser faire, tu te trompes ! » Colm s'avança, le cœur battant.

La peur se mêlait à la colère, mais il était enfin prêt à se défendre.

« Il est temps de montrer à tout le monde que tu n'es pas plus qu'un Colmonstre ! »

Jimmy lança une dernière moquerie avant de reculer, ses camarades riant à nouveau, mais cette fois, quelque chose avait changé. Colm sentait que, peu importe ce qu'ils disaient, il avait repris le contrôle, ne serait-ce qu'un instant.

« Allez, venez, les gars, dit Jimmy en se retournant, tentant de minimiser la situation. On n'a pas besoin de perdre notre temps avec un loser comme lui. »

Colm les regarda partir, le cœur battant, un mélange d'émotions l'envahissant. Il était encore en colère, mais une partie de lui se sentait plus léger. Peut-être que se lever pour lui-même était un premier pas. Peut-être qu'il pouvait changer la façon dont il se voyait et, par conséquent, la façon dont les autres le voyaient.

Il se rassit sur la balançoire, mais cette fois, il se balançait plus haut, ressentant la brise fraîche sur son visage. Les paroles de ses camarades ne l'atteindraient plus aussi facilement. Peut-être que, tout comme dans ses rêves, il pouvait apprendre à affronter ses peurs.

Au fond de lui, une lueur d'espoir commença à percer l'obscurité. Il savait que le chemin serait long, mais pour la première fois depuis un moment, il était prêt à essayer.

JosieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant