𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐈

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Fin août 1986.

Colm Lambert se réveilla en sursaut, le cœur battant à tout rompre, comme si un orage invisible s'était abattu sur lui dans son sommeil. Le son strident de son réveil résonnait dans la petite chambre qu'il avait occupé durant ces dernières années. Les rayons du soleil filtraient à travers les stores, dessinant des ombres dansantes sur les murs de sa chambre, qui semblait plus étriquée que jamais. Les murs, autrefois décorés de posters de ses héros préférés, étaient désormais dénudés, laissant place à une pâle couleur beige qui témoignait de l'imminent départ.

Le déménagement était prévu pour aujourd'hui, et l'excitation mêlée à une pointe d'appréhension flottait dans l'air. Colm savait que ce changement marquerait le début d'une nouvelle aventure, mais il ne pouvait s'empêcher de ressentir un pincement au cœur en pensant à tout ce qu'il laissait derrière lui.

Il soupira, comme pour laisser échapper toute ces inquiétudes et se redressa dans son lit, les muscles encore engourdis par le sommeil. Il jeta un coup d'œil à l'horloge sur sa table de chevet. Les aiguilles indiquaient que la journée avait déjà bien commencé, mais une odeur familière de café et de pain grillé flottait dans l'air, lui rappelant que sa mère, Addison, était en pleine effervescence. Colm se leva, la tête encore endormie, et se dirigea vers la porte, ses pas résonnant sur le parquet usé. Il traîna des pieds jusqu'au miroir accroché au mur, un miroir ancien dont le cadre en bois était patiné par le temps.

En se regardant, il observa son reflet avec une curiosité mêlée d'angoisse. Colm avait douze ans, mais il semblait déjà porter le poids du monde sur ses jeunes épaules. Ses cheveux blonds, en bataille, lui tombaient sur le front, encadrant un visage encore enfantin mais marqué par des traits qui commençaient à se définir. Ses yeux, d'un bleu intense, brillaient d'une lueur vive, pétillants d'énergie et de curiosité. Il avait le nez légèrement retroussé et des taches de rousseur qui parsemaient ses joues, ajoutant une touche d'innocence à son regard.

Colm portait un t-shirt usé, sur lequel était imprimé un super-héros, et un short qui avait vu de meilleurs jours. Ses pieds nus reposaient sur le parquet froid, et il pouvait sentir une légère brise matinale caresser sa peau. Il prit un instant pour respirer profondément, se concentrant sur les petites choses : le chant des oiseaux à l'extérieur, l'odeur du petit déjeuner qui se préparait en bas. Dans ce moment de contemplation, il se demanda qui il était vraiment.

En passant dans le couloir, il aperçut des cartons empilés, chacun marqués d'une écriture soignée, indiquant le contenu et la destination. Il descendit les escaliers et manqua de trébucher sur une marche, se rattrapant de justesse à la rambarde. Ce qu'il était maladroit ! Addison s'affairait dans le salon, ses mains agiles pliant les vêtements et les rangeant dans les dernières boîtes. Elle avait toujours été organisée, mais ce jour-là, elle semblait particulièrement déterminée.

Il s'approcha de sa mère, qui ne remarqua pas tout de suite sa présence, tant elle était absorbée par sa tâche. Addison était une femme forte, avec un regard à la fois doux et résolu, mais Colm pouvait voir une lueur d'inquiétude dans ses yeux. Peut-être était-ce la peur de l'inconnu, ou simplement la fatigue accumulée de ces derniers jours. Il se demandait si elle aussi ressentait le poids de ce changement imminent, ou si elle était seulement trop occupée à tout préparer pour y penser.

« Bonjour, maman, » murmura-t-il finalement, sa voix encore rauque.

Addison se retourna, un sourire chaleureux illuminant son visage.

« Bonjour, mon chéri ! s'exclama-t-elle avant de lui faire signe de venir l'aider. Tu as bien dormi ?

— Oui, plutôt, » répondit-il, cachant une pointe d'appréhension dans sa voix.

JosieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant