𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐈𝐕

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Colm se sentait perdu dans un tourbillon d'émotions. La révélation de Josie avait jeté une ombre sur sa compréhension de leur relation et le but de celle-ci. Chaque moment passé ensemble, chaque regard échangé, prenait maintenant un sens nouveau, un sens qu'il n'avait pas voulu voir. L'angoisse et la confusion s'entremêlaient dans son esprit, le poussant à remettre en question non seulement ses sentiments pour Josie, mais aussi sa perception de soi.

Il se revoyait dans des conversations légères, riant des banalités, ignorant les sous-entendus que Josie avait, peut-être, tenté de faire passer. Était-ce de la colère qui montait en lui, ou simplement une profonde tristesse face à la fragilité de leur complicité ? Les pensées de Colm tournaient en rond, cherchant une issue, une clarification, mais chaque piste menait à une impasse.

Il savait qu'il devait lui parler, que ce silence ne ferait qu'aggraver la situation. Mais comment aborder ce sujet délicat sans blesser Josie davantage ? Chaque scénario qu'il imaginait se heurtait à la peur de perdre le peu qu'ils avaient construit ensemble. Il se sentait comme un naufragé, balloté par les vagues de ses propres pensées, espérant trouver une bouée de sauvetage dans la vérité.

« Josie, tu ne peux pas... ce n'est pas réel. »

Sa voix tremblait légèrement, trahissant son anxiété. Il se souvint des silhouettes indistinctes qui le poursuivaient dans la brume de ses rêves, de la comptine glauque qui résonnait dans l'obscurité, l'attirant toujours plus profondément dans l'inconnu. Il ne voulait pas y retourner. Pas encore.

Josie, avec cette sérénité presque inquiétante, le regarda droit dans les yeux.

« Mais Colm, la clairière existe. C'est là que tout commence.

— La clairière ? » répéta-t-il avec méfiance.

Pour lui, elle n'était qu'un endroit flou, éphémère, une construction de peur qui hantait ses nuits.

« C'est juste une image de mon imagination. »

Il se détestait d'avoir l'air si vulnérable, mais l'idée de ce lieu l'effrayait. Chaque fois qu'il y avait pensé, une boule de terreur se formait dans son ventre.

« Tu ne comprends pas, insista Josie. La clairière est plus que cela. C'est un passage. Un lieu où les réponses à tes questions prennent vie. »

Elle s'approcha un peu plus, sa voix douce comme un murmure.

« Je sais ce que tu as entendu. La comptine que tu as écoutée au fin fond de la forêt. »

À ces mots, Colm blêmit. Comment pouvait-elle savoir cela ? Cette comptine, il l'avait entendu dans un rêve, une mélodie répétitive qui le suivait comme une ombre.

« Comment tu sais ? » demanda-t-il, son cœur battant plus vite.

Les souvenirs de la chanson affluèrent, des paroles étranges, un rythme hypnotique. C'était un secret qu'il n'avait partagé avec personne. Josie se contenta de sourire, mais ses yeux trahissaient une profondeur qui le déroutait.

« Je sais, c'est tout.

— Non ! s'écria-t-il, la panique émergeant à la surface. Tu ne peux pas savoir. Les cauchemars sont privés ! Ce sont des choses que je cache, que je ne veux pas revivre. »

Il recula d'un pas, sa respiration s'accélérant. L'idée de descendre dans cet abîme, de se retrouver face à ses peurs, le terrifiait.

« Écoute-moi, Colm, dit-elle d'une voix plus ferme. Tu as la possibilité de comprendre. D'affronter ce qui te hante. La clairière peut être une prison, mais elle peut aussi être la clé de l'énigme.

— La clé de l'énigme ? »

Il ne pouvait pas croire ce qu'il entendait. La clairière, la clé de l'énigme ? Pour lui, elle n'était qu'un lieu d'angoisse où ses pires souvenirs prenaient forme. Il se revit là-bas, les arbres tordus, les ombres dansantes.

« Oui, poursuivit Josie, sa voix se radoucissant. Tu as le pouvoir de m'aider, c'est pour ça que je t'ai choisi. »

Colm ferma les yeux, essayant de chasser les visions qui le hantaient. Mais chaque fois qu'il tentait d'y échapper, les images revenaient plus puissantes, plus insistantes.

« Je ne sais pas si je peux, » admit-il, sa voix à peine audible.

Josie tendit la main, paume ouverte, comme si elle voulait lui transmettre quelque chose, une lueur d'espoir ou une promesse.

« La peur n'est qu'une illusion, Colm. Ce n'est pas l'obscurité qui te fait peur, mais ce que tu crois être caché dans l'ombre. Il est temps de faire face à ces ombres. »

Il la regarda, partagé entre la méfiance et une infime lueur d'espoir.

« Et si je tombe encore plus bas ? Si ce que je découvre est pire que ce que j'ai vécu ?

— Alors tu comprendras que tu n'es pas seul. »

Josie se pencha légèrement vers lui, son regard fixe et déterminé.

« Je serai là avec toi. Nous affronterons ça ensemble. Mais pour ça tu dois m'aider. »

Colm ressentit un mélange d'angoisse et de curiosité. Il savait que fuir ne ferait qu'alimenter ses peurs. Peut-être que, dans cette clairière, il pourrait enfin comprendre ce qui le rongeait depuis sa rencontre avec Josie. Il prit une profonde inspiration, pesant le poids de sa décision.

« D'accord, murmura-t-il. Je suis prêt à essayer. »

Josie sourit, une lueur d'encouragement illuminant son visage. Elle avait su lire en lui, comprendre ses doutes et ses terreurs.

« Alors, prépare-toi. Nous allons plonger ensemble dans l'obscurité, mais n'oublie pas : c'est là que la lumière se cache aussi. »

Il hocha la tête, le cœur battant d'appréhension et d'excitation. Ce voyage dans ses cauchemars serait un défi, mais peut-être que cette fois, il pourrait trouver la force de les surmonter.

JosieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant