𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐈𝐈𝐈

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Intrigué, Colm prit une profonde inspiration et décida de s'avancer vers la fillette. D'un pas hésitant mais déterminé, il traversa la rue, ses pensées tournant autour de ce qu'il pourrait lui dire. Il voulait se présenter, lui parler de son déménagement, et peut-être même lui faire un compliment sur sa robe qui flottait autour d'elle, d'un blanc éclatant, contrastant avec l'obscurité de ses cheveux.

« Hé, toi ! » lança-t-il timidement, un sourire nerveux sur les lèvres.

La fillette continua de le fixer, mais son regard changea. Une lueur d'alerte s'alluma dans ses yeux, comme si elle venait de réaliser qu'il s'approchait. Avant qu'il ne puisse ajouter autre chose, elle fit un pas en arrière, puis se mit à courir à toute vitesse dans la direction opposée. Ses cheveux de jais s'envolèrent derrière elle, et elle disparut en un instant, comme une ombre s'éclipsant dans la lumière du matin.

Colm s'arrêta net, la bouche entrouverte, la surprise et l'incompréhension se mêlant en lui. Pourquoi avait-elle fui ? Était-ce quelque chose qu'il avait dit ? Ou peut-être que l'idée de se lier d'amitié avec un étranger l'effrayait ? La regardant disparaître au coin de la rue, il ressentit une étrange sensation de vide, comme si une porte venait de se refermer sans qu'il n'ait eu la chance de l'ouvrir.

Il retourna sur le trottoir, les pensées tourbillonnant dans son esprit. Un mélange de frustration et de tristesse le submergea. En quelques instants, il avait perdu la possibilité d'une connexion, une chance de briser la solitude naissante qui l'accompagnait dans ce nouvel environnement. Les cris des déménageurs lui parvenaient à peine, noyés par le tumulte de ses émotions. Colm se demanda s'il aurait un autre jour pour essayer de comprendre cette fillette qui, tout en lui semblant si proche, était déjà partie si loin.

Alors qu'il se tenait là, encore sous le choc de cette rencontre fugace, une voix familière l'appela.

« Colm ! Viens ici, j'ai besoin de toi ! »

Addison l'attendait près de la voiture chargée de boîtes. Elle avait un air impatient, mais son sourire chaleureux le rassura, laissant derrière lui le mystère de la fillette. Il regarda tout de même par dessus son épaule mais ne vit personne. Elle avait bel et bien disparu.

Une fois les cartons déchargés, ils se dirigèrent ensemble vers la maison. Colm se tenait devant, un frisson d'excitation mêlé d'appréhension lui parcourant le dos. Les volets de bois, peints en bleu délavé, flottaient légèrement au gré du vent, comme s'ils l'invitaient à entrer. La façade, un peu usée par le temps, avait une beauté rustique qui contrastait avec les lignes modernes de leur ancienne maison en ville. Colm avait toujours pensé qu'il serait un peu triste de quitter le bruit et la frénésie de la ville, mais à cet instant, il ressentait une curiosité grandissante.

Il poussa la porte en bois massif ornée de ferronneries discrètes. Elle grinça sur ses gonds, laissant échapper un souffle de poussière. Elle s'ouvrit sur un hall d'accueil spacieux. Le sol était recouvert de carrelage en terre cuite, avec quelques traces de poussière qui témoignaient de l'absence de vie. Les murs, peints dans des tons neutres, offraient une toile de fond tranquille, prête à accueillir les couleurs et les souvenirs de leur nouvelle vie.

En avançant, Addison et Colm découvrirent un vaste salon, baigné de lumière grâce aux grandes fenêtres qui donnaient sur la véranda. Ces fenêtres, avec leurs encadrements en bois, s'ouvraient sur une vue imprenable sur les montagnes, créant un lien immédiat entre l'intérieur et l'extérieur. Le parquet en bois, bien que nu, évoquait une sensation de chaleur et de confort. Une cheminée en pierre se tenait dans un coin, où des souvenirs de chaleur et de rires semblaient encore palpiter. Il s'en approcha, passant ses doigts sur les pierres froides, et se demanda combien de familles avaient passé leurs soirées ici, blotties devant un feu crépitant. En pensant à tout cela, un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Peut-être qu'un jour, lui et sa mère pourraient revivre ces moments.

La cuisine, adjacente au salon, était spacieuse et fonctionnelle. Les meubles en bois clair, bien que vétustes, avaient un certain charme. Un îlot central, qui pourrait devenir le cœur de leur vie familiale, était entouré de plusieurs prises électriques, prêtes à accueillir appareils électroménagers et gadgets. Les murs étaient ornés de carrelage blanc, ce qui donnait à la pièce une ambiance fraîche et accueillante.

En montant à l'étage, il ressentit un léger tremblement d'excitation. Chaque marche grinçait sous son poids, comme si la maison lui racontait son histoire. L'escalier en bois menait à un couloir lumineux, où se trouvaient les chambres. Les murs étaient nus, attendant d'être décorés de photos, d'œuvres d'art et de souvenirs. L'une d'elles, plus petite, semblait parfaite pour lui. La lumière qui filtrait à travers la fenêtre illuminait un coin où il pourrait placer son lit, ses livres et ses jeux. Dans son esprit, il commença déjà à envisager comment il pourrait décorer cet espace, le transformant en un sanctuaire personnel.

Il jeta un coup d'œil à la chambre voisine, celle qui serait celle de sa mère. En la voyant, une vague de mélancolie l'envahit. Il savait que le déménagement avait été difficile pour elle, qu'elle portait le poids de leur perte comme une pierre autour du cou. Mais il espérait qu'ici, dans cette maison, elle trouverait aussi un peu de paix.

La salle de bain, bien que fonctionnelle, était vide de tout accessoire, avec des carreaux de céramique au sol et un grand miroir au-dessus du lavabo. Elle offrait une promesse de moments de détente après des journées passées à explorer la nature environnante.

Colm redescendit et retourna dans le salon, le cœur battant. Il avait toujours été un peu réservé, mais ici, à la lisière de la nature, il se sentait différent. Peut-être que ce lieu avait la capacité de guérir, de les rapprocher et de les aider à surmonter leur chagrin. Alors qu'il se tenait là, au milieu des cartons encore non déballés, il prit une profonde inspiration. Le jardin arrière, accessible par la porte-fenêtre de la véranda, était un espace vierge, envahi par une légère végétation. Des arbres, encore jeunes, commençaient à montrer leurs promesses, tandis qu'un espace herbeux attendait des fêtes et des barbecues entre amis.

Il ferma les yeux un instant, imaginant les rires qui résonneraient à l'intérieur, les conversations qui rempliraient les pièces, et la chaleur d'un foyer qui renaîtrait. Avec un sentiment de détermination, Colm se promis de faire de cet endroit un vrai chez-soi pour lui et sa mère.

JosieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant