𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐈𝐗

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La nuit était tombée sur le village, enveloppant la maison d'une paisible obscurité. Colm s'était couché tôt après une journée difficile, mais il était encore hanté par les paroles de Jimmy et sa bande. Les mots résonnaient dans son esprit, et malgré la présence réconfortante de Josie, il ne pouvait s'empêcher de se sentir inquiet pour l'avenir. Alors qu'il s'enfonçait dans le sommeil, une nouvelle ombre se profila, prête à l'emmener dans un autre cauchemar.

Le jeune garçon aux cheveux d'or avançait prudemment dans la pénombre, se dirigeant vers l'inconnu. La peur lui tiraillait le ventre si bien qu'il se retenait de vomir derrière chaque arbre devant lequel il passait depuis un moment qui lui parut une éternité. La forêt était épaisse et sombre et il n'arrivait pas à s'y habituer. Après tout, le ciel était tellement noir qu'il se demandait si c'était réellement la nuit qui se dressait au-dessus de lui. C'était la deuxième fois qu'il arpentait ces bois effrayants et chaque fois il n'y voyait rien, tâtonnant à l'aide de ses mains le vide qui se trouvait devant lui.

Un bruit retentit, le figeant sur place. Un frisson lui parcourut l'échine et il fut pris de tremblements incontrôlables. Les yeux écarquillés, il tournait la tête dans tous les sens à la recherche de l'origine du bruit. Rien. Il reprit sa marche et c'est au bout de quelques mètres qu'il réussit enfin à voir quelque chose. Il déboucha sur une grande clairière totalement vide, à l'exception de cet arbre gigantesque qui trônait en plein milieu, éclairé par le faisceau de la lune. C'est beau, se disait-il. L'éclairage naturel du satellite lui donnait l'impression qu'il y avait des petites paillettes qui virevoltaient autour de l'arbre. Sûrement des lucioles. Cependant l'endroit était beaucoup trop silencieux, lui rappelant alors qu'il ne devait pas se laisser déconcentrer.

« Il faut que tu y ailles. Il faut que tu ailles au pied de l'arbre. »

La voix de Josie résonnait comme un écho dans la nuit, rendant l'atmosphère encore plus lugubre. C'est alors qu'il la vit. Elle se tenait là, juste devant lui, debout au pied de l'arbre. Elle lui faisait signe de venir.

Alors qu'il s'approchait, exécutant l'ordre de la fillette, son cœur se mit à tambouriner fort, très fort. Ce silence pesant commençait vraiment à le rendre fou, comme si un piège l'attendait. Et lui, bête et naïf comme le garçon de douze ans qu'il était, il fonçait tout droit dans la gueule du loup. Sa respiration devint saccadée et une odeur nauséabonde semblable à celle d'un corps en décomposition s'infiltra dans ses narines, lui réprimant un haut-le-coeur. Il s'arrêta. L'expression de Josie avait changé. Son visage qui jusqu'à présent était neutre se tordait de douleur, la faisant grimacer. La scène était effrayante. C'en était trop pour lui, il se mit à courir vers son amie qui était maintenant au sol prise de violentes convulsions, les yeux roulants dans leurs orbites, malade, démente.

« Josie ! »

Quelque chose lui attrapa soudain le pied et le sol se déroba au-dessous de lui. Ce n'était pas des mains qui venaient de l'agripper, non. C'était bien plus gros. Le petit garçon avait la respiration coupée tellement la peur lui rongeait l'esprit. Il ne pouvait plus faire le moindre mouvement. Et puis, dans un éclat de lumière, il se réveilla en sursaut, hurlant dans la nuit sombre. Le battement de son cœur résonnait à ses oreilles, sa respiration haletante. La peur l'envahissait, et il regarda autour de lui, la réalité reprenant lentement le dessus.

Sa mère, alertée par ses cris, se précipita dans la chambre, les traits tirés par l'inquiétude.

« Colm ! Qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle, visiblement alarmée.

Il se redressa dans son lit, les mains tremblantes, le corps en sueur.

« J'ai fait un cauchemar... encore... » murmura-t-il, sa voix entrecoupée de sanglots.

Addison s'assit à ses côtés, prenant son fils dans ses bras.

« Oh, mon chéri, ce n'est pas grave. C'était juste un rêve. Parle-moi de ce qui s'est passé. »

Colm blottit sa tête contre elle, cherchant du réconfort dans son étreinte.

« Je suis allé dans une clairière, et il y avait un arbre... et Josie était là, mais il y avait quelque chose de mauvais, quelque chose d'invisible. Elle voulait m'attraper. J'avais si peur... »

Addison le berça doucement, caressant ses cheveux d'un geste apaisant.

« Ces rêves peuvent être très réels et terrifiants, mais rappelle-toi que tu es en sécurité ici. Les cauchemars ne peuvent pas te blesser. »

Il inspira profondément, essayant de calmer son cœur affolé.

« Mais Josie... Elle avait l'air si mal. Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose.

— Tu es un bon ami, Colm, et c'est normal de s'inquiéter pour les personnes que l'on aime, dit-elle en le regardant dans les yeux. Mais souviens-toi que ce ne sont que des rêves. Tu vas parler à Josie demain. Peut-être qu'en lui parlant, tu te sentiras mieux. »

Colm hocha la tête, mais l'angoisse persistait dans son esprit. Il savait que ces cauchemars n'étaient pas que des produits de son imagination. Ils semblaient liés à quelque chose de plus profond, à ses peurs et à ses inquiétudes. Il ferma les yeux un moment, espérant que le silence de la nuit l'apaiserait.

« Tu veux que je reste ici un peu, jusqu'à ce que tu te sentes mieux ? demanda Addison, douce et protectrice.

— Oui, s'il te plaît, » murmura-t-il.

Elle s'installa à ses côtés, et il se blottit contre elle, le cœur se calmant lentement. Dans cette obscurité, il trouva un peu de réconfort, sachant qu'il n'était pas seul. Les cauchemars pourraient essayer de l'atteindre, mais il avait une force en lui qui ne cessait de grandir, et il était prêt à se battre pour ses amis et pour lui-même.

Finalement, alors que l'angoisse s'estompait lentement, Colm se laissa emporter par le sommeil. Il savait qu'il devrait affronter ses peurs, mais pour l'instant, il se contentait de la chaleur de sa mère à ses côtés, espérant que le jour suivant apporterait un peu de lumière dans l'obscurité de ses rêves.

JosieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant