𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐕𝐈

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Colm s'allongea sur son lit, le regard fixé au plafond. Les ombres dansaient, projetées par la lumière vacillante de la lune qui filtrait à travers les rideaux. Les mots de Josie résonnaient dans son esprit, comme une mélodie obsédante : Il faut résoudre l'énigme. L'idée de se retrouver dans cet endroit effrayant, cette clairière où il avait tant souffert, le taraudait.

Il tourna dans son lit, tirant les draps sur lui comme s'ils pouvaient lui offrir une protection contre ce qu'il craignait tant. Les minutes s'étiraient, se transformant en heures, et chaque craquement de la maison lui faisait dresser les cheveux sur la nuque. Il se remémora les silhouettes qui le poursuivaient, les murmures moqueurs, et surtout, cette comptine qui l'ensorcelait.

Finalement, l'épuisement eut raison de lui. Il s'endormit, mais ce fut encore une fois, un sommeil agité, peuplé de visions troublantes.

Il se retrouva à nouveau dans la forêt. Les arbres étaient tordus et noircis, leurs branches s'étendant comme des doigts squelettiques vers le ciel. Une brume épaisse enveloppait le sol, rendant chaque pas difficile et chaque respiration lourde. Colm savait qu'il était là pour une raison, mais une angoisse sourde l'empêchait d'avancer.

Puis, il entendit la comptine. Doucement d'abord, puis de plus en plus forte, elle s'insinuait dans son esprit, rythmée par des chuchotements qui prenaient vie autour de lui.

« Gare à ce que vous touchez petites mains, gare à ce que vous touchez petites mains, car le Père est tout là-haut, nous regarde avec amour, gare à ce que vous touchez petites mains... »

Les paroles résonnaient, et il se mit à courir, sans savoir vraiment pourquoi.

Il déboucha finalement sur la clairière, un espace désolé où l'herbe était fraîche et sauvage et où le ciel semblait toujours gris. Au centre, un grand arbre tortueux se tenait, ses branches s'étendant comme si elles voulaient attraper les nuages. Là, près de l'arbre, il aperçut Josie. Elle était là, mais quelque chose n'allait pas. Son visage était figé dans une expression de terreur, ses yeux cherchant désespérément une issue.

Colm voulut l'appeler, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Au lieu de cela, il vit un homme apparaître, une silhouette sombre qui se tenait à côté d'elle. Il avait une allure menaçante, avec une capuche qui obscurcissait son visage, mais Colm pouvait sentir une présence maléfique émaner de lui.

« Josie, fais attention ! » cria-t-il silencieusement, mais elle ne l'entendait pas.

L'homme s'avança vers elle, une lueur perverse dans ses yeux obscurcis. Colm voulait courir, la protéger, mais ses jambes restaient figées dans l'herbe froide.

Puis, l'homme leva la main, et une force invisible sembla s'abattre sur Josie. Elle recula, trébuchant contre le tronc de l'arbre, son visage se déformant sous l'effet de la terreur. L'ombre s'approcha d'elle, et Colm sentit une frayeur viscérale s'emparer de son cœur. La comptine continuait à jouer, se transformant en un rire cruel qui résonnait dans son esprit.

« Non, non, non ! » hurla Colm, mais c'était comme si un couvercle scellait ses lèvres.

Il voulait frapper, repousser l'ombre, mais le désespoir l'enveloppait comme une brume suffocante.

Et puis, tout devint noir.

Colm se réveilla en sursaut, haletant et trempé de sueur. Son cœur battait la chamade, et il était encore sous le coup de la terreur de ce qu'il venait de vivre. Il se redressa dans son lit, l'esprit embrumé par le cauchemar. L'angoisse et la confusion se mêlaient dans son esprit alors qu'il tentait de se rappeler où il était.

Il se leva, encore secoué par les images de la clairière, mais le temps ne lui laissa pas le temps de réfléchir. Il devait se préparer pour l'école.

Assis dans sa classe quelques heures après, Colm avait l'impression d'être un zombie. Les paroles du professeur résonnaient dans son esprit, mais il ne pouvait pas se concentrer. Chaque instant, il revivait son rêve, la terreur de Josie, l'homme qui s'approchait d'elle.

Les yeux lourds, il lutta pour rester éveillé. La fatigue le rattrapait, et dans un moment d'inattention, il s'endormit sur son bureau.

Les rêves le rattrapèrent à nouveau, mais cette fois, ce n'étaient que des ombres floues. Il se réveilla en sursaut, mais le bruit de rires moqueurs l'entoura. Ses camarades de classe le regardaient, les visages éclairés par le dédain.

« Regarde qui s'est encore endormi ! lança l'un d'eux, éclatant de rire.

— De quoi as-tu rêvé, Colm ? De monstres ? » se moqua une autre voix.

Les rires se multiplièrent, et Colm se sentit rougir, la honte l'envahissant. Il jeta un regard furtif vers Josie, qui était assise quelques rangées plus loin. Elle l'observait, ses yeux pleins de compassion, mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir plus seul que jamais.

« Tu devrais faire attention, Colm. Les cauchemars ne sont pas censés te suivre ici, » ironisa un autre camarade, provoquant une nouvelle vague de rires.

L'envie de disparaître le prit, mais il se força à se redresser. Il avait déjà trop souffert de ses craintes, et maintenant, il devait affronter la réalité. Pourtant, dans son esprit, les ombres de la clairière restaient omniprésentes, et il savait que, peu importe ce qu'il faisait, la peur le suivrait.

Alors qu'il essayait de se concentrer sur le cours, une seule pensée persistait : il devait protéger Josie. Les cauchemars ne seraient pas ses seuls adversaires. Il devait trouver un moyen de les surmonter, pour lui et pour elle.

JosieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant