Chapitre I.
Hiver, 1520.
Malgré l'hiver plus rigoureux que l'année précédente, le roi a tout de même décidé de maintenir le banquet des prétendants, une énième fête traditionnelle en mon honneur, selon lui, destinée à me trouver le prétendant idéal.
Bien que mon enthousiasme soit au plus bas, il est toujours amusant pour moi d'observer ces hommes, fils de nobles et de seigneurs, se dandiner dans l'espoir de me séduire et de gagner ma main. Je les trouve tous plus ridicules les uns que les autres, dépourvus de culture et d'intérêt véritable, leur personnalité se résumant seulement à la fortune de leurs familles pour tenter de m'impressionner. Pour mon père, évidemment, tous les prétendants sont parfaits pourvu que la dot soit suffisamment élevée. Quant à ma mère, elle participe souvent à l'organisation de ce banquet mais ne prend aucun parti entre mon père et moi, évitant ainsi toute réprimande ultérieure. Elle est inexistante dans l'histoire de ma vie à vrai dire.Le temps s'écoule plus rapidement que je ne le voudrais, mes dames de chambre n'ont pas tardée à frapper à ma porte pour m'habiller. Parmi elles, Marguerite, notre gouvernante la plus ancienne, avec qui j'ai tissé un lien secret malgré les risques que cela comporte si le roi venait à l'apprendre par d'autres employés qui réclameraient sans hésitation une récompense pour leur sois disant honnêteté. Quand nous sommes seules, elle est comme une grand-mère pour moi. Malheureusement, aujourd'hui, une nouvelle jeune fille l'accompagne pour ses essais, nous empêchant d'être nous-mêmes.
- Mademoiselle, voici la robe que la reine a fait confectionner spécialement pour vous, annonça Marguerite en me montrant la robe de cour accrochée sur le paravent.
Ma mère l'a fait confectionner au-delà de nos terres, la ou tout m'est inconnu, et je reste bouche bée devant sa splendeur : un vert émeraude élégant sur un tissu de soie douce, orné d'une broderie détaillée de dentelle et de perles, sans oublier les motifs floraux qui ornent les manches, un rappel qui je sais, personnelle.
Le processus d'habillage, en revanche, est moins plaisant. Mes dames ajoutent un corset par-dessus ma chemise de corps et le serrent jusqu'à m'empêcher de respirer. C'est à partir de mes dix ans que j'ai commencé à devoir porter des vrais outils de torture comme celui-ci, j'ai eu bien du mal à m'habituer à la sensation que l'on me brisait les côtes tandis que je devais me comporter comme si de rien n'était, et continuer à sourire, gardant toujours ce même masque.
Si Marguerite était seule, je me serais plainte en protestant, mais aujourd'hui, je garde mes commentaires. En plus du type de robe que je vais devoir porter, nous devons ajouter un panier en osier et un jupon, qui réduisent encore plus mes mouvements déjà limités par le corset. Enfin, après avoir enfilé mes bas avec soin, elles sont à deux pour me glisser dans ma robe ; si j'avais eu le malheur de me resservir au dîner d'hier soir, je ne suis pas certaine que j'aurais réussi à y entrer parfaitement aujourd'hui.
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SEA OF PIRATES - P1 [TERMINER]
Romance[TERMINER] Elisabeth, princesse de Lysbourg, a toujours rêvé de liberté, loin des contraintes du palais, mais jamais elle n'aurait imaginé que son souhait se réaliserait de façon aussi brutale. Lorsque son château est attaqué, sa vie change radical...