Chapitre XVIII

17 2 1
                                    


Chapitre XVIII

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Chapitre XVIII.

Hiver, 1520.

  Lorsque je rouvris les yeux, une douleur sourde me martelait le crâne, et il me fallut un moment pour retrouver mes repères. Je sentis les secousses de l'eau bercer mon corps et le bruit du ponton qui craquait sous le bois en mouvement. Le miaulement de Boocky me fit réagir. Je levai difficilement un bras et me frottai les yeux, un à un, en grognant tant mes membres semblaient engourdis.
Enfin, je me forçai à essayer de me relever, mais tout se mit à tourner.

- Rallonge-toi, princesse.

J'entendis ses pas s'approcher, et je n'avais pas besoin de retrouver mes sens pour reconnaître Silas, le seul à encore m'appeler ainsi depuis notre rencontre. Ses mains m'agrippèrent doucement les épaules pour m'aider à me rallonger, et je réussis enfin à retrouver un peu de vue.

- Tu as fait un malaise. Gilbert a fait ce qu'il pouvait, mais il a prévenu que tu te sentirais patraque à ton réveil.

Je compris alors d'où venait cette sensation que j'avais ressentie, suivie du trou noir jusqu'à ce réveil douloureux. Je posai mon regard sur le pirate qui s'était installé sur une chaise à côté du lit ; il semblait presque inquiet, si je ne commençais pas à le connaître.

- Je suis désolée...

Je crus presque mal entendre tant sa phrase était chuchotée bas.

- Je sais ce que ça fait de se retrouver orphelin.

Silas était en train de m'avouer une partie de sa vie dont je n'aurais jamais imaginé avoir connaissance. D'un certain côté, cela me rassurait de l'entendre et de savoir que je n'étais pas seule dans ce cas, qu'il avait aussi vécu et ressenti ce désespoir. J'aurais eu un tas de questions, mais ma curiosité était contrariée par ma faiblesse. Alors, je le laissai simplement continuer :

- Ma mère est tombée malade, et mon père n'a pas tardé à la suivre, incapable de supporter sa perte. Je devais avoir six ans, c'est loin maintenant, ricana-t-il nerveusement.

Je tentai d'attraper sa main, la caressant du bout des doigts comme il l'avait fait derrière les barreaux du cachot. Un geste simple mais réconfortant, même si, vis-à-vis de lui, je le trouvais presque intime.

- Tous deux admiraient les pirates, ou du moins leur mode de vie. Ils en avaient assez de devoir se battre pour gagner à peine de quoi acheter des miettes de pain à se partager, tout en étant traités comme des sous-hommes.

Son intonation cracha presque ses mots, mais contrairement à ce que j'aurais pensé avant, je ne me sentais pas insultée. Je savais qu'il avait raison et que je pensais de la même manière.
Il finit par se taire et soupira, comme si ses aveux avaient été un effort surhumain.

SEA OF PIRATES - P1 [TERMINER]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant