SEA OF PIRATES - P1 [TERMINER]

Chapitre II

Chapitre II.

  Il était difficile pour moi d'accepter de devoir quitter le bureau sans jeter un dernier coup d'œil au rideau sous lequel reposait ma mère, morte si brutalement. Je m'arrêtai sans dire un mot, retirant ma main de celle du pirate nommé William, et m'accroupis pour soulever une partie du rideau afin de la voir une dernière fois.
Son visage pâle et sans vie était tourné vers moi, ses cheveux habituellement soigneusement coiffés se retrouvaient éparpillés dans son sang. Mais le pire fut son regard ; ses yeux remplis de douceur et de sagesse, que j'avais à peine eu le temps d'admirer avant le drame, étaient à présent ouverts, ternes, comme si toute lumière les avait quittés. Ses lèvres entrouvertes semblaient vouloir prononcer des mots qui ne viendraient plus jamais. Chaque détail de son corps me renvoyait à la brutalité de l'attaque et à l'injustice qu'elle avait subie.

La pièce autour de nous semblait figée dans le temps, à tel point que j'en oubliai la présence du pirate debout près de moi. Le silence était oppressant, seulement interrompu par les bruits lointains des combats et des cris. Mon cœur se serra, la douleur et le chagrin menaçant d'exploser. Je voulais crier, pleurer, mais je me sentais paralysée, incapable de détourner le regard. Ma mère, la reine, gisait là, privée de sa dignité, et je réalisais douloureusement que rien ne serait jamais plus comme avant.
J'entendis les pas du pirate s'approcher, et une main réconfortante se poser sur mon épaule.

- Je suis désolé, dit-il avec une profonde inspiration. Mais vous devez comprendre qu'à l'heure actuelle, rester ici est trop dangereux. Les pirates qui vous ont attaqués cherchent sûrement quelque chose de précieux, et tant qu'ils ne l'auront pas trouvé, ils détruiront et tueront tout sur leur passage.

Voyant que ses paroles ne m'atteignaient pas, je sentis sa prise se resserrer sur mon épaule. Mes larmes coulaient, se mélangeant au sang de ma mère sous mes pieds.

- La reine a sacrifié sa vie pour vous protégez, alors survivez comme il se doit. Je vous promets que nous lui rendrons justice, mais pour l'instant, votre vie est celle qui compte le plus. Ne laissez pas ce sacrifice être vain, et suivez-moi, il nous reste peu de temps.

Je relevai la tête vers lui, observant ses yeux pleins de détermination. Je ne savais pas qui il était exactement, s'il était réellement un pirate ou non, mais il semblait différent. Pourquoi se comportait-il ainsi envers moi, comme s'il était envoyé par l'esprit de ma mère ?
Il tendit à nouveau sa main. Je jetai d'abord un dernier coup d'œil à ma mère, passai mes doigts délicatement sur son visage pour fermer ses yeux inertes, puis replaçai la couverture par respect.

- Allons-y, survivons, dis-je en attrapant définitivement ses doigts.

Il hocha la tête, l'air de dire que mon choix était le bon, et me poussa à sortir en me précédant. Dans sa main droite, il tenait une épée d'une qualité exceptionnelle, du moins de ce que j'en savais ; sa surface était si polie qu'elle brillait d'un éclat argenté, renvoyant de temps à autre une lumière aveuglante lorsque nous longions le couloir éclairé de torches.
Le pirate accéléra le pas, me faisant presque trébucher, jusqu'à ce que j'essaye de le freiner, à son plus grand agacement.