SEA OF PIRATES - P1 [TERMINER]

Chapitre VII

Chapitre VII.

La nuit était tombée bien plus rapidement que je ne l'aurais cru, moi qui aurais souhaité continuer à me promener pour découvrir cette ville aux recoins mystérieux. Mais il valait mieux ne pas s'y aventurer à cette heure où ivrognes et malandrins pourraient me causer des ennuis. Après tout, l'île portait peut-être bien son nom; la force qui en émanait semblait la rendre vivante. Ce soir, l'île des Âmes était éclairée d'une manière presque surnaturelle, ajoutant une touche de magie à l'atmosphère. Les seuls sons audibles étaient le grincement des lanternes se balançant au rythme du léger vent hivernal, et les airs entonnés par les quelques pirates restés à quai.

Un frisson parcourut ma peau, la fraîcheur de la nuit s'était soudain accentuée. Malgré tout, j'avais eu le temps de trouver ce petit coin d'où j'observe la ville et son port, qui ressemblent étrangement à ceux de mon royaume. D'ici, les lumières scintillantes ressemblaient à des étoiles tombées du ciel.

- Tu trouves toujours les points de vue idéals.

Je sursautai légèrement en entendant la voix de mon ami qui venait de me rejoindre, une lanterne à la main, comme à son habitude. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Il rejoignit ma position, en s'asseyant à côté de moi, dans l'herbe fraîche.

- C'est magnifique, murmurai-je en parcourant du regard le village en contrebas.

Je sentis William hocher la tête, puis s'allonger, les bras croisés derrière sa tête. Aucun de nous ne parla pendant un long moment, comme autrefois, un silence complice qui n'avait rien de pesant, bien au contraire, il était rassurant.

- Tu as commencé à dessiner ?

Je baissai les yeux vers lui et secouai la tête en signe de négation, sans fournir d'explication. Je n'en avais aucune, si ce n'est le manque de temps alors que je n'en ai jamais autant eu actuellement que de ma vie entière.

- Tu devrais, reprit-il. Les mers sont grandes, mais nous avons déjà découvert tant de choses. Ce n'est pas comme ça que la première grande carte du monde verra le jour.

Son clin d'œil me fit rougir, probablement à peine visible sous la nuit noire, si ce n'était pas la lueur vacillante de la lanterne qui me dévoilait.

- Tu m'as manqué, Elisabeth. J'ai rêvé de te retrouver depuis que nos chemins se sont séparés. Tu as toujours été ma seule... amie, ma seule famille.

Le sérieux de ses paroles me toucha profondément. Je ressentais la même chose à l'époque ou nous étions plus proche, peut-être même plus que je ne le voulais admettre, mais contrairement à lui, je n'osais jamais exposer mes sentiments.

- Toi aussi, Will... Mais ici, je ne sais pas si c'est ma place.

Il se redressa, me questionnant du regard, m'invitant à continuer.