Chapitre XXIV

18 3 2
                                    


Chapitre XXIV

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Chapitre XXIV.

En quelques instants à peine, mon esprit s'était complètement déconnecté. Je ne parvenais plus à penser à autre chose qu'à notre exécution imminente, à la mort qui nous attendait. Autour de moi, des voix criaient, des mouvements s'agitaient de tous côtés, mais je ne distinguais plus rien clairement. Tout était flou, comme si le monde autour de moi s'était effacé.

- Eli...

Le murmure de ma sœur, étouffé par ses sanglots, me ramena brusquement à la réalité. Son visage, ravagé par les larmes, était déformé par le chagrin. Ses yeux rougis déversaient un flot continu de larmes qui dévalaient ses joues pâlies pour s'écraser sur le bois sale à nos pieds. Si seulement l'une de ses larmes pouvait exaucer un vœu, comme dans les contes, si seulement nous pouvions être transportées sur une autre île, dans un autre monde, loin de tout ça, rien que pour tout recommencer. Si nous nous trouvions dans cette situation, c'était avant tout pour des actes que nous n'avions jamais commis nous, mais nos parents.

- Eli, je ne veux pas... hoqueta-t-elle, sa voix se brisant, la douleur plus forte que jamais pour elle et moi.

Mon cœur se serra. Je n'avais aucune parole pour la réconforter, aucun mot rassurant à lui offrir, et cela me faisait souffrir encore plus que les chaînes qui enserraient mes poignets. Les gardes autour de nous s'agitaient comme une fourmilière en alerte, et quelques-uns vinrent vers nous, cette fois pour changer nos chaînes, et nous liés.

- Si vous fuyez, vous mourrez, nous prévint un colosse, le regard aussi froid que l'acier de sa lame.

Aucune de nous ne répondit, encore une fois. Même si j'avais voulu fuir, mes jambes n'auraient pas suivi, mon cerveau cessait son fonctionnement. Ils nous détachèrent juste assez longtemps pour nous lier de nouvelles chaînes, cette fois pour que nous avancions ensemble, prisonnières d'un même destin. Mes poignets étaient meurtris, les menottes enserraient ma peau fragilisée, laissant apparaître des ecchymoses bleu violacées. Chaque mouvement accentuait la douleur, et je grimaçai à chaque frottement.

- Avancez.

L'homme au regard cruel enfila sa cape en donnant son ordre d'un ton sans émotions, un trait de caractères qui semblait constituer l'équipage entier. Isabella, placée devant moi, n'eut d'autre choix que d'obéir. J'espérais qu'elle marcherait vite, car je savais que l'homme à ses côtés n'hésiterait pas à utiliser le fouet qu'il tenait dans sa main. Comme si elle avait lu dans mes pensées, ma sœur accéléra le pas, suivant le capitaine Kraune et ses deux bras droit, dont un étant William, qui ouvraient la marche.

Nous traversâmes alors le village, dont les détails m'étaient presque étrangers après tant de temps passé en mer. Maintenant, ce n'était plus une escapade nocturne à la faveur de l'obscurité lors de mes aventures de jeunesse, mais une marche en plein jour, pour une raison bien plus sombre. Les pavés irréguliers du village résonnaient sous nos pas, le bruit métallique des chaînes créant un rythme sinistre, me rappelant à chaque instant la mort qui se rapprochait. Je comptais les secondes, les minutes indéterminables

SEA OF PIRATES - P1 [TERMINER]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant