SEA OF PIRATES - P1 [TERMINER]

Chapitre XVI

Chapitre XVI.

Mon moment de détente fut agréable, même si j'avais eu la chance de prendre une rapide douche, que j'appellerais plutôt une toilette de chat sur le navire. Rien ne me fait sentir plus propre qu'un bon bain chaud. Et vu la couleur de l'eau lorsque je suis sortie, je me dis que j'en avais bien besoin et que j'ai enfin retiré toute la couche de saleté de mon corps. Même mes cheveux paraissaient déjà plus brillants, en meilleure forme.

Pour descendre voir Silas, je m'étais simplement changée, troquant mes habits de pirate contre ceux de princesse habituelle, mais sans les outils de torture que l'on appelle corset ; je m'en passerais encore. J'ai donc récupéré une robe ample qui traînait depuis un moment dans ma garde-robe.

Les cachots du sous-sol de la seconde tour étaient un lieu où la lumière du jour semblait ne faire son apparition que rarement, lorsque des fissures dans le mur la laissaient apercevoir. Plus je descendais les escaliers en tentant de faire le moins de bruit possible, plus je commençais à ne plus y voir correctement sans ma lanterne préalablement préparée. Enfouis sous les fondations de notre château, les prisons étaient taillées dans la roche même, si bien fait que j'y voyais même une couche d'humidité, et une froideur palpable au toucher.
Le couloir, quant à lui, paraissait plutôt court et surtout étroit, éclairé par quelques torches qui faisaient plutôt mal leur travail à en voir leur lumière mourante qui vacillait. Et si mon but était d'être discrète, c'était raté, puisque chaque pas dans ce couloir résonnait comme une dernière symphonie pour les futurs pendus. Malgré l'air lourd, saturé par la moisissure et l'eau stagnante, je continuai et passai devant un garde qui somnolait, tant qu'il ne me dit pas un mot, tant mieux pour moi. Puis je tombai sur Silas, assis contre un mur, le visage tombant en avant.

- Silas, chuchotais-je tout de même.

J'avais remarqué quelques autres prisonniers qui tous étaient endormis. Je ne comptais pas les réveiller pour qu'ils me remarquent ou écoutent notre discussion.

- Capitaine, Silas, re tentais-je.

J'entendis un grognement et vis un tressaut de son côté. Il releva légèrement la tête, puis complètement, et posa son regard sur moi.

- Qu'est ce que tu fais là, princesse ?

En me reconnaissant, il se leva complètement et sourit en coin, comme à son habitude, comme si à l'heure actuelle il n'était pas enfermé vulgairement dans un cachot et prêt pour la pendaison.

- J'ai négocié avec le roi, je te ferai sortir coûte que coûte, c'est une promesse.

Silas sembla hésiter sur quelque chose mais hocha la tête en s'accrochant aux barreaux de fer rouillés. Les cellules que j'imaginais plus grandes dans mon enfance étaient en fait bien plus petites, et ce qui m'étonna était que tous les autres étaient enchaînés au mur, mais pas lui. Sûrement parce qu'il avait eu l'honnêteté de se rendre par lui-même.