Chapitre X

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Chapitre X

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Chapitre X.

Automne, 1514


Par-delà la fenêtre de ma chambre, assise sur les coussins du rebord, j'observais les arbres perdre leurs couleurs. L'été avait filé si vite que je n'avais même pas remarqué le temps qui passait. Cela faisait des mois que je n'avais pas quitté ma chambre, ne sortant que rarement par la fenêtre pour discuter avec William près de notre muret habituel.
Les feuilles tombaient sous mes yeux, une à une, sans un bruit, me plongeant dans une étrange fascination hypnotique.
De temps à autre, j'entendais la porte de ma chambre s'ouvrir, et je savais que c'était ma mère ou Marguerite qui venait me voir, mais j'ignorais sans cesse.

- Mademoiselle Elisabeth, vous n'avez pas bougé depuis trois jours, et vous n'avez presque rien touché à votre repas.

Je haussai simplement les épaules, et entendis la porte se refermer doucement derrière elle. C'est un geste que mon père aurait sévèrement puni autrefois, mais depuis l'incident, il se faisait bien plus discret. Voilà presque un an qu'Isabella avait laissé son âme en mer, et presque un an que je me morfondais sans elle, repensant sans cesse à ses paroles inquiétantes avant de partir : "Père ne devrait pas faire ça. Si mère a toujours refusé, c'est pour une bonne raison. J'ai un mauvais pressentiment, Elisabeth", avait-elle dit avant de partir se coucher. C'était la dernière nuit qu'elle avait passée au château. La dernière nuit où elle avait été en vie et ou je revoyais son regard.

Le roi, mon père Henri, avait toujours respecté l'interdiction de notre mère, la reine Hélène, de nous emmener en mer. Jusqu'au jour où il en décida autrement. Lors d'une simple excursion pour naviguer autour des îles voisines, il avait insisté pour qu'Isabella, l'aînée et future reine, l'accompagne pour apprendre à diriger ses sujets. Quelques jours plus tard, il revint, l'air sombre, le visage pâle, les joues creusées par le chagrin, pour nous annoncer la perte de ma sœur, et ma future succession. Je n'ai jamais accepté cette nouvelle. Jamais. Je ne pouvais supporter l'idée qu'il soit revenu vivant, tandis qu'il avait pris sa vie. Ce n'était pas à elle de mourir. Elle n'avait rien demandé.

Depuis ce jour, William avait tenté d'être plus présent pour moi, mais je sentais une distance grandissante entre nous. Tout semblait s'effondrer autour de moi : la personne que j'aimais le plus au monde, mon unique ami... Tout me glissait entre les doigts.

La brise automnale me fit frissonner, ou peut-être était-ce le souvenir d'Isabella qui traversait mon esprit. Elle ne me quittait plus, me hantant jour et nuit, comme si son accident était ma faute, comme si j'étais coupable. J'espérais que notre père ressente la même culpabilité, le même dégoût.

Un bruit de cailloux frappant ma fenêtre me tira de mes pensées. J'essuyai d'un revers de main la larme qui avait roulé sur ma joue, puis ouvris la fenêtre. William m'attendait en bas, son visage marqué par une inquiétude inhabituelle.

SEA OF PIRATES - P1 [TERMINER]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant