SEA OF PIRATES - P1 [TERMINER]

Chapitre XIX

Chapitre XIX.

Je gardais mes paupières fermées, essayant de faire le vide en moi comme Gilbert me l'avait appris, mais cela ne fonctionnait pas vraiment ce jour-là. Lorsque j'ouvris les yeux, une ombre dense m'enveloppait. Le soleil m'éblouissait encore quelques instants plus tôt, mais en tournant la tête, je découvris l'homme de pierre.

- J'ai vaguement entendu parler de ton histoire, dit-il d'une voix rauque, sans me regarder, les yeux rivés sur l'horizon, comme s'il pouvait voir plus loin que moi.

Le capitaine Baltazarius, malgré sa dureté habituelle, commençait à m'adresser la parole de plus en plus souvent, c'était la deuxième fois en peu de temps.
Je hochai simplement la tête, ne sachant quoi dire face à cette remarque. Je savais que beaucoup de personnes connaissaient ma vie, peut-être même mieux que moi.

- Tu pourrais le décrire ? demanda-t-il soudainement.

Sans avoir besoin de plus d'explications, je compris immédiatement à qui il faisait allusion et hochai la tête une fois de plus. Puis je lui expliqua du mieux que je pouvais selon mes souvenirs ; Il avait l'air vieilli, bien plus que nous tous. Ses cheveux étaient grisonnants, et j'avais l'impression que c'était la seule source de couleur et de lumière sur son visage. Ses yeux étaient sombres, à moins que l'ombre ne déforme son regard. Je n'aperçus rien d'autre sur son apparence, étant enveloppé dans une cape qui le masquait presque entièrement.

Il baissa la tête pour me fixer, et opina :
- Pas besoin d'en dire plus, un vieil homme sombre et masqué, ça le représente parfaitement. C'est Kraune qui a tué ton père.

Les vagues étaient le seul bruit entre nous, se fracassant contre la coque du bateau avec une violence telle que, même après m'y être habituée, j'avais toujours l'impression qu'elles pourraient briser le navire et nous faire couler.

- Que savez-vous ? demandai-je alors, essayant de percer ses pensées, sachant qu'il avait déjà eu affaire à cet homme et qu'il en obtiendrait probablement des informations importantes pour mon enquête personnelle.

Il se raidit, remontant ses épaules qui lui donnaient une carrure de colosse terrifiant, si je ne le voyais pas me parler aussi simplement.

- Je ne sais pas ce qu'il te veut, mais si tu veux mon avis, il y a une taupe parmi nous.

Je sentie mon visage blémir, devant aussi blanc que les nuages qui parsemaient le ciel d'aujourd'hui.

- Certaines attaques ont été préméditées, parole de pirate. Pas besoin d'être sorcier pour le voir.

Je compris alors qu'il n'avait pas tort ; certaines attaques avaient été préméditées, puisque personne ne pouvait les avoir menées sans informations précises sur nos déplacements. Nous n'avions jamais vu personne nous suivre, ni quoi que ce soit de ce genre. Donc, quelqu'un devait fournir des renseignements détaillés pour nous attaquer.