SEA OF PIRATES - P1 [TERMINER]

Chapitre XX

Chapitre XX.

Ce réveil signait un nouveau jour, et pas n'importe lequel : celui de la révolte, de ma revanche. Durant la nuit, à l'heure où plus personne n'était debout, seul William restait de garde, nous avions commencé à mettre en place le plan préparé un peu plus tôt. Un des canots suspendus sur le flanc du navire avait été apprêté, des cordages déposés dans les cales, ainsi qu'une bouteille dissimulée, celle-là même avec laquelle je devais l'assommer au moment venu.

Je n'avais pas dormi de la nuit, trop anxieuse quant au déroulement du plan, redoutant la vengeance de Silas lorsqu'il me retrouverait, mais surtout consciente qu'au moindre faux pas, il faudrait tout recommencer. Et moralement, je n'étais pas prête à l'accepter. Pourtant, tout semblait aligné : mon ami pirate m'avait raconté une myriade d'histoires sur le capitaine, et tout portrait le désignait clairement. Tout était même trop visible, à tel point que je me demandais comment j'avais pu ne rien voir depuis le début de cette aventure.

Sur le pont, l'équipage s'affairait comme chaque jour à ses tâches. La journée était grise, les nuages lourds semblaient vouloir éclater d'un moment à l'autre, rendant l'atmosphère encore plus pesante pour moi, qui savais ce qui allait se passer. Les nuages s'accumulaient, se transformant en d'épais amas noirs prêts à exploser.

- Mal dormi ?

Gilbert m'avait surprise. Mon visage cerné ne devait pas dissimuler mon manque évident de sommeil. Je hochai la tête en lui souriant faiblement. Lui, en revanche, paraissait mieux que les jours précédents, un point plus positif de ma journée.

- Un peu de terre ferme te fera du bien, ajouta-t-il en hochant la tête. La mer sera agitée avec ce temps.

Puis il partit sans un mot de plus. S'il savait... Vengerait-il son capitaine, quitte à m'ôter la vie ? Je ressentais l'impact de ses paroles : les vagues étaient déjà plus violentes, comme si l'océan se préparait à une attaque en collaboration avec le ciel. Le vent, chargé d'air frais, me fit frissonner le long des bras et des cuisses, encore recouverts de ma robe de princesse de plus en plus inconfortable.

- L'île est en vue ! cria un matelot.

En effet, à travers la brume, on pouvait commencer à distinguer la silhouette sombre de l'île se dessiner peu à peu. Silas, derrière la barre, menait son équipage comme si de rien n'était, ignorant encore que sa vie allait bientôt basculer.
Je cherchais William du regard, le trouvant non loin du capitaine. Sans un mot, nos regards se croisèrent : c'était le moment. Inspirant profondément pour me donner du courage, je me dirigeai vers les cales, là où je devais me cacher en attendant le signal.

Cet endroit humide et oppressant n'avait rien perdu de sa désagréable familiarité. Cherchant autour de moi, je fouillai du regard ce qui pourrait servir à attirer l'attention de Silas sans éveiller les soupçons des autres. Crier était hors de question. Mes yeux s'arrêtèrent sur un objet scintillant derrière une caisse : une barre de fer, semblable à un levier brisé, mais suffisamment robuste pour frapper la coque et produire assez de bruit.