Nouvelle journée, nouveau tournage.
Le premier depuis plus d'un an.
Plusieurs sentiments se partageaient à l'intérieur de moi. De la joie, de l'excitation, de l'appréhension. J'appréhendais de me retrouver devant les caméras mais je savais que j'allais être à la hauteur, je l'avais toujours été. Ce n'était pas de la prétention, seulement du réalisme.
Comme depuis les événements récents peu de réalisateurs me confiaient leurs premiers rôles, cette offre était un réel cadeau pour redorer ma carrière, même si le scénario était tout ce que je détestais. Un triangle amoureux entre deux femmes et un homme, bien évidemment ce dernier en ressortait victorieux comme toujours.
Malheureusement, je n'avais pas d'autres choix pour reprendre ma place au sommet. Je n'étais pas à la recherche de la gloire, non. Je voulais prouver au monde que leurs attaques ne m'atteignaient pas et que je surpassais toujours les autres. J'avais ce besoin inexplicable d'être en haut.
En arrivant sur le plateau de tournage, je retrouvai mes bonnes habitudes, à savoir rejoindre ma loge, attendre les maquilleurs et coiffeurs, et me préparer. Je n'avais encore croisé aucun acteur, ni même le réalisateur, mais j'étais très en avance. Par peur ? Par excitation ? Je ne savais pas.
Une fois prête, j'ouvris la porte pour aller à la rencontre de celles et ceux qui allaient partager mes journées pendant un mois.
À peine sortie, je réalisai que les couloirs s'étaient rapidement remplis. Un jeune homme m'interpella par de grands gestes. Je devinai sans trop de difficulté qu'il s'agissait de l'un de mes futurs collègues, sans savoir encore quel rôle lui était attribué. Il s'approcha maladroitement vers moi et, la main sur la nuque, finit par sortir quelques mots de sa bouche.
— Bonjour. Je suis Fabian Russell, dit-il en me tendant sa main. On va jouer ensemble.
Son nom me revint. Je ne pus m'empêcher de sourire en réalisant qu'il avait une dizaine d'années de moins que moi, et que c'était avec lui que cette fameuse romance allait avoir lieu. Je finis par lui tendre la main en retour, celle-ci attendant désespérément une réponse de ma part.
— Enchantée. Klara Simons.
— Pas besoin de vous présenter. Je suis un grand fan, je connais tous vos films par coeur.
Seuls mes yeux étonnés et remplis d'incompréhension répondirent à son engouement. J'avais encore des "fans" ? Ou voulait-il simplement me faire plaisir ?
— C'est flatteur, dis-je en lui adressant un grand sourire. Tu peux me tutoyer Fabian, je pense que c'est mieux, surtout si on est amenés à se voir un bon moment.
Il acquiesça vivement la tête et me fit signe de le suivre. Je m'exécutai sans broncher.
On s'avança vers une femme qui, ne semblant avoir remarqué notre présence, discutait avec des figurants.
— Adele, souffla Fabian en lui tapotant l'épaule. Je te présente Klara Simons.
À peine mon nom sorti de sa bouche qu'elle fit un demi-tour pour me faire face, un sourire si étiré que je pensai une seconde qu'elle était bloquée. Nerveuse, elle peina à trouver ses mots.
— Bonjour Madame, je suis...
— Klara. Tu peux m'appeler Klara et me tutoyer, dis-je en lui souriant.
Elle ne savait plus si elle devait être gênée par ma remarque ou davantage excitée, mais d'après sa réaction elle opta pour la seconde option.
— Je suis vraiment honorée de jouer avec toi, j'espère que je ne te décevrai pas.
— Tu ne me décevras pas, ne t'inquiète pas.
Elle me sourit et une sensation étrange me traversa le corps. Ils agissaient tous deux comme s'ils n'étaient pas au courant de tout ce qui se racontait sur moi, comme si rien n'avait changé. J'aurais aimé croire en leur innocence et en leur admiration, mais une partie de moi me disait de rester sur la réserve. De toute façon, ce n'était pas comme si je n'avais pas le temps d'apprendre à les connaître. Du temps, ça j'allais en avoir.
Première journée de tournage terminée. À ma plus grande surprise, tout s'était merveilleusement bien passé. Tout le monde avait été adorable avec moi. Les acteurs étaient très professionnels, Adele et Fabian étaient quand à eux géniaux. J'avais retrouvé la raison pour laquelle j'étais revenue. J'aimais jouer. Malgré ce qu'il pouvait se passer autour, c'était ma passion.
Soulagée, je sortis de ma loge un sourire aux lèvres. Au moment de rejoindre mes collègues pour leur dire au revoir et pour les remercier, j'aperçus Adele collée à une femme. Au début, je ne m'attardai pas dessus. Mais en me rapprochant, mon sourire s'effaça. Pour mon plus grand bonheur, celle-ci ne remarqua pas ma présence. J'en profitai pour effectuer un simple geste de la main de loin à l'équipe, mais Fabian en décida autrement en criant mon nom pour que je vienne à leurs côtés.
— Viens boire un coup avec nous Klara.
Tout en le maudissant intérieurement, mon regard s'attarda sur la silhouette qui ne daignait toujours pas se retourner.
— Pas ce soir, annonçai-je d'un ai désolé qui n'était absolument pas sincère.
— Elle a des choses bien plus intéressantes à faire, dit Olivia en me laissant finalement apercevoir son visage.
Son regard était rempli de défi et de haine. Un regard que je m'empressai de maintenir. Je détestai qu'on me prenne de haut de la sorte, d'autant plus lorsqu'il n'y en avait aucune raison apparente.
— Comme quoi ? demandai-je sèchement.
— Comme aller sauter une figurante, par exemple.
Bouche bée, sa petite-amie et Fabian la fixaient tandis que ses yeux étaient toujours plongés dans les miens.
— C'est quoi ton problème avec moi ?
— J'ai aucun problème avec toi, Simons. Je n'aime juste pas l'image que tu donnes de la femme.
Qu'elle était culottée. Jamais elle ne m'avait adressé la parole, si ce n'était pour me sortir des atrocités sans nom, et là elle se permettait de me donner une leçon. Elle se basait, comme le monde le faisait, sur quelques photos et articles parus dans la presse. C'était triste mais c'était mon quotidien.
— C'est vrai que tu es une femme parfaite, "Meyer".
— Bien plus que toi, c'est certain.
La situation ne s'y prêta pas, mais je ne pus m'empêcher de lâcher un rire, ce qui me valut un regard noir de sa part qui, visiblement, n'était pas satisfaite de ma réaction. La journée fut longue et fatigante, loin de moi l'envie de me brouiller une nouvelle fois avec une personne sans intérêt.
Je finis par attraper mes affaires et, sans lui adresser le moindre regard, je saluai mes collègues encore tout retournés par les propos d'Olivia et quittai les lieux pour rentrer chez moi, là où je savais que personne ne m'attendait.
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L'amour, malgré tout
RomanceLe monde de la célébrité n'est pas des plus accueillants. Klara le sait, mais elle ignore combien sa dispute avec cette chanteuse réputée changera sa vie à tout jamais.