L'amour, malgré tout

Chapitre 15

J'observai Olivia avec un sourire joueur. Ce jour-là, j'étais d'humeur taquine et sa proposition n'y était pas pour rien.

Une vente aux enchères était organisée par la même association que celle du gala de charité. Les mêmes célébrités allaient probablement être présentes. L'idée d'affronter Olivia pendant toute une soirée fit renaître mon âme d'enfant.

J'étais si heureuse que, de toute façon, rien n'aurait pu me retirer cette joie. Nous n'avions pas emménagé ensemble pour ne pas attirer les regards, mais c'était tout comme. J'étais tout le temps chez elle, chaque matin je me réveillai avec ses cheveux bouclés étalés sur mon visage, à déjeuner ses oeufs qu'elle cramait une fois sur deux.

Matt allait être là, lui aussi. Il adorait Olivia, mais ce ne fut pas une surprise. Il n'avait plus aucun doute sur sa sincérité tant elle était flagrante.

En parlant de mon ami, le voilà devant la porte. On avait convenu que je partirai avec lui, tandis qu'Olivia prendrait un taxi de son côté.

— Vous êtes à couper le souffle.

Mes yeux se posèrent sur la sublime créature à mes côtés. Elle était vêtue d'une robe verte qui s'arrêtait à ses genoux, laissant apparaître son décolleté. Ses cheveux bouclés relevés en un chignon, dégageant sou cou et ses épaules.

— On pourrait y aller ensemble, dit-elle en glissant ses mains sur mes hanches.

— Tu sais bien qu'on ne peut pas.

— C'est injuste.

— Je le sais.

Je déposai un dernier baiser sur ses lèvres avant de rejoindre mon chauffeur pour la soirée. Ce soir-là, nous devions être concurrentes.

Dans la salle, je cherchai Olivia du regard. Ce ne fut qu'après une bonne dizaine de minutes qu'elle m'apparut autour d'une table, toujours aussi ravissante. Je me plaçai alors avec Matt à une table non loin de la sienne.

L'observer sans pouvoir l'approcher, c'était à la fois énervant et excitant. Chaque seconde que je passais loin d'elle m'agaçait, mais l'idée de gruger toutes ces personnes autour de nous était hilarante. Je m'imaginais déjà leurs pensées : "Klara va encore essayer de se rapprocher d'Olivia", "Pauvre Olivia"...

Si seulement ils savaient à quel point nous nous aimions.

Le maître de cérémonie ne tarda pas. Après une brève présentation de l'association, il débuta en annonçant le premier objet mis aux enchères. Pour le moment, rien ne m'intéressait, à Olivia non plus.

Je passai plus de temps à la regarder qu'à écouter les montants dépensés. Comment mes yeux pouvaient-ils se détacher d'une femme aussi magnifique ? J'en étais tout simplement incapable. Olivia non plus ne sut résister. À chaque fois que nos regards se croisaient, elle se mordillait la lèvre. Je lui faisais des gros yeux, mais la réalité est que j'adorais la manière dont elle me regardait et que je ne voulais que ça s'arrête pour rien au monde. Sous ses yeux, je me sentais unique.

— Tu feras attention, ma belle.

La voix de Matt me sortit de mes pensées. Je l'interrogeai du regard.

— Tu baves, chuchota-t-il à mon oreille.

Il pouffa de rire.

— Très drôle.

Je levai les yeux au ciel avant de les reposer sur Olivia, qui m'observait en riant. Puis elle me fit un signe de tête et se leva de sa chaise. J'en déduis qu'elle attendait que je la suive.

Je m'exécutai, lissant mon pantalon et réajustant les deux mèches qui retombaient sur mon visage. Naturellement, je la suivis en prenant soin de n'être repérée par personne. Je ne m'en inquiétait pas vraiment, il y avait tellement de brouhaha que personne ne s'en aperçut.

Arrivée devant les toilettes, je m'empressai de glisser à l'intérieur en lançant un regard furtif derrière moi.

À peine eus-je le temps de refermer la porte qu'Olivia se jeta sur moi pour s'emparer de mes lèvres dans un baiser passionné.

— Je te manquais tant que ça ? dis-je en ricanant.

Elle ne répondit pas tellement elle était absorbée par mes lèvres.

De mes doigts, je dessinais délicatement des traits imaginaires sur le haut de son torse, là où aucun tissu ne faisait barrière. Elle frissonna à ce contact.

— On pourrait nous surprendre, murmurai-je sur ses lèvres.

— Je prends le risque, répondit-elle en me plaquant contre le lavabo. J'ai rêvé de ce moment depuis qu'on a quitté la maison.

Son insouciance était à la fois déconcertante et terriblement mignonne.

La main plaquée contre sa nuque, je l'attirai encore plus pour accentuer notre baiser. Toujours penchée sur moi, elle glissa ses mains sous ma chemise sans pour autant se dégager de mes lèvres. Le contraste entre la chaleur qui se dégageait de mon corps et le froid de ses doigts me fit frissonner.

Même à bout de souffle, nous ne pouvions nous séparer l'une de l'autre ne serait-ce qu'une seconde.

Finalement ma bouche descendit dans son cou pour le recouvrir de baisers, laissant échapper un gémissement de plaisir de celle d'Olivia. Elle n'arrivait plus à se maîtriser, moi non plus. Nous en voulions plus, comme si nous ne nous étions pas vues depuis des années. La réalité étant que nous étions ensemble quelques heures auparavant. Mais quand on aime quelqu'un, on veut y rester collé pour la vie. C'était ce que je ressentais avec Olivia.

Nos deux corps étaient en osmose, collés l'un à l'autre, jusqu'à ce que des bruits de pas se fassent entendre à l'extérieur de la porte, venant écourter notre échange passionné.

Loin d'être mon souhait, je décollai mes lèvres de sa douce peau. Dans un geste commun, Olivia réajusta rapidement ma chemise tandis que je rabaissai sa robe.

La voix encore saccadée par le désir, elle me chuchota :

— On se revoit dans la salle, Klara Simons.

Puis elle m'embrassa une dernière fois avant de sortir. Un sentiment d'interdit m'envahit alors qu'il n'y avait rien d'interdit à embrasser la femme que j'aimais. Nous nous cachions comme deux adolescentes qui ne voulaient pas être repérées entre deux cours. Nous jouions avec le feu et c'était plaisant. L'ancienne Klara n'aurait jamais pu dire cela. Mais Olivia avait fait de moi une autre femme, une femme qui s'assumait et qui n'avait plus peur du danger. Une femme libre.