Chapitre 24

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Le soir des Oscars, je portais un smoking noir, que j'avais refermée de sorte que l'on puisse entrevoir mon décolleté, là où un collier en or se glissait. Mes cheveux étaient tirés en une queue de cheval, des boucles d'oreilles venant sublimer le tout.

J'étais élégante, à l'image des acteurs que je retrouvais.

J'étais nommée dans la catégorie Meilleure actrice pour mon rôle dans L'un ou l'autre. Sans vouloir me lancer de fleurs, il y avait neuf chances sur dix pour que le prix me soit décerné. J'étais en concurrence avec quatre actrices talentueuses, dont Eloise. Mais cette année, la statuette était pour moi.

Et sûrement pour l'année suivante également. J'avais finalement accepté la proposition de Candice Owens. N'importe qui était conscient de la chance que cela représentait.

Et puis j'avais de toute façon tout gâché avec Olivia. Elle ne voulait plus me parler, ne répondait à aucun de mes messages. Elle était devenue invisible.

Maintenant deux semaines qu'elle avait disparu de ma vie.

Nous avions convenu, avant notre dispute, qu'elle viendrait à la cérémonie pour me voir être récompensée de ses propres yeux. Le moment étant venu, et n'ayant pas eu de nouvelles, je me fis une raison. Elle n'allait pas venir. Et elle m'avait quittée.

Le coeur brisé, ce fut avec un goût amer que je foulai le tapis rouge du Dolby Theatre accompagnée de Jen, Matt et Sam, son mari. Jen était vêtue d'une robe noire, assez sobre, qui lui allait à ravir. Quant aux garçons, ils avaient opté pour un costume, l'un bleu, l'autre noir. Ils étaient tout aussi charmants.

Matt n'avait pas été nommé cette année, mais je savais pertinemment que ça allait venir. Il fallait être patient. Il n'était pas triste, il était même ravi de m'y accompagner.

Heureusement qu'ils étaient là pour m'épauler parce que, sinon, je serais restée au fin fond de mon lit à me morfondre.

Masquant ma tristesse par un éblouissant sourire, je pris la pose pour les photographes. Rien n'avait changé, mis à part certaines têtes qui m'étaient inconnues.

Après quelques photos, nous prîmes la direction de la salle. J'étais assise au troisième rang. À ma gauche se trouvaient mes amis. De l'autre côté, il y avait Adele et Fabian. Il suffisait de les regarder pour voir leur émerveillement et leur admiration.

Six ans auparavant, lorsque l'on m'avait décerné mon premier Oscar, j'étais dans le même état. Je ne savais plus quoi faire de mes mains, ni quoi dire. Ma mère m'avait dit que dans ces moments de panique, je devais fixer un point au fond de la salle, respirer, et penser à toutes les personnes que j'aimais. Mais au moment du discours, je n'arrivais même plus à me rappeler de ses paroles. Alors j'ai dit : "Merci Maman, merci Papa. Merci tout le monde.". C'était tout. Je frôlais le ridicule. Et lorsque je suis rentrée et que je l'ai appelée, nous avions éclaté de rire. Cela restera l'un de mes meilleurs souvenirs.

Plus loin, il y avait Eloise et son équipe. Quand son regard croisa le mien, elle me fit un clin d'œil. Je lui répondis par un sourire courtois. En aucun cas je n'oubliai qu'elle était en partie la cause de notre "rupture" avec Olivia. Je détestais employer ce mot mais il devenait bien plus qu'envisageable de l'admettre. En réalité, elle n'en était pas la cause. La seule responsable, c'était moi.

Évidemment qu'elle me manquait. Elle me manquait terriblement. Chaque nuit je pleurais son absence. Chaque matin je pleurais de ne pas l'entendre fredonner l'une de ses magnifiques chansons.

Mais je ne m'en voulais pas. Quoi qu'elle ait pu faire, je l'avais toujours soutenue. Je m'attendais à ce qu'elle en fasse de même avec moi, qu'elle mette sa fierté et ses doutes de côté. Un jour, une horrible pensée avait traversé mon esprit : peut-être que la mise en garde de son père était fondée, au final. Je l'avais rapidement balayée en réalisant combien c'était stupide de penser une telle chose. Je connaissais Olivia mieux que personne et je savais qu'elle m'aimait. Ma décision l'avait blessée, mais elle m'aimait tout comme je l'aimais. C'était indéniable.

L'amour, malgré toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant