Chapitre 13

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Mon père me prit chaleureusement dans ses bras. Aucun de nous deux n'aborda le sujet, le décès de maman était encore très douloureux et le sera toujours. À vrai dire, nous n'en avions jamais réellement parlé. Tous deux de nature assez renfermée sur nos sentiments, l'isolement était sans aucun doute le meilleur des remèdes. Et puis mon père, bien qu'il n'était pas acteur, cachait parfaitement bien ce qu'il ressentait.

Olivia, quant à elle, se faisait la plus discrète possible.

— Papa, je te présente Olivia.

Je lui en avais déjà vaguement parlé mais sa réaction ne me rassura pas, bien au contraire. Il lui serra froidement la main, sans même prendre le temps de la regarder. Olivia ne savait plus où se mettre, ses yeux me suppliant de faire demi-tour.

— Enchantée, monsieur Simons.

Pas de réponse. Seul un signe de la main nous fit signe d'entrer.

Je laissai passer Olivia devant moi et en profitai pour lui murmurer à l'oreille :

— Ça va aller.

On s'installa à table dans un silence pesant. Je regrettai intérieurement de faire subir ceci à ma copine.

— Alors, comment va ma fille préférée ?

Mon père s'installa face à moi. Il avait cette bienveillance dans son regard, tout comme maman.

— Elle va bien. Et toi papa, ça va ?

— Je commence à me faire vieux, tu sais...

— Ne recommence pas avec ça, tu es en pleine forme. Regarde-toi. Je connais pleins de jeunes qui ne seraient même pas capable de faire ce que tu fais à ton âge.

— Donc tu dis que je suis vieux !

Olivia laissa échapper un petit rire, rappelant au passage sa présence autour de la table. Le sourire de mon père s'effaça immédiatement.

Mal à l'aise, cette dernière toussota légèrement pour tenter de le masquer. Je m'emparai alors de sa main.

— Papa, si je te présente Olivia c'est qu'elle compte beaucoup pour moi. Fais un effort, s'il-te-plaît.

— Je n'en ai pas l'envie.

— S'il-te-plaît. Sinon ça ne sert à rien que l'on reste ici.

Il soupira avant de se tourner vers Olivia.

— Malgré tout le respect que je vous dois, je ne veux pas que ma fille fréquente une femme comme vous.

— Une femme comme moi ? tiqua Olivia.

— Vous avez bien entendu. Une femme qui fera toujours passer sa carrière en priorité, peu importe qu'elle fasse du mal à ma fille ou non.

— J'ai fait une erreur et ça ne se reproduira plus, dit-elle en se redressant sur sa chaise. J'aime votre fille.

— Je me permets de remettre votre parole en doute.

La mâchoire crispée, je perçus l'agacement de ma copine.

— Je n'ai jamais cherché à lui faire de mal. Je voulais la protéger.

— Eh bien vous avez une drôle de manière de le faire, ma chère !

— Papa !

Je me devais de m'interposer.

— Monsieur Simons, donnez-moi une seule chance et je vous promets de ne pas vous décevoir. Oui je l'ai jugée à tort. Oui, j'ai pu dire des choses horribles à son sujet. Mais désormais je la connais et je sais à quel point votre fille est une personne formidable.

Émue par ses paroles, je me contentai de serrer sa main. Mon corps, lui, se recouvrit de frissons.

Un sourire satisfait se dessinait finalement sur le visage de mon père.

— Bien, une seule chance.

Soulagée, Olivia ne put s'empêcher de relever le coin de ses lèvres en me regardant fièrement. Elle avait gagné un petit bout de la confiance de mon père, je la félicitai intérieurement pour cela. Ses mots l'avaient touchés autant qu'ils m'avaient touchés. Je ne savais pas si mon père la voyait sincère ou voulait simplement me faire plaisir, mais j'étais reconnaissante de l'effort qu'il faisait.

Finalement, le repas se poursuivit dans la bonne humeur. Je les surpris même à rigoler sur la jeune fille que j'étais et sur les innombrables bêtises que j'avais pu faire. C'était bon enfant.

Je ne participai pas vraiment à la conversation. Je préférai regarder ces deux personnes que j'aimais tant rire aux éclats et blaguer à tout va.

Soudain, mon téléphone se mit à vibrer. Je m'écartai alors sous leurs regards pour m'isoler. C'était Jen. Quand elle m'appelait, c'était rarement une bonne nouvelle qui m'attendait.

Prenant une profonde inspiration, je finis par décrocher.

L'amour, malgré toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant