Chapitre 30

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Nous voilà mariées.

Me voilà mariée à Olivia.

Jamais je n'aurais pensé prononcer de telles paroles. Et pourtant, c'était bien réel. Nous venions de le faire à l'instant.

Alors que la fête battait son plein, je regardai ma femme se déhancher avec nos convives. Vêtue d'une magnifique robe blanche, elle rayonnait. Elle était belle, et elle était mienne.

Je réalisai la chance que j'avais. J'étais entourée de personnes que j'aimais et qui m'aimaient. La femme que j'étais il y a quelques années de cela aurait été fière. Et je connaissais quelqu'un d'autre qui devait être fière. Ma mère.

Soudain, j'eus le besoin de m'isoler. De me retrouver seule. De partager ce moment si spécial avec elle.

Un peu plus loin du brouhaha de la fête et de la musique, se trouvait un banc, près d'un arbre. Je m'y dirigeai pour y trouver le calme dont j'avais besoin.

J'avais rangé une photo d'elle dans la poche de mon costume, histoire qu'elle soit là et qu'elle participe à la fête.

Une fois cachée des regards et assise sur mon banc, je la sortis, l'embrassai et fondis en larmes. Je m'autorisai à pleurer. Mais cette fois-ci, c'était de joie. Certes, ce n'était peut-être pas le jour pour le faire, mon maquillage allait probablement être ruiné. J'avais tout simplement besoin d'extérioriser.

J'aurais tant aimé qu'elle y participe physiquement, qu'elle me voit passer l'anneau à Olivia et qu'elle pleure de joie avec moi. Qu'elle me dise que sa petite fille était devenue la femme de quelqu'un.

J'aurais tant aimé qu'elle rencontre ma femme, parce qu'elle l'aurait adorée. Mais je savais qu'elle n'était pas étrangère à tout ceci. C'était ma mère qui l'avait mis sur ma route. Sans elle, je n'aurais jamais fait sa rencontre et peut-être n'aurais-je jamais connu le bonheur à nouveau.

Au loin, je vis mon père s'approcher.

Une fois à mon niveau, il me caressa l'épaule.

— Elle doit être tellement fière de toi, dit-il en s'asseyant à mes côtés.

— De nous. Elle doit être fière de nous, Papa. Tout ça, c'est grâce à vous deux.

— C'est grâce à toi, ma grande. Tu es l'unique responsable de ton bonheur. Tu as rencontré une femme formidable parce que tu es restée toi-même. Tu es devenue l'une des plus grandes actrices parce que tu t'en es donnée les moyens, tu as travaillé dur pour en arriver là.

Mes yeux emplis d'amour et de gratitude - et de larmes - se posèrent sur lui. Il fut très ému, lui aussi.

— Mais tu sais ce qui est le plus important ?

Je secouai la tête.

— C'est que tu es restée vraie. Tu n'as pas cherché à jouer de rôle, à prétendre être quelqu'un d'autre. La célébrité ne t'a pas changée. Nous en avons douté au départ, avec ta mère. Mais tu es restée la même, tu es restée notre petite fille.

En débutant dans le métier, j'avais peur de ne pas pouvoir gérer, de m'effacer, de leur faire du mal. Alors de l'entendre me dire qu'il n'en était rien, j'étais soulagée.

Ma tête posée sur l'épaule de mon père, je profitai et me concentrai sur le bruit lointain de la fête. Je pensai à ce que j'avais bâti, à mes victoires, mes échecs. Tout ce qui avait fait que j'étais devenue cette femme épanouie. J'étais reconnaissante pour tout ce qui m'était arrivé, en bien ou en mal. Parce que cela m'avait construit. Sans tous ces échecs, tous ces moments de doutes et de remise en question, je n'en aurais pas été là.

Soudain, j'entendis les invités crier mon prénom pour que je les rejoigne, me sortant au passage de mes pensées.

Mon père les pointa du doigt en rigolant.

— Tu devrais les rejoindre, ma grande.

Alors je l'écoutai.

J'essuyai mes larmes et me redressai.

Puis je m'avançai et m'arrêtai face à eux.

Devant tous ces gens, je souris fièrement.

FIN

L'amour, malgré toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant