Chapitre 20

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Le trajet en voiture fut long et stressant. Plus les kilomètres passaient, plus l'angoisse grimpait. Ne pouvant y résister, je m'emparai du paquet de cigarettes enfoui au fin fond de mon sac.

— N'y pense même pas.

Je lançai un regard vers Jen, avant de positionner une cigarette sur le bord de mes lèvres. Immédiatement, elle me la retira.

— Tout va bien se passer, donc arrête ça.

— Ça va être un carnage et tu le sais très bien. Je ne comprends même pas que tu aies pu accepter une telle chose.

— C'est ton métier, Klara. Faut-il vraiment que je te le rappelle ?

Je soupirai parce que je savais qu'elle avait raison.

Le film fut un immense succès. Chaque demande de la part d'une grande chaîne de télévision pour m'avoir aboutissait sur un refus. Jen en était exaspérée, c'est pourquoi j'avais décidé de lui faire plaisir. Elle se démenait pour moi, pour me dénicher les meilleures opportunités, et moi j'agissais comme une gamine capricieuse. J'avais mes raisons, certes. Mais, parfois, il fallait que je me plie à ses volontés. J'étais chanceuse de l'avoir à mes côtés en tant que représentante, et surtout en tant qu'amie. Je me devais de lui montrer que, même si je pouvais me montrer de temps à autre récalcitrante et têtue, je savais être professionnelle.

Néanmoins, je le regrettai quand même. Je ne voulais pas le faire, je ne voulais pas y aller.

Nous nous dirigions vers un plateau de télévision où j'allai être rejointe par Adele et Fabian. Je n'avais plus jamais eu de contacts avec eux, hormis des quelques messages cordiaux. Au début ils avaient enchaîné les excuses. Après ils avaient très vite compris que c'était inutile. Du temps. J'avais besoin de temps pour digérer leurs paroles et peut être, un jour, leur pardonner.

D'après Jen, nous étions - apparemment - invités pour parler du succès du film. Oui, ça l'était. Mais nous savions très bien que ce n'était qu'un prétexte. Je n'avais juste pas le choix que d'aller affronter ceux qui me répugnaient tant et qui n'avaient pas hésité à me condamner avant même d'avoir la vérité, que de toute façon je ne comptais pas leur donner. J'avais tout fait pour l'éviter, mais ce ne fut pas suffisant. Pas avec Jen sur le dos.

— Et s'il-te-plaît, arrête de faire la gueule, me lança Jen en me sortant par la même occasion de mes pensées.

Un sourire hypocrite aux lèvres, j'observai la ville défiler sous mes yeux.

— Tu vois, tu es tellement plus belle quand tu souris.

— Moque-toi encore une fois de moi et je sors tout de suite de la voiture, ok ?

— Madame est susceptible.

— Madame te déteste.

— Ouch.

La main posée sur le coeur, elle fit mine d'être blessée. Même si je ne le voulais pas, je ris de bon coeur. Puis elle posa tendrement celle-ci sur ma cuisse et me répéta :

— Ça va aller.

Un dernier regard en direction de Jen, restée bien au chaud dans les coulisses pendant que je m'apprêtai à affronter la tempête. Donnant l'illusion d'être sûre de moi, j'attendais le début de l'émission, lorsqu'une voix que je connaissais bien m'interpella.

— Klara, on peut parler une minute ?

Fabian et Adele se trouvaient face à moi. Embarrassés, ils ne savaient pas vraiment comment réagir, s'il fallait me sourire à pleines dents ou plutôt adopter un air sérieux. Le mélange était quelque peu étrange.

L'amour, malgré toutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant