Chapitre 16

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Caleb

  Emy a disparu depuis un bon moment, alors je décide d'aller jeter un coup d'œil dans sa chambre.

    Je suis surpris de la voir sortir de sa chambre accompagnée du psychiatre. En même temps, ça ne peut pas lui faire de mal de parler à quelqu'un.

    Alice descend l'escalier au même moment. Elle serre les poings, fronce les sourcils et son regard se noircit. Je ne remercierai jamais assez Samuel de sortir du bureau et de venir en cuisine au même moment. Il pose les yeux sur Alice et s'approche d'elle.
   
    — Chérie, arrête ça.

    Elle tourne la tête et son regard se déporte vers Samuel.

    — Non !

    — Au moins t'as retrouvé ta langue, la taquine-t-il.
   
    Un trop plein d'émotions la prend en grippe, elle explose en pleurs et Samuel la prend dans ses bras.
   
    — Je veux qu'ils partent ! sanglote-t-elle.

    — Chérie, je sais que c'est compliqué.

    — S'il te plaît, Tonton, je veux qu'ils partent, tous...

    — C'est pas la formulation, c'est juste impossible.
   
    — Jeveqilpartetousjevepasqilrest ! s'emporte-t-elle.
   
    — Alice, arrête ça ! C'est pour te protéger qu'ils sont là. Tu sais qu'ils sont là pour empêcher les amis de Stan et Mike de venir te faire du mal.
   
    Elle se met à trembler et baisse la tête.

    — T'es fâché...

    — Je suis pas fâché, Chérie. Je veux que tu cesses de te comporter comme une enfant. Va regarder un film et calme-toi.
   
    Samuel l'accompagne jusqu'au canapé et lui allume la télé. Il sait la raisonner, c'est peut-être bien lui qui me permettra de me rapprocher de ma sœur.

    Un reniflement attire mon attention. Emy sort de la maison en pleurant. Je la rattrape et la serre dans mes bras.
   
    — Elle m'a crié dessus...

    — Je suis désolé, Esme. Ça va aller. Elle acceptera de passer du temps avec toi. Elle a besoin de temps.
   
    — Je veux rentrer... je veux plus rester ici...
   
    Les yeux remplis de larmes, elle s'écarte et se dirige vers la terrasse, je reste à côté d'elle.

    Les visages se transforment tous, d'un simple regard posé sur Emy, tout le monde s'inquiète. Elle s'arrête à droite du Prés'.
   
    — Je veux rentrer !

    Elle s'affirme en même temps que son corps entier tremble, apeuré. Tilgman se lève.
   
    — Que se passe-t-il, Gamine ?

    — Je veux rentrer ! Elle m'a encore crié dessus pour rien, elle est pas gentille avec moi...
   
    Pour la première fois, je vois cet homme qui nous engueule et nous recadre en permanence être affectueux envers une autre personne que sa régulière.

    Avec maladresse, il referme ses bras autour d'Emy et la console. Elle pleure de très longues minutes contre lui et quand elle se calme, il essuie ses larmes.
   
    — On va aller discuter dans ta chambre, juste tous les deux.
   
    Il ne lui laisse pas le choix, il l'informe et elle accepte sans geindre.

    Ne pas être capable de la rassurer m'emmerde, la situation m'emmerde, tout ce qu'il se passe actuellement m'emmerde. La relation entre mes sœurs n'aurait jamais été si difficile sans Mike...
   
    J'ai besoin d'arrêter de penser, je dois prévenir Rider, alors j'ignore les regards des frangins et sans un mot, je me rends à la salle de sport. Les triplés sont en plein entraînements, Rider soulève des poids. Je m'approche de lui et il repose la barre.
   
    — Emy est avec le Prés'. Alice vient de crier donc Emy a mal réagi. Ils sont dans votre chambre, elle veut rentrer à Austin donc le Prés' l'a emmenée discuter à part.
   
    Je ne reste pas plus longtemps et me dirige dans le troisième coin de la salle pour utiliser les sacs de frappe. Je protège mes mains avec des gants, ce n'est pas le moment de me fracturer quoi que ce soit. Alors que mon premier poing s'abat dans le cuir du sac, Dimitri m'interrompt.
   
    — Veux-tu qu'on aille dans la salle de boxe pour discuter et se défouler ?
   
    J'acquiesce, cette pièce est bien isolée, la porte en verre est le dernier rempart, elle empêche les sons de passer, nous pouvons parler en toute liberté sans craindre que quelqu'un entende.

    Je me sépare de mon cuir et monte sur le ring. Dos à moi, Dimitri retire son tee-shirt et une vague de chaleur se déplace jusqu'à mon entre-jambe.

    Ça aussi c'est la merde...

    Je détourne les yeux afin qu'il ne remarque pas que je le mate. Il attrape ses gants et me rejoint avec un coussin de frappe. 
   
    — Tu veux parler ou juste te défouler ?
   
    — Les deux.

    Il pose les gants et garde le coussin. Mes poings s'enfoncent dans le coussin une dizaine de fois avant que je ne me décide à l'ouvrir pour confier ma douleur. 
   
    — Mike n'aurait jamais dû les séparer ni nous séparer ! On aurait dû grandir ensemble ! Il les a brisées !
   
    Mes coups sont plus violents, Dimitri vient de reculer d'un pas.
   
    — Comment un monstre peut-il exister ? Pourquoi elles ? Pourquoi mes petites sœurs ? Elles ne méritent pas d'avoir vécu autant d'horreur. C'est immonde, des adultes ont profité de leur innocence.
   
    Ma gorge se noue, incapable de continuer à parler. Alors je ne fais que frapper pour évacuer les tensions de mon corps. Je déteste voir Emy pleurer et à côté, qu'Alice soit terrorisée par notre présence me fait tout aussi mal. Ni l'une ni l'autre ne devrait être dans cet état aujourd'hui.

    À l'instant présent, une seule personne me vient en tête, notre mère biologique est la seule responsable. Si les souvenirs d'Emy sont véridiques, tout est sa faute. Pour se droguer, elle a fait revenir Mike dans la vie de mes sœurs dès qu'il est sorti de taule. S'il était resté plus longtemps, notre père aurait peut-être pu les sortir de cet enfer avant même qu'il ne commence.
   
    — Comment Mike peut-il partager notre sang ? Ça me détruit de savoir qu'il a sacrifié ses nièces pour de l'argent. Le pire c'est que je n'aurai jamais de réponse puisqu'il est mort.
   
    Je ne me rends compte qu'à cet instant que mes joues sont humides, tout est flou autour de moi. Mes bras retombent le long de mon corps puis je me débarrasse des gants.
   
    — Si t'as besoin de parler à quelqu'un d'autre, le psy est là aussi. Il avait proposé à Anthony qui était dans la même situation que toi de faire quelques séances pour ne pas laisser les remords prendre trop de place, me propose Dimitri.
   
    — Ça ira, merci. De t'en parler m'a suffi.

    — Tu me préviens si t'as besoin qu'on se remette un peu à l'écart.

    Je hoche et il sort. Je vais prendre une douche puis j'irai m'aérer l'esprit dans la forêt, ça me fera du bien.


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Que cette situation est compliquée pour tout le monde... 🥺

C'est aussi difficile pour Alice que ça ne l'est pour Emy 😣

Dimi toujours présent quand il faut 🥰



Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 🤩



À bientôt pour le prochain chapitre 😁



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By-Cœurs 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant