By-Cœurs 5

Chapitre 5

Caleb

    Tilgman vient d'annoncer officiellement aux autres que ma deuxième petite sœur est bien vivante. Il m'en a informé mardi et depuis c'est une torture de patienter pour aller la rencontrer.

    Si le Prés' vient de le dire, c'est qu'Emy est au courant. Rider m'a prévenu qu'il ne lui en parlerait pas avant la dernière pause parce qu'elle serait beaucoup trop impatiente de la retrouver.
   
    D'un simple regard vers la voiture, je vois les larmes sur ses joues alors je les rejoins.
   
    — Ça va, Esme ?

    — Oui. Tu sais qu'elle s'appelle Alice maintenant ?
   
    Le grand sourire qu'elle affiche me rassure, la nouvelle est acceptée. Le changement de prénom m'a surpris quand le Prés' me l'a précisé, j'espère obtenir des réponses sur les raisons dans les prochains jours.
   
    — Oui, j'ai appris ça. Tu aimes bien ?

    — C'est joli. ‒ Elle tourne la tête vers Rider. ‒ Est-ce qu'on peut repartir ?

    — C'est au Prés' qu'il faut demander.

    — TTTTTIIIIILLLLLGGGGGMMMMMAAAAANNNNN ! hurle-t-elle sans que nous n'ayons le temps de protéger nos oreilles.
   
    Les frangins et les régulières se marrent, le Prés' lui fait les gros yeux et cède.
   
    — Je t'ai déjà demandé d'arrêter de crier et de te déplacer, lui rappelle-t-il.

    — Est-ce qu'on peut repartir ?

    Elle se moque de sa remarque, elle veut partir un point c'est tout. Amusé, il lève les yeux au ciel.
   
    — Dans dix minutes on décolle.

    — Maintenant ?

    — Il faut tout ranger, donc dix minutes.

    — D'accord... souffle-t-elle.

    Il rit en partant. Rider suggère à ma sœur de repromener Smithers pendant que nous rangeons.

    Nous arrivons en milieu d'après-midi, la superficie des bâtiments et du terrain avec la forêt derrière m'impressionne. Je suppose qu'elle leur appartient. Leur parking est aussi grand que le reste. Après avoir stationné ma bécane, je rejoins Rider.
   
    — Elle refuse de sortir et préfère rentrer chez elle, m'informe-t-il.

    — Je vais la voir.

    Les bras croisés, elle se fait toute petite dans son siège pour ne pas se faire remarquer. J'ouvre la portière, elle m'ignore.
   
    — Que se passe-t-il ?

    — Je préfèrerais rentrer à ma maison, s'il te plaît.

    — Ça, Esme, ça ne va pas être possible. Tu as peur de rencontrer Alice ?

    — J'ai peur mais pas de rencontrer Alice.

    — De quoi as-tu peur ?

    Elle pointe du doigt des chevaux plus loin. Au même moment, une jeune femme arrive sur le dos d'un cheval de trait qui paraît particulièrement grand.
   
    — Je vais voir ce que je peux faire.

    Smithers, toujours à l'arrière, se met à grogner puis à aboyer sur l'équidé. Gunner approche avec un sourire d'emmerdeur.

    — T'es pas belle quand tu boudes.

    Offusquée, elle fronce les sourcils.

    — Allez Emy, dis-moi ce qui te tracasse.