By-Cœurs 5

Chapitre 10

Gunner

La salle dans l'enceinte du club est géniale. Depuis mardi, j'y viens tous les jours. Depuis mardi, je remarque aussi l'évolution de la rudesse des coups de Simon dans les sacs de frappe. Les cernes sous ses yeux et ceux d'Elise en disent longs sur son état psychologique qui impacte son sommeil.

Alors après ma séance, je lui tiens le sac, sans parler, juste pour lui permettre de se défouler plus violemment. Je crois qu'il est venu ce matin déjà et pourtant, il en a de la force pour cogner. Son regard se noircit, ses coups sont plus puissants.

D'après la messe de ce matin, son enfance se révèle aussi compliquée que celle d'Emy. Jusqu'à présent, il n'avait lâché aucune info sur la raison de sa violence. Quand j'ai entendu que Mike était le directeur de l'orphelinat dans lequel il a grandi, j'ai saisi que sa violence venait de là. J'ai aussi entendu Maxime avant-hier dire à Simon qu'il fallait qu'il parle à leur père pour ne pas péter à nouveau un plomb comme l'an dernier. Il en a gros sur la patate et il s'enferme sur lui-même, la situation ne pourra que dégénérer.

Le voile de violence disparaît du regard de Simon, il me remercie et s'éloigne, comme si rien ne venait de se passer. Si je lui permets de garder son calme, c'est déjà ça.

Je file prendre une douche et retrouve ma petite étudiante dans la chambre. Lunette sur le nez, ordinateur sur les genoux, casque sur les oreilles, assise en tailleur sur le lit, elle mâchouille son crayon. Elle retire son casque lorsque je ferme la porte.

— T'as l'air fatigué, bébé.

— Je viens de faire une séance de sport.

Heather m'embrasse et je me pose à côté d'elle pendant qu'elle termine ses cours de la journée.

— Bébé, je vais aller prendre l'air. Tu restes dormir encore un peu ?

— Je ne dors pas, je me repose cinq minutes, affirmé-je.

— Les fameuses cinq minutes qui s'écoulent en une heure et quart.

J'ouvre les yeux et constate qu'il est presque dix-huit heures. Je décide de ne pas rester plus longtemps allongé.

Nous allons en terrasse et je vais chercher deux cafés auprès de prospect derrière le bar. Je m'assois et observe Elise se précipiter du toit pour descendre les marches en courant. Elle arrive à notre niveau et se réfugie à côté de Dimitri, il sait autant que nous qu'elle vient de faire une connerie.

— ELISE ! gueule un de ses frères de l'autre côté de la maison.

— Qu'est-ce que t'as fait, Princesse ?

— Rien, c'est pas ma faute, il aurait pas dû être là, y avait personne quand j'ai essayé et je l'ai pas vu quand j'ai recommencé.

Tom passe derrière et lui embrasse le crâne.

— Max va te tuer Trésor, et tu assumeras ta connerie jusqu'au bout.
Elle s'enfonce dans sa chaise sous le regard protecteur de Dimitri, personne ne lui fera le moindre mal s'il est présent. Le principal concerné se pointe, les cheveux et les vêtements jaunes.

— Tu sais que je t'aime bien, Sweetheart, mais alors là... s'impatiente-t-il.

— Pourquoi t'étais sur ma terrasse aussi ? Je faisais des essais, t'avais rien à faire là !

Nous sommes interrompus par les hennissements et les sabots des chevaux qui tapent le sol.

— Itchy ! le gronde Elise.

Aussi vite que pour descendre les escaliers, elle se lève et lance une carotte avant de courir rejoindre les deux équidés qui vont se battre.

— Appelle Kansas pour qu'elle ne s'approche pas ! ordonne-t-elle à Simon.

Il utilise la carotte comme appât, la pouliche s'approche et il la garde avec lui. Pendant qu'Itchy se lève sur ses pattes arrière, Iowa, qui se veut bien plus impressionnant physiquement, recule de peur. Elise est inconsciente d'intervenir. En un coup de sabot, elle pourrait avoir une blessure grave.