20 octobre

620 91 15
                                        

Docteur Lawftkiz

  Neymar m'a prévenu que la séance d'aujourd'hui risquait d'être compliquée avec Alice. Le club va recevoir pas mal de monde et elle refuse déjà que les deux premiers arrivés lundi restent plus longtemps chez elle.
   
    — Bonjour Alice, comment ça va aujourd'hui ?
   
    — Bonjour...

    Elle n'a pas le moral. Depuis un peu plus d'un an maintenant, elle est ma patiente, je la connais très bien, je sais amener les choses.

    Je lui demande de patienter dans la chambre d'ami, qui sert de salle de consultation le mercredi, pendant que je discute avec son père.
   
    — Elle t'a déjà parlé d'une fille restée où elle vivait avant l'orphelinat ? m'interroge-t-il.
   
    — Oui, ça me parle.

    — Nous l'avons retrouvée, c'est elle qui arrive vendredi. Je ne lui en ai pas parlé pour que tu sois là, par sécurité. Et nous devons l'informée que c'est sa grande sœur.
   
    Donc Alice va devenir une bombe émotionnelle. La séance s'annonce intéressante aujourd'hui.

    Nous entrons dans la pièce et je constate qu'Alice se braque déjà. Elle dessine, le siège tourné face au mur, c'est sa façon de me dire qu'elle ne me parlera pas aujourd'hui. En général, il suffit que je lui parle de son chien pour que sa langue se dénoue toute seule.
   
    — Pongo n'est pas avec toi aujourd'hui ?

    — Non parce que je l'ai emmené à la rivière avec Elise tout à l'heure et il s'est endormi au soleil mais j'avais mal aux yeux alors je l'ai laissé dehors et moi je suis rentrée, alors il doit encore faire la sieste.
   
    La séance va pouvoir commencer. Enfin, presque. Alice fixe son père qui est assis sur le lit.
   
    — Là, je vais faire ma séance.

    Elle ne demande jamais à quelqu'un de partir, elle lui démontre pourquoi elle est occupée, la personne doit comprendre d'elle-même qu'il faut la laisser.

    — Je sais, c'est pour ça que je suis là.

    — Non, normalement tu n'es pas là.

    — Je sais. Je dois te parler des prochains jours, explique Neymar.
   
    — Ils s'en vont enfin tous les deux ?

    Il ne faut rien changer dans ses habitudes, donc normalement son père ne doit pas être ici avec elle. Normalement les deux hommes arrivés lundi ne devrait pas être chez elle. C'est un besoin pour elle que tout soit identique semaine après semaine. Je n'ai pas pris de semaines complètes de vacances depuis qu'elle est ma patiente, le mercredi elle doit me voir à quatorze heures.
   
    — Non, ma Chipie. C'est le contraire. Il y a d'autres personnes qui vont arriver vendredi.
   
    — Non !

    — Tu n'as pas le choix. Tu te souviens quand nous sommes partis plusieurs jours en avril ? C'était pour te protéger. Aujourd'hui c'est pareil, ils viennent nous aider pour te protéger. Toi, Pauline et Pablo aussi.
   
    Elle baisse la tête, elle a conscience que c'est important, pour autant, cette situation ne lui convient pas du tout.
   
    — Et il y a autre chose. Tu te souviens de la fille qui était avec toi avant que tu arrives à l'orphelinat ?
   
    — Oui ?

    Elle relève la tête et fixe son père. Soucieuse, elle appréhende les mots qu'il va prononcer.

    — Elle va venir aussi, nous l'avons retrouvée et nous allons la protéger.

    — NON !
   
    Alice se lève, fâchée elle veut fuir. Neymar la rattrape et je découvre ses yeux remplis de larmes.
   
    — Explique-nous pourquoi tu ne veux pas ?
   
    Elle sait que si je lui demande d'expliquer, elle obtient toute l'attention et que je ne bougerai pas sans avoir obtenu de réponse. Elle s'installe sur les genoux de son père qui sèche ses larmes.
   
    — Alice, reste avec moi, ne plonge pas dans tes pensées, lui rappelé-je, comme à peu près dix fois par séance.
   
    — Je veux pas qu'elle vienne !

    — Pourquoi ? Explique-nous ce que tu ressens.
   
    — T'es mon papa.

    J'attendais le moment où elle ferait l'enfant, c'est maintenant. Quand Neymar est dans la même pièce qu'elle, je retrouve un comportement enfantin, une façon de se sentir en sécurité. Avec Maxime, sa relation est différente, elle est plus mature avec lui.

    — Bien sûr, ma Chipie.

    — Je veux pas que tu sois aussi son papa...
   
    — Qui a dit ça ? Ce n'est pas parce qu'elle vient ici, que je vais l'adopter comme je l'ai fait avec toi. Elle vient, nous la protégeons le temp nécessaire et ensuite elle retournera chez elle.
   
    Comme elle reste calme, j'annonce le dernier détail puisqu'avec Alice, il vaut mieux qu'elle sache tout pour ensuite séparer les informations puis lui réexpliquer.
   
    — Cette fille qui vient vendredi, tu as un lien avec elle.
   
    — Oui Mike.

    — Oui, c'est vrai mais pas que. Il y autre chose. Tu es sa petite sœur. C'est ta grande sœur biologique. Vous avez les mêmes parents. 
   
    Sa limite est atteinte, c'est trop pour elle. Le reste de la séance s'annonce plus complexe, je vais avoir du mal à la faire exprimer son ressenti.
   
    — Veux-tu que j'aille chercher Pongo ? proposé-je.
   
    Elle acquiesce, blottie dans les bras de son père. Lorsque je reviens, Neymar lui rappelle qu'il l'aime et que ce n'est pas cette visite qui changera quoi que ce soit. Pongo monte sur le lit et réconforte sa maîtresse.
   
    — Si elle vient, je veux pas que ça soit ma sœur, c'est Elise ma sœur.

    D'un simple regard, Neymar et moi sommes d'accord, nous ne la bousculerons pas davantage aujourd'hui, j'en reparlerai avec elle à la prochaine séance.
   
    — Je peux voir Maxou ? quémande-t-elle.

    — Veux-tu arrêter la séance ?
   
    Elle hoche la tête et quitte les bras de son père. Parfois un changement dans son quotidien nécessite de faire durer la séance et d'autres fois, comme à l'instant, elle a besoin de prendre du recul et il arrive qu'elle me téléphone le lendemain pour en rediscuter.

    Vu le montant que les Whisperers me verse pour chaque séance à domicile, je suis disponible à n'importe quelle heure du jour et de la nuit.
   
    Je note les dernières informations puis sors voir si ma prochaine patiente est prête. Aaron descend tout juste l'escalier, Pauline bâille dans ses bras. Le temps qu'elle prenne son goûter, elle sera plus réveillée.


........................................................................

Vous le sentez le carnage émotionnel qui va suivre ? 🫣



Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 🤩



Bon week-end à vous ☀️

À lundi pour le prochain chapitre 😁



.

By-Cœurs 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant