By-Cœurs 5

Chapitre 19

Simon

    Demain nous serons en novembre. Ce mois, je le redoute bien plus que l'an dernier. Les cauchemars s'intensifient en nombre et en violence. Mon cerveau me remémore chaque détail tout au long de la journée. Je n'ai plus de répit. Je lutte le plus longtemps possible contre le sommeil. Je suis épuisé. Sans parler d'Elise qui passe ses nuits à peindre et dort quand je vais me défouler à la salle.
   
    La voix de mon père me sort de mes sombres pensées :
   
    — Pose ce couteau, tu vas finir par te blesser à force d'être sur les nerfs comme ça.
   
    Je plie mon canif et le glisse dans ma poche. Je me souviens que j'étais en pleine vidange quand j'ai eu besoin de le prendre en main... nous serons bientôt en décembre, tout ira mieux.

    Mon père s'approche de moi et pose ses mains sur l'aile du 4X4.
   
    — Il faut que tu parles à quelqu'un. Je suis là, tes frères, le psy, tes oncles aussi. Je me fiche que tu préfères te confier à quelqu'un d'autre que moi, Simon. Tu dois arrêter de t'enfoncer comme tu le fais. Tu te fais du mal et tu en fais à Elise. Arrête de te croire seul, on est là pour toi.
   
    — Je n'arrive pas à en parler. Ce n'est pas une question de me croire seul ni de volonté, les mots ne sortent pas quand j'essaye, avoué-je.
   
    — Écris ces mots dont tu parles. Je peux tout entendre, je sais que Mike vous a forcés à faire beaucoup de choses que vous vouliez pas, ais pas honte d'en parler. Tu étais un enfant, il t'a utilisé pour s'amuser.
   
    Je sais qu'il jouait avec nous, sauf que cette fois-là n'avait rien à voir, j'avais les choses en mains, j'ai déraillé...
   
    — Si tu sens que tu as besoin de te défouler, va à la salle, mais frappe pas un frangin.
   
    — Je ferai attention à ne blesser personne.
   
    — Elise va venir te voir, lave tes mains. Elle va te détendre, termine-t-il accompagné d'un clin d'œil.
   
    Heureusement que Max va mieux depuis ces derniers mois. Je m'éloigne de lui en ce moment... enfin, je m'éloigne de tout le monde. Je passe des heures à cogner le sac de frappes.

    En soirée, j'arrive à rester avec mes frères et Elise au salon, toutefois, je ne suis pas présent mentalement. Je lutte pour ne pas sombrer devant eux pendant deux petites heures...

    Je suis en train de détruire tout ce que j'ai, comme toujours... je suis incapable de rendre le sourire à Elise, je vais la perdre à force. Si l'an dernier elle a réussi à me supporter pendant ce mois de merde, je doute que cette année elle encaisse aussi bien. Et si elle y arrive, elle craquera l'an prochain parce que mon comportement ne fera qu'empirer.
   
    Elise entre par la porte arrière et m'offre un doux sourire qui me soulage. Je dois profiter d'elle tant que notre couple supporte cette situation.
   
    — Es-tu disponible ? J'ai une petite surprise.
   
    Je l'embrasse pour la remercier et nous rejoignons le jardin. Je souris en découvrant l'ambiance détente autour du jacuzzi. Des bougies, des lanternes rouges et des draps sur les vitres en verres transparents.

    À l'intérieur, mon regard s'attarde sur le plateau de nourriture. Ça doit faire deux jours que je n'ai pas mangé autre chose que la salade de fruits qu'Elise me prépare au réveil.
   
    J'enfile mon maillot de bain et m'installe dans l'eau chaude. Elise s'assoit à califourchon sur moi et prend mon visage en coupe. Ses lèvres fondent sur les miennes, je retrouve sa petite langue mielleuse.
   
    Lorsqu'elle s'écarte, son regard plonge dans le mien.
   
    — Comment te sens-tu, Captain ?

    — Je n'ai pas envie de te mentir.

    — Alors ne me mens pas. Dis-moi la vérité, dis-moi comment tu te sens en ce moment, dis-moi de quoi tu as peur, je suis là pour toi et je le serai toujours.
   
    — Je me sens vide, je veux juste frapper tout ce qui se trouve autour de moi, j'ai envie de cogner tous les hommes qui s'approchent un peu trop de moi. J'ai peur de te faire souffrir, j'ai peur que tu ne supportes plus cette situation, j'ai peur qu'un jour tu ais peur de moi car je n'aurai pas su me contrôler. Je suis terrorisé à l'idée de vous perdre, toi et mes frères, parce que j'aurai été trop loin. Je ne sais même pas jusqu'où je suis capable d'aller quand je ne peux plus me contrôler car il y a toujours quelqu'un pour m'arrêter. Tu n'as pas idée d'à quel point ça m'effraie de perdre à nouveau le contrôle. Je limite la boxe avec mes frères pour ne pas dérailler alors que j'en ai besoin.
   
    Alors que mes larmes coulent, les siennes bordent ses cils. Elle enfouit son visage dans mon cou et je la serre dans mes bras. J'ai bien trop besoin d'elle...
   
    — N'oublie jamais que je t'aime et qu'il en faudra beaucoup plus pour que je t'abandonne, Simon.
   
    Elle dépose un baiser sur ma peau puis se redresse et ses pouces essuient mes joues. Elle attrape le plateau gonflable sur la chaise et le pose dans l'eau. Rempli de chips, charcuterie, bonbons, fruits, chouchou, boissons, il me donne faim.
   
    La soirée s'annonce parfaite, surtout qu'au milieu de la nuit, fatigue ou non, je trouverai l'énergie pour lui faire plaisir en cette nuit spéciale pour elle.

    Nous sommes rentrés prendre une douche vers minuit, le jacuzzi m'a fait un bien incroyable. Elise a même réussi à me donner un fou-rire.
   
    Notre film se termine alors que tout le monde est déjà couché, c'est l'heure.

    Nous allons dans le bureau de son père et je monte sur la chaise pour sortir du faux plafond les décorations de Noël. 
   
    Lorsque tous les cartons sont au sol, nous sortons les décorations une à une pour aller les installer. J'aime la voir aussi joyeuse. C'est si simple et pourtant elle ne pourrait pas être plus heureuse qu'à cet instant.
   
    Des guirlandes poussent un peu partout dans la maison, des bougies sont placées en hauteur, un village de Noël naît sur le buffet de la salle à manger. Les coussins du salon prennent une couleur hivernale et des plaids, dignes d'appartenir au Père Noël tant ils sont beaux, enjolivent les canapés. La rampe d'escalier et les portes des chambres reçoivent aussi leur décoration.
   
    À l'identique de l'an dernier, les prospects sont dans le coup. La façade de tout le bâtiment s'illumine aux couleurs de Noël. Du rouge scintille un peu partout. Des personnages se retrouvent suspendus au toit, un Père Noël grimpe le mur.
   
    Les prospects de chez les Cowboys sont stupéfaits et Elise, surexcitée, leur explique que le premier novembre, il faut tout installer pour attendre Noël.
   
    Elle me vole plusieurs baisers. Je lui ai promis d'être là tous les ans pour la voir dans cet état de folie.
   
    Lorsque nous retournons à l'intérieur, elle me dit d'aller au salon, je sais très bien qu'elle va préparer des chocolats chauds puis que nous nous endormirons dans les bras l'un de l'autre sur le canapé.

    J'espère que cette nuit les cauchemars sauront me laisser tranquille pour que je profite de ma copine et qu'on se repose, on a besoin de dormir autant l'un que l'autre.

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Difficile période pour Simon 🥺

Une idée de ce qu'il a fait pour être autant traumatisé par cette période ? 😔

Elise sait y faire pour le réconforter 🥰

Que je les aime ces deux-là ♥️

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 🤩

Bon lundi à vous ☀️

À mercredi pour le prochain chapitre 😁

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