By-Cœurs 5

Chapitre 28

Elise

    Je lis dans ma chambre lorsque mon oncle entre.
   
    — Je peux te déranger, ma Chérie ?  

    — Oui.

    — Comment ça va avec Simon ?

    — Je ne lui ai pas parlé depuis...

    Je n'ai qu'une envie, aller le voir et lui faire un câlin parce que si un cauchemar a pu le conduire à me faire mal, j'imagine que cette situation n'est que le reflet de son enfance... Sauf que tant qu'il restera en retrait à se défouler dans la salle de sport ou à se cacher dans la forêt, je préfère ne pas intervenir. Il a besoin de prendre de la distance pour réaliser qu'il a besoin d'aide.
   
    — Et pour toi, il a été trop loin l'autre nuit ? Tu penses lui laisser une autre chance ?
   
    — Comment ça une autre chance ?
   
    — Est-ce qu'il a atteint un point de non-retour qui fait que c'est fini ?
   
    — Non ! Pourquoi ? C'est ce qu'il t'a dit ? m'inquiété-je.
   
    — Non, pas du tout. Je veux connaître ton point de vue parce qu'il va pas bien et qu'avant de te demander un service, je veux savoir si ce qu'il a fait est pardonnable ou non. Je te forcerai pas la main, je peux comprendre qu'il ait été trop loin.
   
    — Je ne lui en veux pas. Je ne lui en voudrai jamais d'aller mal. Il doit juste accepter de voir Lawftkiz.
   
    — Tu voudrais bien aller le voir et le rassurer en lui disant la même chose ? J'ai réussi à le faire arrêter de boire ce matin. Il boit parce qu'il est sûr de t'avoir perdue et il s'en veut de t'avoir fait du mal. Je sais qu'il t'écoutera cette fois, m'informe-t-il.
   
    — Où est-il ?

    — Dans la forêt.

    — Tu pourras t'occuper de Pauline, elle devrait bientôt se réveiller.
   
    Il acquiesce et je file retrouver Simon. Il est hors de question que mon Captain imagine juste une seconde que ses cauchemars mettront un terme à notre couple.

    Il n'est pas responsable de ses agissements dans son sommeil. J'ai juste eu besoin de prendre du recul, de faire des recherches internet et maintenant, il va avoir du travail sur lui-même.

    Je vais garder des distances avec Simon quelques temps. Il doit tout d'abord réaliser jusqu'où il est capable d'aller sans pouvoir se contrôler. Puis Lawftkiz travaillera avec lui sur son comportement. Lorsqu'il aura avancé, nous pourrons discuter et s'il le souhaite, il me confiera les dernières pièces du puzzle.

    Je me doute que les garçons, mon père et mes oncles savent ce qui hantent Simon, pour autant, je refuse d'être mise au courant par eux. Simon m'en parlera quand il en sera capable et uniquement s'il désire que je sache.
   
    Plume ne me lâche pas, elle est collée à moi. Cette chienne sait toujours quand j'ai besoin d'elle. Elle ne m'a jamais abandonnée.

    Nous avançons dans la forêt et sans même vérifier les caméras, je sais très bien où se trouve Simon.
   
    Allongé sur sa banquette dans la cabane que je leur ai construite, plongé dans ses pensées, mon arrivée le surprend, il se redresse aussitôt.
   
    — Tu veux bien qu'on discute ? demandé-je.
   
    Son regard cherche mon poignet, il réalise que c'est lui le responsable. L'ecchymose est noire aujourd'hui, il devrait bientôt s'atténuer. 
   
    — Ouais, bien sûr.

    Il se lève et sort de la cabane. Cette cabane appartient aux triplés, j'ai dit que je n'y mettrai pas les pieds, alors c'est normal que nous allions discuter à un autre endroit. Je sens que dans les prochains jours il y passera beaucoup de temps.
   
    Nous marchons, dans le silence, Simon garde la tête baissée. Je ne veux pas qu'il croit que je lui en veux ou que je suis en colère. Alors, je m'approche et entremêle nos doigts. Son sourire apparaît, nous échangeons un regard complice, puis il se détend. Je le sens en pleine réflexion, préparer ses mots pour notre discussion.
   
    Nous arrivons au bord de la rivière et il s'assoit contre un arbre. Enfin, pas n'importe lequel, toujours le même depuis que nous sommes ensemble. Je m'installe face à lui tout en attrapant son autre main.
   
    — Je suis tellement désolé, Elise. Je m'en veux, tu n'as pas idée. Te faire du mal, c'est la pire chose que je pouvais faire.
   
    — C'est un accident, tu dormais. Je sais très bien que tu ne m'aurais jamais fait ça de pleine conscience.