By-Cœurs 5

Chapitre 11

Caleb

    Hier soir, Alice est venue à table, elle a ignoré beaucoup de monde, au moins elle était avec nous.

    Le plus étonnant reste le duel de regard qui s'est joué entre elle et Billy. C'est le seul qu'elle a observé. Pendant tout le repas, ils ne se sont pas lâchés.

    Ce matin, elle s'occupe des animaux avec Elise. Je reste en retrait pour la détailler. Ma petite sœur est en vie. J'ai encore du mal à le réaliser. Dimitri s'approche avec un sourire.
   
    — Elle viendra à toi, ce n'est qu'une question de jour.
   
    — Ouais, je sais. C'est juste frustrant, soufflé-je.
   
    — Tu sauras garder ton calme en apprenant tout ce qu'elle a subi ?
   
    — Je pense. J'espère surtout que ce n'est pas pire que le passé d'Emy.
   
    Il acquiesce et nous prenons la direction de l'Eglise. Simon se déchaîne sur un sac de frappe.
   
    — Il va mal à cause de Mike ou autre chose ?
   
    — À cause de Mike mais des choses n'ont pas encore été dîtes, donc il se débat avec lui-même la nuit et la journée est un chaos complet dans sa tête.
   
    Chacun s'installe au fur et à mesure et les Présidents arrivent en même temps. Le trio d'inséparable est sur les nerfs, Simon joue encore avec son couteau qu'il pointe dans son index.
   
    Taylor lance l'audio d'Emy qui raconte sa vie sous le contrôle de Mike et de son meilleur ami dont nous ignorons toujours le nom. Les cages dans lesquelles Emy et Romy vivaient. Les parents impuissants, enfin notre mère qui se droguait pendant que notre père avait un bracelet à la cheville pour ne pas les sortir de là. Les deux ont fini décapités devant ma petite sœur et les têtes sont restées un moment devant elle. Puis l'histoire de la peluche, de la soi-disant mort de Romy. Mike l'a formée avec des fruits pour qu'elle prenne la relève pour se prostituer. Mike la faisait dormir dans un lit mouillé ou dehors en l'arrosant. Il l'emmenait voir des amis, il l'abandonnait à l'entrée d'un champ quand elle pleurait de douleurs à cause de la violence de ses amis.
   
    S'en est trop pour Simon qui abat son poing sur la table.
   
    — C'était quoi son but ? Détruire tous les gamins qu'il rencontrerait ?

    — Je t'interdis de dire qu'il nous a détruits ! intervient Maxime.

    — Vraiment Max ? Il nous a pas détruits ? Dix ans plus tard tu fais encore des crises d'angoisse ! J'en fais toujours des cauchemars ! On n'est pas détruits peut-être ? Regarde les filles leur état psychologique, les crises d'angoisse et de panique d'Alice, la peur de tout ce qui les entoure, l'état dans lequel elles ont été retrouvées ! On n'est pas des enfants détruits par Mike ? Regarde Pablo ! Regarde Pauline ! Traumatisés à cause d'une putain de fourchette ! Combien se sont suicidés dès qu'ils sont sortis du Bourreau parce qu'ils étaient détruits ? Et maintenant tu sors, tu vas faire une crise, termine-t-il, moins fort.
   
    J'aperçois les larmes dans les yeux de Maxime avant qu'il ne se mette debout. Anthony affirme qu'il gère en accompagnant son frère.

    — Quel faible, se marre Bell lorsque la porte se referme.
   
    Il ne faut qu'une demi-seconde à Simon pour se lever et attraper Bell par le colback pour le projeter contre le mur, le canif sous la gorge.
   
    — Traite mon frère de faible une seule fois encore et je t'égorge vif ! Tu n'as aucune idée de l'enfance qu'il a subi ! On a vécu la même chose qu'Emeline. Certes nous n'avons pas grandi dans une cage mais on y a passé du temps, on a aussi été enfermé dans un congélateur jusqu'à finir en réa ! J'ai pris des coups de marteau à m'en fracturer les os, viol, torture, violence, jour et nuit pendant dix ans ! Plus jamais tu ne dis qu'un gamin qui a survécu à Mike est faible !
   
    Samuel se rapproche, pose sa main sur la nuque de son fils puis lui chuchote quelques mots, ce dernier donne son couteau et sort sans un mot supplémentaire. Par contre je découvre le côté protecteur de Samuel.
   
    — T'approches pas de mes fils, leur adresse pas la parole, parle pas d'eux ou je t'étripe à mains nues !
   
    Tel père, tel fils, la menace coule dans leurs veines.