Chapitre 32

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Caleb

    Je décide d'aller voir Alice, pour l'instant elle m'accepte, tous les jours nous regardons un film au salon. Dès qu'il se termine, elle me fait comprendre que je dois partir en pointant la télévision du doigt et en affirmant : Le film est fini. Je regarde un autre film avec Emy dans la journée, je n'ai pas encore réussi à les faire regarder ensemble.
   
    J'entre dans la cuisine, Alice prépare sa pâte feuilletée. Elle ne me remarque pas tant elle se concentre. Je m'approche et son regard noir se pose sur moi, je l'ai surprise. Dès qu'elle me reconnaît, elle se détend et sourit.
   
    — Je t'avais pas vu.
   
    — Je m'en suis douté.

    Elle continue de lire sa recette, elle est minutieuse. J'ai déjà remarqué qu'il ne fallait pas la déranger, sinon elle se perd. Alors pour patienter, je me prépare un café.
   
    Après avoir mis la pâte au frais, elle m'observe puis monte. Elle redescend en fronçant les sourcils.
   
    — Viens.

    J'ai encore un peu de mal à saisir sa façon de communiquer. Nous allons donc à l'étage et elle me montre sa chambre. Sa bibliothèque est bien remplie de livre mais aussi d'origamis multicolores.

    Elle attrape une pile de magazine et s'installe dans son fauteuil de bureau. Je m'assois sur la chaise à côté et elle me montre ses albums Paninis. Elle en a bien trop, certains que je ne connais pas du tout d'autres qui sont partout en magasin. Quelques-uns sont terminés et pour la plus grande majorité, il manque peu d'autocollants. Et elle termine par ouvrir sa boîte de doublons, une quantité monstre d'images.
   
    — Il y en a un qui est sorti mais Papa il a dit après le confinement.
   
    — C'est normal, c'est dangereux de sortir au magasin en ce moment.
   
    — Non, il faut acheter sur le site internet.  
   
    Elle sait faire la chipie, elle prend mon téléphone pour m'emmener sur le site et me montre le magazine qu'elle souhaite.
   
    — Et là, tu peux prendre juste des paquets d'images. Quand tu achètes le magazine, il y a l'offre avec plein de paquets mais on n'a jamais tout.
   
— Tu voudrais que je te le commande, c'est ça le message ?
   
— Oui, parce que là j'en ai plus à faire.

    Lorsque la commande est validée, elle me saute au cou et me fait un câlin.

Pour la première fois, nous avons un contact physique plus important et il vient d'elle. Elle reste contre moi et pose sa tête sur mon épaule sans bouger durant de longues minutes.

Alice est une enfant, que ça soit avec son père, ses oncles ou maintenant moi, elle se comporte comme une enfant en recherche d'attention. Sa relation avec Maxime ne peut être comprise que par eux deux, ils se sont réconfortés dans leur souffrance à l'orphelinat et aujourd'hui, ils s'apportent une sérénité mutuelle. Le calme nous entoure, j'ai même l'impression qu'elle s'est endormie jusqu'au moment où elle me demande :
   
— Tu es mon frère ?
   
— Oui, je suis ton grand frère, confirmé-je.

    — Mais Tom et Aaron ?

    — Avant que j'arrive, comment les considérais-tu ?

    — Mes frères.

    — Il n'y a pas de raison que ça change. Qu'est-ce qui t'inquiète ?

    — Papa, il m'a adoptée, alors que toi c'est le même sang.
   
J'essaye de décortiquer sa phrase, rien de simple. Elle comprend que je suis son frère biologique et elle a peur de cette différence.
   
— Je suis ton frère biologique, Tom et Aaron sont tes frères adoptifs. C'est exact.
   
— Et après si il veut plus... marmonne-t-elle avant que des larmes ne coulent sur son visage.
   
Je lui propose d'appeler Neymar et elle acquiesce. Il ne tarde pas à arriver et s'assoit dans le fauteuil. Alice a besoin de plusieurs minutes pour se calmer.
   
— Tu peux m'expliquer pourquoi tu pleurais, ma Chipie.
   
— Toi c'est adoptif comme Tom et Aaron alors que lui c'est biologique alors après si tu veux plus...
   
Alors que je me répète sa phrase pour essayer d'y trouver un sens, Neymar a saisi la peur d'Alice.
   
— Ma Chipie, tu es ma fille, que ça soit biologique ou adoptif, ça ne changera jamais rien. On a fait tous les papiers, tu portes mon nom de famille, tout comme Elise et Tom. J'ai trois enfants, tu ne partiras pas. Caleb et Emeline ont un lien biologique avec toi, ça ne veut pas dire que tu changeras de famille. Aujourd'hui tu es ma fille, dans dix, vingt, cinquante ans, ça sera toujours le cas. Tom et Aaron ne t'aimeront pas moins non plus si tu passes du temps avec Caleb. Autant qu'Elise sera toujours ta sœur si tu te rapproches d'Emeline. Et je serai toujours ton papa.
   
— Samuel, Alex et Will toujours mes tontons.
   
— Exactement. Et là, je pense que tu vas faire une sieste parce que tu es fatiguée, ma Chipie.
   
Elle pose les pieds au sol et rejoint son lit. Neymar la borde et l'embrasse sur la tempe puis nous sortons. Elle ne pouvait pas mieux tomber que dans cette famille pour se reconstruire, ils prennent tous soins de ma petite sœur.

Nous descendons et j'informe Neymar que j'ai passé une commande pour Alice. Je ne voudrais pas qu'il pense qu'elle achète dans son dos.
   
— Elle est juste très douée, Aaron lui a déjà commandé, le colis devrait arriver dans peu de temps. Sauf qu'elle a tellement de double, qu'elle va toujours voir une autre personne pour avoir le même magazine en deux exemplaires. Maxime a découvert le pot aux roses en fouillant une boîte dans l'armoire. Elle pense nous berner alors on ne dit rien. Un coup elle demande à l'un, la fois d'après à l'autre. Elle a même gratté aux prospects plus d'une fois.
   
— Elle triche souvent ? demandé-je, amusé.

    — Juste pour ses albums Paninis, jamais rien d'autre. C'est pour ça que nous ne disons rien.
   
Il retourne dans son bureau et mon sourire s'agrandit. Elle m'a accepté dans son environnement, dans sa bulle. Sa chambre est une sécurité pour elle, alors avoir eu le droit d'y entrer, c'est énorme. 
   
— Qu'est-ce qui te rend si heureux ? m'interroge Dimitri qui vient déposer un colis sur la table, torse-nu.
   
— Je viens de passer quasiment une heure à discuter avec Alice, dans sa chambre.
   
— Il y a de quoi être heureux. Bière ?

    — Oui, merci.
   
Il en sort deux du frigo et je lui raconte à quel point elle m'a berné pour avoir ses magazines. Aaron et lui sont les premiers à lui passer des commandes régulières, il n'est guère surpris que je me sois fait avoir.

J'ai beaucoup de mal à garder les yeux sur son visage, alors quand il se retrouve dos à moi pour ranger un jouet qui traine, j'en profite pour détailler tous les muscles de son dos. Ce mec passe beaucoup de temps à la salle de sport... donc moi aussi depuis que je suis arrivé...


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Alice a vraiment sa propre façon de communiquer 😅

Elle sait faire la chipie pour obtenir ce qu'elle veut 😂

La situation est vraiment complexe pour elle 😔

Bah alors Caleb, un petit coup de chaud ? 🥵



Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 🤩



Bon mercredi à vous ☀️

À vendredi pour le prochain chapitre 😁



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By-Cœurs 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant