Simon
Je me réveille en sursaut, arrosé. Une migraine atroce me foudroie le crâne. Je me rallonge et cache mes yeux avec mon avant-bras.
— T'as une sale gueule, me somme mon père.
Je râle et me retourne, dos à lui. Je n'ai pas envie de discuter. Il en décide autrement en s'asseyant à côté de moi.
— Faut qu'on parle de tout ça, Simon. Tu peux pas continuer ainsi.
Je l'ignore et attrape la dernière bouteille qu'il me reste. Sauf que mes gestes pèsent lourds et mon père me la prend des mains avant même que je ne dévisse le bouchon. Il sort de la cabane et vide la bouteille par terre. Je me lève tant bien que mal et tangue jusqu'à lui.
— Rends-la, articulé-je, agressée par le soleil.
— Écoute-moi bien parce que je le répéterai jamais. Plus jamais d'alcool pour fuir tes problèmes. T'as fait de la merde, je t'assure que tu vas en chier pour te rattraper mais ça finira par aller mieux.
Lorsqu'il termine sa phrase, le flashback de la douleur que j'ai infligée à Elise me revient en pleine face.Sa voix apeurée, brisée, qui me supplie de lui relâcher le bras. Son regard effrayé lorsque j'ai réalisé ce que je venais de faire. Sa peau marquée par ma faute. J'ai commis l'irréparable.
— Ça n'ira jamais mieux, Papa. Elle ne voudra plus jamais m'approcher... Je lui ai fait peur, elle a eu peur de moi. Comment tu peux envisager une seule seconde qu'elle accepte d'être dans la même pièce que moi.
Les larmes coulent le long de mes joues et je m'effondre au sol. Mes jambes ne peuvent plus supporter toute cette douleur qui naît en moi.Je m'en suis pris à la fille qui m'aime malgré mon impulsivité, malgré mon enfance qui marque nos nuits à cause des cauchemars. Cette fille que j'ai brisé alors qu'elle ne mérite que de sourire à la vie. Comment je vais faire sans elle ?
Mon père est accroupi, il me garde contre lui.
— Simon, respire. Je te promets que ça finira par s'arranger.
Il peut le dire et le croire autant qu'il le souhaite, j'ai détruit la confiance d'Elise envers moi.
— T'aurais vu son regard, elle était effrayée. Elle ne voudra plus jamais de moi, murmuré-je incapable de parler plus fort sous peine de ne plus contrôler mes sanglots.
— Chut, respire.Au moment où mon père resserre ses bras autour de moi, je me sens en sécurité, il ne partira pas. J'ai le droit d'être un enfant détruit contre lui.
Alors je m'autorise à lâcher prise durant quelques minutes, je le laisse s'occuper de moi, me réconforter. Si Mike ne nous avait jamais maltraité, je n'aurais pas atteint ce point de non-retour. J'aurais vécu une enfance pleine d'insouciance. Sauf que c'était lui l'adulte, lui qui a joué avec nous, lui qui a encaissé de la thune en pariant sur nos capacités à encaisser la violence des adultes. Et aujourd'hui, je ne peux plus me contrôler.
Mon père me frotte le dos pour m'aider à respirer, il ne parle pas, il sait qu'à cet instant ça ne servirait à rien. Sa présence veut dire bien plus que n'importe quel mot.Depuis que je l'ai retrouvé, il n'a pas cessé de me montrer qu'il serait toujours là, en moins de deux ans il a fait bien plus que n'importe quel homme que j'ai pu croiser dans ma vie.
— Ça va mieux ? demande-t-il quand ma respiration redevient plus lente.
J'acquiesce, vidé de mes forces.— Je vais t'accompagner, tu vas aller prendre une douche, t'en as besoin pour te réveiller un coup.
Je ne rechigne pas et le suis, avec beaucoup de difficultés. Il marche à mon rythme, celui d'un cadavre ambulant. Je n'ai pas mangé depuis plusieurs jours, je n'ai avalé que de l'alcool, je ne dors qu'à cause de l'alcool, donc aucune nuit réparatrice.Je ne donne pas cher de ma peau pour les prochaines semaines. Une mauvaise impression me fait penser que cette année les cauchemars ne s'arrêteront pas en décembre...
Lorsque nous arrivons au niveau de la cours, mon regard ne quitte pas le sol, je n'ai pas n'énergie de supporter les regards désapprobateurs sur mon comportement.
Mon père me guide jusqu'aux douches communes du bâtiment des membres.
— Je reste juste derrière la porte, si ça va pas, tu me préviens.
J'acquiesce et me glisse sous l'eau chaude. Malgré tous les bousculements dans ma tête, une sensation de sécurité m'enveloppe dès que mon père entrebâille pour vérifier que je me sens bien, environ toutes les trente secondes.
Lorsque je sors, il me donne une assiette avec un sandwich, sûrement apportée par un de mes frères, et m'informe qu'ils ont un mec attaché à la cave, sur qui j'ai le droit de me défouler autant que je veux.Un brouillard obstrue mon cerveau, j'agis comme un automate sans me souvenir du moindre détail.
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Difficile période pour Simon 😣
Un papa comme ça ou rien 🫶
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 😔
Bon vendredi à vous ⛈️
À dimanche pour le prochain chapitre 😞
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By-Cœurs 5
RomansaCommencée le 1er septembre, terminée le 6 mars. By-Cœurs 5 est le tome 5. Ordre : The Cowboys of Hell By-Cœurs 1 By-Cœurs 2 By-Cœurs 3 By-Cœurs 4 By-Cœurs 5 Dans ce cinquième tome, les attentes seront bouleversées de manière inattendue. Les pe...