Et il y a eu Lui (MxM)

Chapitre 21- Diego

Diego

Nous venons de passer le panneau où est inscrit Forks, trois ans que je n'étais plus venu ici. En même temps, je n'avais plus de raison de mettre les pieds dans cette magnifique bourgade. Enfin si, mais le destin en a décidé autrement.

J'ouvre la fenêtre et regarde avec attention le paysage verdoyant défiler sous mes yeux entre les fous rires de Hailey et Malia. Un frisson me parcourt quand nous passons devant la devanture de la fameuse librairie. Elle m'a déclaré que son frère travaillait maintenant dans ce lieu, ça lui correspond tellement bien. S'il savait que j'ai l'exemple de son roman dans ma valise, que dirait-il ? Je suis sûr qu'il esquisserait un de ses magnifiques sourires, sourires qui sont toujours imprégnés dans ma mémoire. C'est pitoyable de s'accrocher à un souvenir.
En tous cas, je suis satisfait qu'il ait enfin un boulot qui lui convient, mais un peu moins de la personne actuelle qui partage sa vie. J'ai appris la nouvelle la dernière fois, quand Malia m'a gentiment demandé de me joindre à la fameuse petite fête organisée chez lui. Je suis resté béat devant l'information, les mots sont restés bloqués dans ma gorge pendant de longues secondes avant de pouvoir sortir une phrase complète.

Sincèrement, j'ai longuement hésité, tournant sans cesse les mêmes questions. Est-ce que c'est une bonne idée ? Comment va-t-il réagir en me voyant ? Mais en particulier, est-ce que le père de Nathan va bien le prendre ? Car à la fin de cet été-là, quelques jours après être rentré à Port Angeles, il m'a contacté disant que malgré qu'il m'apprécie, il préfèrerait que je ne cherche pas à avoir de contact avec son fils. Comme il m'a énoncé, c'était la parenthèse d'un été et que si jamais ça devait se savoir, il avait peur d'un conflit entre ses enfants. Il ne m'en veut pas, comme il l'a dit : " On ne décide pas quand ça nous tombe dessus, mais il faut aussi apprendre à abandonner quand c'est nécessaire". Ça dit bien ce que ça veut dire, oublier Nathan pour de bon. Pourtant presque toutes les nuits son image danse derrière mes paupières.

Cette situation a été compliquée pour moi, j'ai eu du mal à l'accepter. Alors, quand j'ai posté cette photo du lac de Crescent, je savais très bien que jouer avec le feu, au fond, j'espérais que Nathan ferait le premier pas et que ce fut ma surprise quand j'ai vu qu'il l'avait fait avec ce fameux message. Ses mots dictés dedans ont bien failli me faire flancher, il disait vouloir sauter dans sa voiture et me rejoindre, mais la vérité, c'est que j'en avais autant envie que lui. J'étais prêt, moi, à faire la route juste pour ressentir de nouveau sa chaleur, plaquer mes lèvres contre les siennes, planter mes dents à les faire rougir, faufiler mes doigts dans ses cheveux aux couleurs miel. Il n'imagine même pas à quel point il m'a retourné le cerveau. Mais dans les secondes qui ont suivi, les paroles de son père ont ressurgi comme un effet boomerang, rien que le fait d'avoir envie de le retrouver. Je faillais déjà à cette promesse faite. Alors le lendemain, j'ai transcrit des mots mensongers en lui disant : « Oublie-moi, c'est mieux comme ça », alors que derrière mon écran de téléphone, je hurlais en silence : « Je te veux, toi et personne d'autre. »

Par la suite, j'ai changé de numéro, car ma mère continuait à me harceler à coup d'appels malgré le fait que je l'avais bloqué. Elle arrivait à se débrouiller pour se procurer d'autres téléphones et je recevais plusieurs fois par semaine des appels de numéros inconnus, me laissant sur ma messagerie des paroles abjectes, et plus ça allait, plus ça montait crescendo. Elle avait décidé de me pourrir mon existence. Comment une femme qui a donné la vie peut-elle être à ce point si mesquine envers sa propre progéniture. Me sentant perdu, j'ai dû tout avouer à Evelyn, qui ne l'a pas mal pris, même si je sais que ça l'a peiné que je lui ai caché cette histoire. Finalement, elle s'en est occupée, je ne sais pas comment, mais quand j'ai voulu en savoir un peu plus, elle m'a seulement déclaré : « Ne t'inquiète plus, elle ne t'embêtera plus, je m'en suis assuré. » Depuis, je n'ai plus aucune nouvelle et je n'ai pas cherché à en savoir plus.