chapitre 22

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Diego est ici, planté à l'autre bout du jardin, face à moi, ses yeux sombres ancrés dans les miens. Je peux apercevoir sa mâchoire se crisper, même de loin. C'est ce que tu voulais que je t'oublie, non ? Pourtant tu es là et dans ma tête ça fulmine comme une mauvaise note. Je serre un peu plus ma prise sur la main de Damian, essayant au mieux de contenir mon trouble du mieux que je peux, mais les battements de mon cœur qui battent avec frénésie démontrent tout le contraire. Soudainement, un mal de tête me vrille les tempes, et je suis obligé de me les masser afin d'apaiser la douleur.

—Ça ne va pas mon cœur ? Me questionne mon petit ami.

—Si, si, très bien, je suis juste un peu fatigué, depuis hier on n'a pas arrêté et la nuit a été plutôt courte. Je vais aller chercher un doliprane pour stopper mon mal de crâne.

—OK, je t'accompagne.

—Non, pas la peine, reste avec les invités ; je n'en ai pas pour longtemps, lui assurai-je.

Laisse-moi...

S'il savait qu'à cet instant ce n'est pas sa présence que je souhaiterais à mes côtés, il serait vraiment peiné. Une fois à l'intérieur de chez moi, je pose ma paume de main sur mon torse afin d'expirer l'air de mes poumons. J'étais tellement happé par sa présence que j'en ai oublié de respirer correctement. Je m'oriente vers la cuisine, prend un verre, le remplit d'eau du robinet et l'avale d'une traite. Quand j'entends derrière des bruits de pas se diriger vers mon attention. Je n'ai même pas besoin de me retourner pour savoir que c'est lui, son odeur flotte autour de moi, comme s'il n'avait jamais vraiment quitté Forks.

—Salut Nathan !

Bordel ! sa voix, je me rends compte à quel point elle m'avait manqué. Des images surgissent d'un coup, me remémorant ses chuchotements proférés au creux de mon oreille lors de notre première fois. Je me rappelle parfaitement son timbre suave quand il scandait mon prénom comme une douce litanie.

Reprends-toi, Nathan, c'est du passé...

—Je n'aurais jamais cru que tu te pointerais, lâchai-je d'un air détaché tout en me retournant pour lui faire face, les mains cramponnées au rebord du meuble. Au début, je pensais à une mauvaise blague de ma sœur, mais apparemment non.

 —Crois-moi, j'ai longuement hésité à venir...

—Pourquoi es-tu ici ? le coupai-je. Tu m'as répondu que tu cherchais des réponses. Alors, vas-y, je t'écoute.

Mon ton est froid, mais je ne veux pas lui montrer que sa présence me trouble plus au point.

 —Hélas, je crois qu'il est trop tard pour ça.

Qu'est-ce qu'il raconte ?

—J'ai vraiment tout fait foirer, continue-t-il la voix tremblante.

Je reporte mon attention sur l'objet de mes désirs, mais, en cet instant, je me sens acculé par mes émotions, me laissant me perdre dans sa contemplation. Trois ans et il est encore plus beau que dans mes souvenirs. De toute façon, qu'importe que cela fasse un ou même vingt ans, je le reconnaîtrai à coup sûr. Sa prestance, la manière dont il me dévisage, tout en lui me bouleverse.

Ne lui montre pas ta faiblesse...

—Que veux-tu que je te dise, Diego ? Tu es rentré dans ma vie et tu en es ressorti ; point barre. C'est de l'histoire ancienne, chacun à avancer depuis.

—Je constate ça, répond-il d'un air blasé.

Ses yeux se mettent à briller, comme si la tristesse le ravagé et rien que ce constat me donne une soudaine envie de chialer. S'il savait à quel point je me fais violence de ne pas me jeter dans ses bras afin de pouvoir de nouveau me perdre dans la chaleur de son corps, de faufiler mes doigts dans ses cheveux d'ébène qui ont légèrement poussé depuis le temps et qui le rendent encore plus majestueux.

Et il y a eu Lui (MxM)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant